Des nouveaux talents de la bande dessinée à découvrir et à suivre absolument
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Des nouveaux talents de la bande dessinée à découvrir et à suivre absolument
C'est à vous de désigner pour votre BD préférée !
« Zaza bizar » est un bel album aux dessins soignés et féeriques.
J'ai beaucoup aimé la façon dont est racontée l'histoire d’Élisa, comment elle parvient grâce à l'aide de certaines personnes à vaincre ses troubles du langage.
Se sentant incomprise et délaissée par son entourage (élèves, profs...) elle note ses émotions dans son journal intime. Elle se crée alors un monde imaginaire où des animaux, insectes deviennent des compagnons fidèles capable de l'écouter, de la comprendre. Elle se confie à eux au quotidien.
Un roman graphique de qualité sur la difficulté de communiquer et la différence.
Je vous le recommande.
Du haut de ses huit ans, Élisa n’est pas une enfant comme les autres. Lorsqu’elle parle aux « Grands », ceux-ci la regardent avec un air étrange. Ils ne la comprennent pas et elle, de son côté, ne comprend pas pourquoi les lettres qui sortent de sa bouche se mélangent systématiquement. La réaction de ses camarades de classe n’est pas plus encourageante : ils la surnomment « Zazabizar » et rient lorsqu’elle parle. À force, Élisa a fini par accepter d’être « Zazabizar », un surnom qui sonne comme une formule magique, et a décidé de confier ses difficultés dans un journal intime qui devient pour elle un véritable refuge.
Disons-le tout de suite, le roman graphique de Nadia Nakhlé est une véritable réussite, tant dans le fond que dans la forme. Les troubles du langage dont souffre Élisa sont particulièrement bien explicités : le choix d’une écriture cursive qui laisse la part belle aux ratures et aux fautes d’orthographe permet à tous les lecteurs de comprendre les difficultés de l’enfant. Élisa est en effet ce que l’on pourrait appeler une multi-dys (dysorthographique, dyslexique, dysphasique et dyscalculique) et elle a du mal à faire sa place auprès des autres enfants mais aussi à se faire comprendre des adultes. Elle est vue comme une élève déconcentrée et démotivée par son maître et ses parents se disputent à son sujet, à tel point qu’elle décide un jour de ne plus parler. Cette situation qui pourrait paraître quelque peu caricaturale est en réalité l’occasion d’introduire dans l’histoire un nouveau personnage, celui de l’orthophoniste qui va lui permettre de sortir de sa solitude. Tout est bien qui finit bien, on pourrait même trouver l’ensemble un peu facile. Mais ce serait passer à côté de ce qui fait la force de ce roman graphique : l’importance donnée à l’intériorité d’Élisa, une intériorité d’une richesse incroyable, mise en avant par des dessins poétiques et oniriques dans les tons bleus qui valorisent l’imagination sans pour autant écraser totalement la réalité. D’un point de vue esthétique, nul doute que l’œuvre de Nadia Nakhlé saura séduire aussi bien les enfants que les adultes. Concernant le contenu, il me semble intéressant de le faire lire aux enfants dès huit ans puisque c’est l’âge d’Élisa : ils sauront comprendre sa bataille contre les mots prisonniers et reconnaîtront, peut-être, des situations sur lesquelles ils auront envie de communiquer.
Après le magnifique « Les Oiseaux ne se retournent pas » finaliste du prix « lecteurs.com » 2021, Nadia Nakhle poursuit son exploration de l’enfance et de ses traumas dans l’album « Zaza Bizar » paru également chez Delcourt. Si le premier ouvrage s’attachait à l’odyssée d’une jeune migrante, ici il est question d’handicap invisible et de harcèlement et c’est tout aussi émouvant.
Elisa est une petite fille de huit ans qui commence son journal « confident ciel » le jour de son anniversaire. Elle décide de prendre comme nom de plume le sobriquet dont l’ont affublée ses camarades de classe : « Zaza Bizar » (d’où le titre) car elle est atteinte, de dysorthographie, dyscalculie, dyslexie et même de de dysphasie et ne s’exprime pas comme eux. Elle est ostracisée dans la cour de récréation et stigmatisée par ses professeurs qui la trouve désinvolte et perturbatrice. Elle va raconter naïvement à ce journal ses joies, ses peines, son quotidien sur deux années : son calvaire à l’école, son rôle de bouc émissaire, son choix de se taire définitivement et la valse des « pessialites » qui s’ensuit…
Cette narration est très attachante et provoque l’empathie tout en étant extrêmement poétique. En effet, les textes du journal sont présentés dans une écriture cursive hésitante dotée de ratures et de fautes d’orthographes qui miment les difficultés de la petite dys mais permettent également de subtils jeux de mots. Et puis surtout, pour éviter la triste réalité de l’école, elle s’évade dans un monde fantaisiste en compagnie de son amie araignée imaginaire et règle ses comptes en imaginant ses tortionnaires sur « sa palète » aux prises avec sa troupe de sujets pirates.
On plonge alors dans l’onirisme et le graphisme est à l’avenant. La couleur préférée d’Elisa c’est la couleur de la nuit et c’est dans des teintes de bleu sombres que se déploient ses rêves, son univers et parfois son désarroi et sa tristesse. Les dessins s’apparentent à des illustrations de contes : les docteurs ressemblent ainsi à des sorciers, la forêt (représentant la solitude) parait oppressante parfois on a du réalisme, parfois un croquis enfantin, souvent des enluminures. On y retrouve aussi des réminiscences de l’univers de Tim Burton. Au fil des pages on est surpris et sous le charme…
Ce livre - inspiré par l’histoire réelle de la jeune sœur de l’autrice- se termine sur un happy end digne d’un conte de fées … mais cette fin que d’aucuns ont trouvé expéditive et artificielle constitue un véritable hommage à tous ces aidants qui permettent l’évolution et l’épanouissement de toutes les Elisa. Un véritable petit bijou à lire par tous finaliste, lui aussi, du prix « lecteurs .com » . On espère qu’il sera gagnant !
Pour moi c est pour celle ci que je vote le graphisme est au top le vocabulaire et l histoire est très pertinente et contemporaine je croise les doigts
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