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Les chants d'amour de Wood Place

Couverture du livre « Les chants d'amour de Wood Place » de Honoree Fanonne Jeffers aux éditions Les Escales
Résumé:

SÉLECTION GRAND PRIX DE LITTÉRATURE AMÉRICAINE Lauréat du National Book Critics Circle Award de fiction.
Un des dix meilleurs livres de l'année pour le New York Times.
Sur la liste du National Book Award.

Le roman qui a bouleversé l'Amérique enfin traduit.
Une fresque historique... Voir plus

SÉLECTION GRAND PRIX DE LITTÉRATURE AMÉRICAINE Lauréat du National Book Critics Circle Award de fiction.
Un des dix meilleurs livres de l'année pour le New York Times.
Sur la liste du National Book Award.

Le roman qui a bouleversé l'Amérique enfin traduit.
Une fresque historique magistrale. L'histoire puissante d'une famille africaine-américaine, de l'esclavage à aujourd'hui.
Depuis l'enfance, Ailey passe ses étés dans la petite ville de Chicasetta, en Géorgie, là où la famille de sa mère vit depuis l'arrivée de leurs ancêtres esclaves. Ailey s'est toujours battue pour son identité, combat compliqué par des traumatismes transgénérationnels, ainsi que par des chuchotements de femmes - ceux de sa mère, Belle, de sa soeur, Lydia, et d'une longue lignée matriarcale - qui poussent Ailey à accomplir ce qui leur a été refusé.



Pour se réconcilier avec qui elle est, Ailey embarque pour un voyage dans le passé de sa famille, dévoilant les récits poignants de générations d'ancêtres - autochtones, Africains, Européens - dans le Grand Sud. Ce faisant, Ailey doit apprendre à accepter son héritage, une histoire d'oppression et de résistance, de servitude et d'indépendance, de cruauté et de résilience qui cristallise l'identité même des États-Unis.


SÉLECTION GRAND PRIX DE LITTÉRATURE AMÉRICAINE Lauréat du National Book Critics Circle Award de fiction.
Sur la liste du National Book Award.
Spalding Prize for the Promotion of Peace and Justice 2023.

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Articles (2)

Avis (8)

  • « Nous sommes le sol, le territoire. La langue qui se délie et trébuche sur les noms des morts en osant raconter les histoires de la lignée d'une femme. Son peuple et ses souillures, ses arbres, son eau. Nous connaissions cette femme avant qu'elle ne devienne femme. Nous la connaissions avant sa...
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    « Nous sommes le sol, le territoire. La langue qui se délie et trébuche sur les noms des morts en osant raconter les histoires de la lignée d'une femme. Son peuple et ses souillures, ses arbres, son eau. Nous connaissions cette femme avant qu'elle ne devienne femme. Nous la connaissions avant sa naissance : nous avons chanté pour elle lorsqu'elle était encore dans le ventre de sa mère. Nous avons chanté alors et nous chantons encore. »

    Ce sont les magnifiques premières phrases de cet ambitieux roman. Cette « femme » dont il est question, c'est Ailey dont on suivra la quête intime – dilemme : trouver comment se créer une vie belle et accomplie quand on est une femme, noire, qu'on vit en Georgie dans un ancien Etat sudiste, ancrée dans une terre familiale qui est une ancienne plantation, champ de mines de tragédies passées mais où il est possible de dénicher des trésors.

    Ce « nous », c'est le choeur antique de Georgie qui va chanter l'histoire des ancêtres d'Ailey, remontant au XVIIIème siècle. L'ascendance est au coeur du roman d'Honorée Fanonne Jeffers. Elle ouvre son roman sur les arbres généalogiques de cette lignée, puis transforme son récit en oscillation entre le passé et le présent, les chants des ancêtres entrecoupant le parcours d'Ailey et des femmes qui l'entourent, sa mère, ses deux soeurs, ses grands-mères notamment.

