Bérengère Cournut, Prix du roman Fnac 2019 pour "De pierre et d'os", vous propose ses plus belles lectures du moment
Bérengère Cournut, Prix du roman Fnac 2019 pour "De pierre et d'os", vous propose ses plus belles lectures du moment
Gros coup de cœur!
Ayant apprécié De pierre et d’os de Bérengère Cournut lors de sa sortie, je n’ai pas hésité à me lancer dans la lecture de Zizi Cabane lorsque l’occasion s’est présentée.
Ces deux romans qui, dans un premier temps paraissent très éloignés l’un de l’autre ont pourtant des points communs.
Une jeune fille, Uqsuralik, dans De pierre et d’os, voit s’ouvrir une faille sur la banquise entre elle et l’igloo où se trouve sa famille et n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer.
Loin de ce voyage arctique, ici, c’est Zizi Cabane dans ce roman éponyme qui, à la disparition de sa mère Odile, va devoir s’inventer un chemin de vie.
Là encore la nature personnifiée aura un rôle majeur et la principale composante, l’eau, se révélera tour à tour menaçante ou rassurante.
En entremêlant poésie et conte, en rebaptisant ses personnages en fonction de leur personnalité ou de la vision qu’en ont les autres, en donnant la parole aux éléments naturels, en faisant ruisseler des vers écrits par Odile la mère disparue, devenue O ou source d’eau…, en alternant les voix pour nous faire entendre les différents points de vue, Bérengère Cournut nous livre un conte, un récit féerique dans lequel il faut se laisser emporter pour l’apprécier à sa juste valeur.
L’auteure parvient à dire la douleur et les chagrins que doit affronter cette famille, le père et ses trois enfants, en réinventant le monde de manière éblouissante et en gardant le sourire.
J’ai, dès les premières pages, été émerveillée par cette faculté qu’avaient eu ces parents pour renommer leurs enfants, leurs deux garçons et leur fille. Ainsi l’aîné, par exemple, ils l’ont appelé Martin. Mais un matin, en regardant l’enfant dont ils ne se cachaient pas d’être amoureux, ont-ils décidé de le rebaptiser Béguin. Pour Zizi Cabane, la dernière, ce prénom lui a été donné dès sa naissance, suite à une réflexion de son frère, étonné par une différence...
J’ai surtout été éblouie par cette capacité du deuxième garçon appelé Chiffon, prénom particulièrement en adéquation avec son amour des chiffons et sa virtuosité à en faire des cartes fantastiques, de véritables trésors d’imagination et qui emmènera sa jeune sœur dans des explorations imaginaires mais salvatrices et constructives.
Zizi Cabane est à la fois un roman initiatique et un roman sur la reconstruction écrit sur un mode tout autant original qu’efficace.
Il faut cependant accepter de sortir du rationnel pour pouvoir apprécier pleinement toute la poésie imaginative de Bérengère Cournut et se laisser emporter par les flots de son écriture originale et créatrice.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/berengere-cournut-zizi-cabane.html
Une toute jeune fille inuite, Uqsuralik, est séparée de sa famille par une fracture de la banquise. Son père a réussi à lui jeter une peau d’ours et quelques outils rudimentaires. Elle se met alors à marcher. Elle survit jusqu’à ce qu’elle soit recueillie par une famille. La vie est dure, très dure et la famine n’est jamais bien loin dans la vie des Inuits. Leur survie dépend de leur pêche et de leur chasse, bonne ou mauvaise. Encore faut-il que leurs provisions ne soient pas détruites par un coup du sort.
Le roman est semé de chants qui servent aux Inuits à se réjouir, mais aussi à résoudre des problèmes, à dire l’indicible parfois.
Vous serez séduit par le rapport entre les Inuits et les animaux qu’ils remercient de s’être donnés pour être mangés, ainsi que par la poésie qui se dégage de l’ouvrage. Mais vous serez certainement surpris par les relations familiales.
Bonjour . Tiihukuku'a est la fille qui rit tout le temps . Elle est cette enfant qui observe la vie de son peuple les hopis :"préparer les repas, quérir de l'eau et du bois...chacun de nos gestes , les plus anodins , revêtait un tour sacré, une importance nouvelle" .Elle est celle qui s'imprègne des connaissances de son père:" à suivre la trace des animaux. Elle le sait , ils sont "sacrés".Son père l'emmène voir les hommes cuire le maïs ce que les autres femmes n'ont jamais vu .Dans sa vie où la douleur la poursuit "mon corps me faisait souffriret mon esprit ne me laissait plus en paix" . Tiihukuku'a sait qu'il faut aider sa mère mais après ces épisodes douloureux , sa mère l'envoie chez grand- mère corbeau , en reviendra-t-elle apaisée?
Sur sa route , elle ira à la rencontre du clan de l'ours auquel son père appartenait . Elle apprend à connaître certains membres de la tribu et elle aussi ; elle apprend que chaque soir , ses nuits sont envahis par"un homme qui, toutes les nuits , marche à l'ouest au fond d'un canyon" . Sera-t-il celui qui ouvrira ses yeux sur ce qu'elle veut pour son avenir , car chez les hopis , un fois femme , il faut trouver un mari , mais est- ce vraiment ce que veut Tiihukuku'a ? Ce qu'elle cherche au fond à travers ces jours qui défilent au choeur de sa tribu , n'est-ce pas d'aller au-delà de ce qu'elle connaît déjà: " elle se souvenait que son père lui racontait l'histoire de Maasav". Est-ce que ces visions qui l'accompagnent dans ses nuits la guideront plus loin que sa tribu?
J'ai beaucoup aimé les descriptions de la vie au sein de cette communauté: "vient la nuit du renouveau- Plus aucune forme de lumière ni feu ni lampe ...plongés dans le noir jusqu'à ce que les prêtres wuwuchim raniment le feu" et je me suis étonnée de toutes ces traditions , transportée dans un monde totalement inconnu :"c'était le début du mois de février , au moment où emmenant les cérémonies Powamuy pour la croissance des plantes et du peuple .Entre autres rites et prières , les hommes plantent des haricots dans les kivas et les font pousser à toute vitesse , afin d'encourager les récoltes à venir" . Et j'ai parcouru , étonnée , émerveillée ces vies si différentes des nôtres . Belles lectures . Prenez soin de vous
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