La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
La revue de presse livres vous dit tout ce qu’il faut savoir — et emporter — avant l’été !
En février, Rahmatou Sangotte a accepté d'être notre lectrice du mois, à vous de la découvrir...
Dans la salle d’embarquement d’un aéroport, Jérôme Angust poireaute impatiemment en attendant son vol, retardé de plusieurs heures. Sa contrariété augmente encore lorsqu’il est abordé par un inconnu, qui se présente sous le nom de Textor Texel.
Jérôme se voit contraint de subir la conversation de celui-ci, ou plutôt son quasi-monologue logorrhéique et totalement importun, qui achève de l’exaspérer. Qui l’achèvera tout court, d’ailleurs.
Dans ce roman en huis clos, Amélie Nothomb démontre à nouveau sa maîtrise de l’art du dialogue et de celui d’affubler ses personnages de noms et/ou prénoms excentriques. Et comme souvent, rien de ce qu’elle écrit n’est gratuit ni ne se limite à un exercice de style, mais provoque au contraire la réflexion, en l’occurrence sur les thèmes de la culpabilité, de l’amour perverti et de la part de noirceur plus ou moins avouable en chacun de nous.
Un texte piquant, d’une grande justesse rythmique et qui distille ce qu’il faut de malaise et de cruauté pour le rendre diaboliquement efficace.
#LisezVousLeBelge
Une rentrée littéraire ne serait pas une vraie rentrée sans le roman d’Amélie Nothomb.
Toutes les années, à cette période, je lis son dernier roman, par fidélité plus que par habitude, comme une ancre qui me retient à mes lectures d’il y a des décennies en arrière, comme un refuge, comme un rendez-vous qui marque le temps.
Amélie Nothomb est revenue à l’auto-fiction, ce genre qui lui va si bien. L’impossible retour est l’histoire d’un voyage qu’elle fait au Japon sur la demande d’une amie, pour l’accompagner et lui servir de guide.
C’est surtout l’occasion de nous parler d’elle, de sa difficulté à vivre, à trouver sa place dans un pays ou dans un autre. Elle nous raconte son Japon, si différent de celui qu’elle a laissé enfant, son Japon qu’elle retrouve avec toute la maturité d’une femme de presque 60 ans. Bien plus qu’un récit de voyage, ce sont des confidences sur elle, sur son père, sur son rapport aux autres, aux aliments.
C’est lent, calme, zen diront certains et ça fait du bien de retrouver cette écriture et ce vocabulaire si particulier, ce style qui résonne comme le son de sa voix. Un texte qui mêle agréablement passé et présent.
Et non, Amélie ne boit pas que du champagne : elle boit aussi de la bière et du whisky !
Cette année pour son 33ème roman, Amélie nous propose un impossible retour au pays du Soleil Levant, le pays de son enfance, celui où elle aurait tant aimé vivre, y rester. Elle avait choisi d'y vivre à l'âge de 21 ans, ce fut un fiasco dont elle parle dans "Stupeur et tremblements" , un échec identitaire qui l'a peut-être malré elle, créée, façonnée en écrivain , sans lequel, elle n'aurait peut-être jamais publié.
Pep Benoni, son amie photographe gagne un aller-retour en avion pour la destination de son choix. Elle choisit le Japon et demande à Amélie de l'accompagner comme guide en lui précisant que ce ne sera pas un voyage nostalgique.
Amélie est terrorisée à l'idée de cette mission et de ce retour au Japon, depuis de son plus jeune âge elle éprouve la difficulté des départs. Il faut dire que les départs, elle en a connu un grand nombre vu les fonctions de son père. Le Japon, elle l'a quitté à l'âge de 5 ans, c'était son pays, son identité lié aussi à l'expérience réussie de son père. Un retour au printemps 2012 pour un reportage mais jamais une initiative personnelle d'y retourner. Elle accompagne donc son amie du 20 au 31 mai 2023 et nous raconte cette expérience.
Un texte léger et profond, nostalgique, drôle avec des scènes burlesques et des quiproquos.