    Le roman est intimidant avec ses 900 pages. S'il y a bien des surplus de détails ou répétitions qui auraient pu être évités, la lecture emporte le lecteur par son énergie et son engagement. le récit offre une vision panoramique de l'histoire américaine à travers le prisme des minorités : arrivée forcée des premiers Africains, violences subies en parallèle par les Amérindiens, esclavage dans les plantations, ségrégation raciale, mouvements des droits civiques et changements culturels qui en découlent. le tout sous le patronage de l'historien sociologue W.E.B du Bois ( 1868-1963 ), dont les très pertinentes citations en tête de chapitre jouent leurs lignes de basses.

    L'autrice inspecte les chaînes explicatives d'événements à différentes échelles ( nationale, sudiste, communautaire, individuelle ) à partir de la famille d'Ailey, issue d'une ascendance mêlée composée de Noirs libres, de Noirs asservis, d'Indiens Creeks et de planteurs blancs. Les thématiques sont nombreuses : les abus sexuels sur des femmes et enfants, la lutte des classes, le colorisme, la cupidité.

    Et j'ai particulièrement apprécié leur traitement intersectionnel au plus près des nouveaux concepts sociologiques et psychologiques. Par exemple, il est question de la « misogynoire » ( double discrimination à la fois sexiste et raciste vécue uniquement par les femmes noires ) ou le syndrome post-traumatique de honte héréditaire ( l'épigénétique a démontré la transmission de séquelles subies par les descendants d'esclaves ). Honorée Fanonne Jeffers le fait avec une sensibilité superbe qui laisse voir toute la vie intérieure de ces Afro-américains afin d'illustrer comment ils ont traversé et survécu à une histoire douloureuses.

    Ainsi nous voyons grandir Ailey - personnage peu sympathique pendant une grande partie du roman, de par son arrogance – et se développer en elle la double conscience d'être femme et noire lorsqu'elle se connecte à son arbre généalogique en se rendant en Georgie, sur les terres familiales de l'ancienne plantation. le personnage évolue énormément à mesure qu'Ailey découvre le passé familial et son cortège de secrets, mensonges, talents, trahisons, ambition, accomplissement dont elle est le creuset.

    Honorée Fanonne Jeffers a créé un monde en mouvement qui continue à vivre une fois le livre refermé. Une lecture ambitieuse, riche et profondément humaine.

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  • Avis mitigé sur ce long récit de 900 pages :l'auteure a choisi d'alterner les événements du passé esclavagiste de la Géorgie et le présent, il en résulte souvent des confusions, or de mon point de vue dans ce livre l'ordre chronologique pouvait être respecté tout en montrant le poids de la...
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    Avis mitigé sur ce long récit de 900 pages :l'auteure a choisi d'alterner les événements du passé esclavagiste de la Géorgie et le présent, il en résulte souvent des confusions, or de mon point de vue dans ce livre l'ordre chronologique pouvait être respecté tout en montrant le poids de la transmission de génération en génération et un certain déterminisme.
    D'autre part, des personnages accumulent les malheurs dont Lydia, Samuel est un monstre+++, le résultat est qu'ils apparaissent plus comme des caricatures que comme des personnages crédibles capables de susciter empathie ou haine.
    Trop nuit…
    L'auteure déroule dans une fiction historique ce qu'est l'esclavage à travers l'histoire d'une famille afro-américaine du 18ème siècle à aujourd'hui,la fiction permet de rendre plus concrètes par les portraits et la généalogie des personnages la complexité des origines et la barbarie de l'esclavage.
    Comme l'écrit l'auteure,Les chants d'amour de Wood Place , est une oeuvre féministe noire également.Elle développe de façon récurrente le combat des femmes meme esclaves contre les hommes ou pour elles-mêmes.
    La narratrice est Ailey , elle a deux soeurs Lydia et Coco.Lydia est l'élément fragile plombée par son passé quand ses deux soeurs sont des battantes.
    Et l'histoire?
    Nous faisons la connaissance d'Ailey et de sa famille qui vivent dans la petite ville de Chicasetta , berceau de la famille de sa mère Belle depuis l'arrivée de leurs ancêtres africains devenus esclaves. Ailey est en 3 Eme cycle d'histoire quand elle se lance dans des recherches sur la famille Pinchard. Elle étudie les journaux intimes de Samuel Pinchard , des photographies également et découvre ainsi qu'Eliza Two Pinchard échappe à l'incendie de 1859 et deviendra son aïeule maternelle directe.

