Elsa Feuillet, la quarantaine, séparée, un fils de 7 ans, vit à Lyon; elle est l'auteure de quelques livres qui ont eu un petit succès mais elle est en panne d'inspiration depuis la sortie de son dernier roman dans lequel elle a mis en exergue une citation extraite d'un roman de Béatrice Blandy,...
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Elsa Feuillet, la quarantaine, séparée, un fils de 7 ans, vit à Lyon; elle est l'auteure de quelques livres qui ont eu un petit succès mais elle est en panne d'inspiration depuis la sortie de son dernier roman dans lequel elle a mis en exergue une citation extraite d'un roman de Béatrice Blandy, brillante écrivaine de renom, qui venait de décéder et qu'elle admirait à la fois sur le plan littéraire et comme femme. Le veuf, Thomas Blandy, qui a remarqué cette citation l'invite à Paris chez lui et sa défunte épouse. De fil en aiguille, Elsa prend la place de Béatrice dans la vie de Thomas et trouve succès et polémique après avoir travaillé, transformé, complété des notes que Béatrice avaient gardées pour un prochain roman. Mais qui se sert de qui, qui instrumentalise qui?
Je découvre Carole Fives avec ce roman dont le processus d'écriture, la littérature sont presque un personnage à part entière. C'est à travers elle qu'Elsa s'identifie à la morte omniprésente, c'est grâce à elle qu'elle prend de l'assurance, se révèle au fur et à mesure que le texte se fait chair.
L'auteure pose un certain nombres de questions sous-jacente : une œuvre peut-elle survivre à la disparition de son auteur? L'écriture comble-t-elle les manques de l'enfance? Faut-il souffrir pour écrire? Faut-il laisser l'inspiration venir à soi ou la débusquer par tous les moyens? Quoi écrire quand on a épuisé les thèmes liés à sa vie personnelle?
L'auteure, en outre, décortique bien le processus qui va de l'admiration à l'identification malsaine voire à l'obsession.
Les références culturelles sont nombreuses dans ce court opus, la peinture (Picasso, Matisse, Cy Twombly) mais surtout la littérature avec "Rebecca" de Daphné du Maurier et le cinéma avec "Vertigo" de Hitchcock qui laissent deviner que les apparences pourraient être trompeuses.
Bien sûr tous ces thèmes ont souvent déjà été traités en littérature et au cinéma, mais Carole Fives les enrobe d'une atmosphère de manipulation, installe une tension malsaine et crée la surprise à la fin du roman
C'est vrai que ce roman est diversement apprécié que ce soit sur lecteurs.com ou Babelio. En espérant que vous le trouviez en médiathèque ou ailleurs, je vous en souhaite, par avance, une bonne lecture