Elle nous parle de ce Japon qu'elle aime profondément, de sa culture, de ses traditions, de l'évolution du pays. Un pays où le respect est essentiel alors que son amie n'en a parfois que faire. Il y a de belles anecdotes qui nous font rire ( la perte du billet de train, les toilettes....) mais qui scandalisaient et choquaient profondément Amélie.
Amélie renoue avec la langue, la culture, nous fait visiter des villes comme Tokyo, Nara, Kyoto, le bonheur de retrouver des endroits que j'ai eu la chance de visiter.
Mais outre le pays et ses traditions, elle se livre, nous fait des confidences, on partage avec elle ses émotions, traumas des départs, honte dans les attitudes de son amie mais on ressent profondément l'absence du père, particulièrement dans ce pays qui l'identifie, synonyme de réussite pour lui.
Le temps de ce voyage, Amélie relit "A rebours" de Huysmans cherchant la sérénité, l'illumination. On comprend aussi l'importance de l'écriture et de la lecture.
Ce beau voyage est bien plus profond qu'il n'en a l'air, il m'a ému. Je vous le recommande vivement.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Tout se passe comme si le japonais était une marée ; à mesure que je m'éloigne, descend la mer des mots. Il suffit que je revienne et la marée remonte, mon bateau est en eau.
Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis.
Le vide au Japon n'est pas ce qu'il est chez nous. Ici le vide, c'est la merveille, c'est ce que l'on recherche. Le vide, c'est l'occasion de vivre enfin.
Ce qui est important, lorsque l'on contemple (...), c'est de retrouver l'harmonie qui est en soi.
Bien plus que lire, relire est un acte d'amour.
Celui qui vit une illumination n'éprouve aucun besoin que cela se sache et ne désire pas exister.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/09/limpossible-retour-amelie-nothomb.html
Genre : Littérature générale
Avis : INFERNAL
Livre audio
Quand un roman met face à face beauté et laideur extrêmes…
Je lis régulièrement Amélie Nothomb car j’y trouve l’essence même de mon amour pour la littérature : la différence. Ici, avec la voix de Violaine Fumeau, la dramaturgie a résonné dans ma tête.
Épiphane Otos est un monstre, un vrai, physiquement. Ethel est une jeune comédienne, d’une beauté incroyable. Entre eux la rencontre est due au hasard mais ensuite la dévotion d’Épiphane envers sa belle est totale. Il est laid mais il est très intelligent et il va transformer l’épouvante qu’il lit sur les visages en un atout qui en fera une monstruosité internationale. Mais Ethel pourra-t-elle l’aimer alors qu’elle lui a donné toute son amitié ? Comment le lui faire comprendre ?
Ici, la norme prend toute sa place, autant celle du laid que celle du beau. Que faire quand on n’est pas dans la normalité ? Un atout ou un handicap ? Amélie Nothomb disserte sur ce sujet tout en nous faisant vivre une aventure peu ordinaire qui nous embarque dans les coulisses des concours de beauté. Et si les descriptions physiques n’étaient pas aussi présentes, nous pourrions croire être dans une romance ordinaire dans laquelle l’amie ne peut pas penser que l’amitié de l’autre pourrait cacher autre chose.
Différent, ai-je dit ! Eh bien, les quelques pages sur un taureau indécent sont choquantes, terriblement et je me dis : c’est cela le style, ne pas avoir peur d’effrayer son lecteur.
Le livre est court mais la puissance de l’écriture est entière. Je comprends que l’on puisse ne pas vouloir lire Nothomb, il faut se laisser aller, absorber un vocabulaire qui n’est pas toujours des plus simples, décoder ce que d’autres auraient fait plus classique, se laisser emporter dans une sorte de folie des mots, des sens, des émotions. En tout cas, ne pas bouder son plaisir.
L’histoire est pourtant simple ici, il aime et il est impossible de l’aimer ; il est bien trop laid. Oui mais il est intelligent, bienveillant, connu du monde entier. Alors, aurions-nous tort de penser que la beauté intérieure est plus importante que la beauté physique qui n’est que subjectivité…
Ce roman a séduit bien des lecteurs depuis les années 2000 mais il vient d’être proposé en livre audio par les Editons Théleme, et je ne l’avais pas encore lu. Je remercie #NetGalleyFrance pour #Attentat.
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