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  • Dans cette longue fresque qui court sur 400 ans de l’histoire américaine, Honorée Fanonne Jeffers retrace le parcours d’une famille dont les sangs mêlés font toute la richesse, pour le meilleur mais aussi le pire.

    Avec le commerce d’êtres humains qui fit la fortune de fermiers devenus...
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    Dans cette longue fresque qui court sur 400 ans de l’histoire américaine, Honorée Fanonne Jeffers retrace le parcours d’une famille dont les sangs mêlés font toute la richesse, pour le meilleur mais aussi le pire.

    Avec le commerce d’êtres humains qui fit la fortune de fermiers devenus propriétaires en expulsant les indiens, on perçoit clairement les bases viciées de la naissance de la nation. Les multiples tentatives, politiques ou guerrières de redresser la barre, de l’abolition de l’esclavage (qui donnera les lois Jim Crow), à la discrimination positive, (qui laissera un doute perpétuel même pour les étudiants les plus doués), en passant par les innombrables crimes justifiés de foi ou de légitimité, il est difficile de se sortir de ce cercle diabolique.

    Le récit alterne les périodes : de nos jours, on recueille les confidences d’Ailey, enfant curieuse puis étudiante brillante qui, malgré les injonctions familiales de poursuivre la lignée familiale en devenant médecin, préfère se passionner pour l’histoire de son pays, liée à celle de sa famille. L’étude de sa généalogie lui réservera de sacrées surprises.
    Les chants d’amour qui s’interposent entre les chapitres contemporains, nous replongent au coeur des siècles qui ont vu la conquête de ces territoires convoités . Quel sera le chaînon manquant de cette histoire ?

    Le roman est passionnant, chaque facette du récit offre d’excellentes raisons de s’émouvoir et de compatir avec le sort des opprimés. On admire aussi la combativité d’Ailey , et on frémit quand on découvre son histoire personnelle. Tout concourt dans cette fresque à captiver le lecteur. C’est malgré tout un peu long : on aurait éviter des redites en allégeant de deux cent pages, mais le récit vaut tout de même largement le temps passé.


    912 pages Les Escales 7 septembre 2023
    Traduction (Anglais) Emmanuelle Aronson
    #LeschantsdamourdeWoodPlace #NetGalleyFrance

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  • Je suis très souvent les publications des Escales, alors lorsque j'ai vu une fresque familiale de 900 pages sur une famille dans le Sud est des Etats-Unis, il m'a fallu peu de temps pour être convaincue. J'ai mis un peu de temps, il est vrai, à entrer dans le roman. Mais je me suis vite délectée...
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    Je suis très souvent les publications des Escales, alors lorsque j'ai vu une fresque familiale de 900 pages sur une famille dans le Sud est des Etats-Unis, il m'a fallu peu de temps pour être convaincue. J'ai mis un peu de temps, il est vrai, à entrer dans le roman. Mais je me suis vite délectée de l'histoire de ces femmes fortes. Les périodes traversées sont dures, violentes, mais aussi belles et pleines d'amour. L'autrice nous embarque dans un récit de l'arrivée des hommes blancs chez le peuple autochtone Creek à nos jours. J'ai aimé la construction des personnages : Ayley, personnage principal que l'on suit enfant puis à l'âge adulte, mais aussi tous les autres, bien construits, justes. J'ai aussi aimé l'écriture, la construction du récit, sensible, poétique et dans l'empathie, sans jugement, juste en mettant les travers de l'humain à nu. Le premier roman d'une poétesse, qui je l'espère, continuera d'écrire sur ces questions d'identité, de métissage, d'histoire.
    #LeschantsdamourdeWoodPlace #NetGalleyFrance

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  • Comment vous parler de ce roman dense de 900 pages qui m’a happé pendant 3 jours ?

