La Revue de Presse littéraire de mars 2016
Figure incontournable de la littérature française contemporaine, Pierre Assouline est connu pour avoir écrit la biographie de nombreux personnages emblématiques tels Hergé, Georges Simenon, Albert Londres, Gaston Gallimard, Le dernier des Camondo... Dans son...
La Revue de Presse littéraire de mars 2016
Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
Figure incontournable de la littérature française contemporaine, Pierre Assouline est connu pour avoir écrit la biographie de nombreux personnages emblématiques tels Hergé, Georges Simenon, Albert Londres, Gaston Gallimard, Le dernier des Camondo... Dans son dernier roman "Sigmaringen", nous retrouvons la dimension historique évoquée dans Lutétia, traitant également de la période de la seconde guerre mondiale. Sigmaringen, ville allemande où, en exil, Pétain et ses collaborateurs ont rêvé pendant huit mois de reconquérir la France.
François-Marie Samson est généalogiste.
Il a fait l'arbre de la famille de Chemillé du XVIème et est invité à une réception familiale chez eux.
Pour s'y rendre, il prend le métro.
Avec sa belle écriture, stylée et intelligente, Pierre Assouline nous dresse une galerie de portraits.
Portraits de gens ordinaires dans le métro.
Portraits de la bourgeoisie lors de la réception..
L'ambiance générale est assez particulière, de même que les personnages.
François-Marie, qui aime les gens un peu « à côté » s'attache particulièrement à Ines de Chemillé et à son filsSixte.
Après un début qui semble descriptif et un François-Marie plutôt passif et spectateur, la tension monte et la famille modèle n'est pas si claire que ça.
Majordome des Princes de Hohenzollern depuis des années, Julius Stein a sous ses ordres toute la domesticité du Château de Sigmaringen. A l’été 1944, le Reich réquisitionne le Château pour y loger le gouvernement de Vichy en exil, et Julius se voir désormais au service de Pétain, de Laval, de Déat et tout le ban et l’arrière ban des collaborateurs zélés de l’Allemagne nazie. Fidèle à ses fonctions il est bien décidé à servir ses nouveaux occupants comme il se doit. Mais un majordome voit tout, sait tout et entend tout et son regard sur toute la clique venue occuper les locaux est sans concession. Pour raconter l’ambiance de Sigmaringen, Pierre Assouline utilise le regard d’un majordome allemand, ni nazi ni antinazi, juste un allemand qui n’a jamais été dupe de l’idéologie et qui est sans illusion sur le devenir de son pays. Par son truchement, il raconte le Maréchal exilé dans ses appartements, ne voulant voir personne, que tout le monde considère déjà comme obsolète. Il raconte les deux camps qui se forment, les « passifs » qui préparent déjà leur défense et les « actifs » qui s’accrochent désespérément à l’espoir de voir l’Allemagne les réinstaller au pouvoir, qui fantasment sur les armes secrètes d’Hitler, qui s’excitent sur les victoires allemandes de la bataille des Ardennes. Et puis il raconte aussi les petites gens qui ont suivis tout ce « beau » monde, les serviteurs français, les civils aussi, refugiés eux dans la petite ville et qui sont plus désemparés que conscient de leur actes. Pierre Assouline parvient à nous faire humer ce parfum de fin de règne avec une vraie hauteur de vue mais aussi une vraie tendresse. Ce personnage de Julius Stein, amoureux de la musique classique et de Jeanne Wolfermann, l’intendante du Maréchal, a un regard assez pointu sur ce qu’il observe et quelques réparties parfois savoureuses. Le passage le plus touchant est celui où il explique combien le nazisme à abimé la musique classique, en la dénaturant, en boycottant ses plus grands compositeurs, en aseptisant, en censurant, et pire que tout, en se l’appropriant. J’ai cru que j’aurais un peu de mal avec ce livre au départ car il faut s’habituer au style, aux chapitres interminables, aux personnages antipathiques. Mais « Sigmaringen » mérite l’effort car au bout de quelques pages on y est, et même si on connait la fin, on regarde ce triste spectacle de marionnette avec une vraie curiosité historique et presque… exotique ! Tous ces collaborateurs zélés, ces miliciens, ces fascistes bon teint n’auront pas tous le destin qu’ils méritent mais les voir manger des topinambours dans de la vaisselle de porcelaine, les voir voler des fourchettes en argent, les voir se tirer dans les pattes pour se voler des ministères qui n’existent que dans leur esprit malade, c’est presque fascinant, d’un point de vue anthropologique ! « Sigmaringen », c’est aussi un voyage étrange en Absurdie.
Pierre Assouline est très talentueux pour les biographies imaginaires où se mêlent des destins romancés et la Grande Histoire. Il a un véritable don pour dépeindre l‘Histoire avec la voix de personnages imaginaires. Mais a priori comme d’habitude il a fait d longues recherches (voir les notes en fin d’ouvrage) et ses descriptions laissent échapper des détails précis donnant encore plus de consistance au récit.
Nous sommes plongés dans l’histoire du Lutetia de l’avant-guerre, de l’occupation et de l’après-guerre avec en point final le séjour des déportés. Le narrateur, Edouard Kiefer, ancien inspecteur, en charge de la sécurité de l’hôtel, d’origine alsacienne est tiraillé pour des raisons personnelles entre l’Allemagne, historique et culturelle, et la France. C’est un portait subtil de cette France, de Paris surtout et plus précisément du peuple qui vit au Lutetia -clients, commis, voyageurs et occupants de passages- qui est dressé.
Le personnage principal de l’histoire voit son destin et sa vie indéfectiblement lié à l’hôtel, autre élément central du roman.
Toutes les faiblesses ordinaires et héroïsme de cette période apparaissent par touches sensibles. C’est un pan douloureux de l’histoire française qui est décrite, et on ne peut s’empêcher de chercher d’attendre de lire des nom de personnalités historiques mais aussi de noms familiers lorsque les déportés arrivent à l’hôtel. Cette dernière partie est aussi une description fine des sentiments mêlés des survivants, de ceux qui les attendent et des premières personnes à recueillir des témoignages de faits et situations inimaginables.
Je l'ai littéralement dévoré. il est très bien écrit et l'idée de faire parler ce tableau qui voit défiler les époques est très ingénieux.
Nous suivons près de 2 siècles d'histoire travers les yeux de Betty de Rothschild qui fera même un passage dans l'Allemagne nazie. Nous sommes à mi-chemin entre le roman historique et la fiction avec le destin des Rothschild, un mélange entre la vie intime et l'Histoire.
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