    J’ai aimé Ailey, la narratrice, que l’on suit depuis son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. J’ai découvert petit à petit sa famille : sa mère, bien sûr ; son père au grand coeur ; sa soeur aînée Lydia et la...
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    Comment vous parler de ce roman dense de 900 pages qui m’a happé pendant 3 jours ?

    J’ai aimé Ailey, la narratrice, que l’on suit depuis son plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. J’ai découvert petit à petit sa famille : sa mère, bien sûr ; son père au grand coeur ; sa soeur aînée Lydia et la seconde Coco.

    Je l’ai vu grandir dans une famille aimante mais dans laquelle la couleur de la peau est un problème : certaines de ses aïeules, blanches de peau, ne vivent pas dans le même quartier.

    J’ai détesté Gandee, l’un des grands-pères, qui fait du mal à ses petites filles, ce qui détruit Lydia l’aînée.

    J’ai eu de la peine pour Lydia qui peine avec ses études mais, grâce à sa mémoire photographique, est capable de coudre une robe magnifique rien qu’en regardant l’envers d’un modèle.

    J’ai adoré les leitmotivs : le café qui couperait la croissance des enfants ; la femme aux cheveux longs qui apparait dans les rêves ; le petit bonhomme Joe grâce à qui tout commence et qui revient au fil des années guider certains personnages ; les pêches toujours présentes dans cet état ; le père qui incline ses mains paumes vers le sol pour apaiser la discussion ; les bruits de pet avec la bouche quand le personnage désapprouve.

    J’ai découvert l’érudit W.E.B. du Bois dont des passages d’ouvrage sont cités en début de parties.

    J’ai aimé les « chants », ces passages sur les ancêtres d’Ailey qui m’ont éclairé sur les métissages avec les indiens, avant les lois raciales.

    J’ai découvert que les enfants esclaves ne travaillaient pas avant que leurs dents de devant ne tombent.

    J’ai aimé la bande son du roman, même si je ne connaissais pas forcément tous les artistes cités. Mais je connais celle qui passait le plus souvent : Aretha.

    J’ai été révolté par les jeunes Amies de Samuel, le maître de la plantation, le fait que tout le monde savait mais ne pouvait rien faire.

    J’ai adoré le pacanier, le même au fil des ans, comme un repère dans la propriété, un arbre rassurant pour différents personnages au fil des générations.

    J’ai découvert le scuppernong, un cépage du sud des Etats-Unis issu du musact.

    J’ai aimé la maison de la lune dans laquelle se retrouve les femmes quand elles ont leur saignement. Ces saignements ayant un pouvoir que craignent les hommes.

    J’ai été sidéré de certains comportements masculins dans le roman, certains franchement violents.

    J’ai été parfois un peu perdu au milieu de ces personnages qui ont tous un lien de parenté. Heureusement, il y a un arbre généalogique en début de roman, mais cela ne m’a pas gêné, je me suis laissée porter par les femmes du récit.

    J’ai aimé ce roman féministe noir (comme le dit l’autrice en fin d’ouvrage) qui met en scène des personnages plus vrais que nature auquel je me suis attachés (j’ai même versé quelques larmes quand certains mourait). J’ai aimé cette fresque historique qui retrace la destinée d’une famille noire américaine de l’esclave à nos jours.

    Quelques citations :

    … c’était toujours de la faute de la femme. Personne ne blâmait véritablement l’homme ; il était du sexe faible, celui qui ne pouvait contrôler ses envies. (p.378)

    Mais une fois qu’une femme avait donné un enfant à un homme, celui-ci avait le droit d’aller et veni dans l’existence de cette femme comme bon lui semblait. (p.523)

    L’image que je retiendrai :

    Il est beaucoup question de nourriture dans ce roman : le nombre de poulets frits se compte en kilos, sans parler des côtelettes et des pains de maïs. La palme revient à la tarte à la patate douce dont j’ai fini par perdre le compte entre celles que les personnages font ou s’échangent ou achètent ou mangent.

    https://alexmotamots.fr/les-chants-damour-de-wood-place-honoree-fanonne-jeffers/

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  • Ailey passe tous ses étés dans la maison familiale à Chicasetta en Géorgie. C'est sur ces terres qui avaient appartenues aux Creeks, que ces ancêtres venus d'Afrique en tant qu'esclaves ont toujours vécus. C'est en partie grâce aux différentes femmes de sa famille qu'elle va apprendre son...
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    Ailey passe tous ses étés dans la maison familiale à Chicasetta en Géorgie. C'est sur ces terres qui avaient appartenues aux Creeks, que ces ancêtres venus d'Afrique en tant qu'esclaves ont toujours vécus. C'est en partie grâce aux différentes femmes de sa famille qu'elle va apprendre son histoire mais aussi celle des femmes noires.

    Ce roman historique et féministe s'articule autour de l'histoire de la famille de Ailey, famille afro-américaine du XVIIIeme siècle à nos jours en Géorgie.

    Ailey, en 3eme cycle d'histoire, et petite dernière d'une fratrie de trois filles, va s'atteler à comprendre l'histoire de sa famille avec les différents morceaux qu'elle a pu entendre, saisir au contact des femmes qui ont bercé son enfance, son adolescence. Cette famille, qui a vu ses ancêtres faits prisonniers pour être vendus avant de servir d'esclaves sur un autre continent après une traversée périlleuse. Elle portera aussi un intérêt tout particulier à la place de la femme noire dans la société.

    L'auteur, outre l'histoire de cette famille sur plusieurs générations avec des bonds dans le temps, va aborder différents sujets sociétaux qui posent encore question aujourd'hui : pédophilie, inceste, violences faites aux femmes, esclavage, drogue, le rapport que les jeunes entretiennent avec leur corps, racisme, ...

    L'écriture de ce roman est magnifique, parfois dur mais toujours avec une touche de douceur, de bienveillance, qui sait mettre en avant la grandeur d'âme de certains face à la monstruosité d'autres. On ne peut pas refermer ce livre sans être interpelé sur le comportement de chacun d'entre nous vis à vis de l'autre, comportement différent quand il concerne un échange entre des personnes de couleurs différentes.

    Je remercie Babelio et les éditions Escale pour ce livre qui a fait écho en moi.

    https://quandsylit.over-blog.com/2023/09/les-chants-d-amour-de-wood-place-honoree-fanonne-jeffers.html

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  • Rentrée littéraire 2023.

    Véritable pavé que le roman Les chants d’amour de Wood Place de Honorée Fanonne Jeffers ! Pas moins de 900 pages composent ce roman féministe noir dont l’histoire de l’esclavage constitue la colonne vertébrale.
    S’il m’a paru un peu ardu au départ de me plonger dans...
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    Rentrée littéraire 2023.

    Véritable pavé que le roman Les chants d’amour de Wood Place de Honorée Fanonne Jeffers ! Pas moins de 900 pages composent ce roman féministe noir dont l’histoire de l’esclavage constitue la colonne vertébrale.
    S’il m’a paru un peu ardu au départ de me plonger dans sa lecture, bien vite, j’ai été happée par ce roman absolument bouleversant et combien instructif !
    Ce sont les histoires de la lignée d’une femme que l’autrice nous conte de l’esclavage à nos jours. Par l’intermédiaire d’Ailey qui passe chaque été ses vacances dans la petite ville de Chicasetta en Géorgie, berceau de la famille de sa mère, terres où ses ancêtres esclaves venus d’Afrique se sont établis, des terres qui avaient été volées aux Amérindiens.
    Pour conquérir sa propre identité, la brillante Ailey va se plonger dans le passé de sa famille, une histoire d’oppression et de résistance, de servitude et d’indépendance, de cruauté et de résilience, offrant au lecteur une fresque historique magistrale.
    Honorée Fanonne Jeffers alterne les passages historiques retraçant la vie des ancêtres d’Ailey, à la manière d’une conteuse, avec la propre vie de cette dernière, dans un style s’apparentant cette fois, plus à un compte-rendu.
    À noter que tous les chapitres du roman sont introduits par une citation de différents ouvrages de W. E. B. Du Bois, cet homme qui a voué sa vie à ses congénères Afro-Américains.
    Honorée Fanonne Jeffers relate l’intrusion de l’homme blanc chez les Creeks, la saisie de leurs terres, leur expulsion, l’arrivée sur des navires anglais de ces Africains réduits en esclavage, maltraités, humiliés, torturés et qui jamais ne retourneraient chez eux. Si ces esclaves étaient classés par catégories en fonction des tâches qu’ils savaient accomplir, il y avait également une autre sorte d’esclaves désignés comme « aptes au travail de maison ». Des femmes qui servaient aux besoins de la chambre à coucher tout comme leurs filles, même petites, utilisées également par les hommes blancs. Ces hommes assouvissaient ainsi leurs plus bas instincts en toute légalité !
    Lorsqu’on lit de tels passages, il est nécessaire de s’accrocher et de serrer les dents, et l’on peine à croire que cela ait pu exister…
    L’auteure rappelle qu’il faudra attendre l’arrêt Brown, en 1954 pour mettre un terme à la ségrégation dans les établissements scolaires mais pour autant tout ne changera pas aussitôt.
    En 1960, les journaux parlèrent de Ruby Bridges, la première petite fille afro-américaine, à intégrer une école pour enfants blancs en Louisiane, escortée par la police fédérale, les ségrégationnistes se comportant comme si Ruby était un animal dangereux, elle avait six ans !
    Sont évoquées également les émeutes et les mutations qui ont suivi l’assassinat du Dr King au printemps 1968.
    Une multitude de sentiments m’ont envahie au cours de ma lecture. Tout d’abord, une profonde aversion et un dégoût immense pour ces êtres dont la seule ambition était la possession de territoires, de plantations, de résidences et, comme cela a été le cas d’autres êtres humains, ces derniers faisant partie de leur patrimoine, contribuant à l’enrichir. Quant à la souffrance, la détresse et les supplices qu’ont endurés ces Amérindiens-Africains, il est bien difficile pour ne pas dire impossible de se mettre à leur place, tant la cupidité, la cruauté et l’inhumanité à laquelle ils ont été confrontés dépassent toute imagination.
    La trajectoire intellectuelle d’Ailey, cette jeune féministe noire m’a profondément intéressée et subjuguée. Son caractère affirmé, l’amour pour ses proches, le respect qu’elle a pour les anciens et surtout le courage et la force qui l’animent au cours de ses études sont remarquables. Être la première doctorante noire dans une université blanche est pour le moins une belle gageure et les doutes peuvent surgir. J’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour la Dr Oludara et l’oncle Root, soutiens efficaces d’Ailey.
    La discrimination basée sur le teint de la peau au sein même des communautés africaines-américaines, avec des bénéfices associés, entre autres, à un physique se rapprochant des blancs m’a assez étonnée.
    Soixante ans après la marche de Washington pour les droits civiques des personnes noires, le 28 août 1963, le message du discours de Martin Luther King « I have a dream » résonne toujours à nos oreilles...
    Pas étonnant que Les chants d’amour de Wood Place de Honorée Fanonne Jeffers ait été lauréat du National Book Critics car il est un premier roman d’une grande maîtrise, même si parfois l’entrelacement des lignées m’a un peu embrouillée.
    Je remercie Les éditions Les Escales et Babelio pour m’avoir permis de découvrir cette fresque historique poignante et bouleversante qui pourrait bien faire référence désormais.
    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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  • L’histoire commence avec la rencontre de Coromantee-Panther (un africain, originaire de la Côte d’Or) et de « Woman-in-the-wind » (une indienne Creeks) sans oublier leur progéniture (Nila et Bushy Hair, des jumeaux fille et garçon …) Nila s’unira – à son tour – à un écossais blond … Nous sommes...
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    L’histoire commence avec la rencontre de Coromantee-Panther (un africain, originaire de la Côte d’Or) et de « Woman-in-the-wind » (une indienne Creeks) sans oublier leur progéniture (Nila et Bushy Hair, des jumeaux fille et garçon …) Nila s’unira – à son tour – à un écossais blond … Nous sommes au XVIIIe siècle, quelque temps avant la « reconnaissance » de l’esclavagisme (en place dans les États du Sud) par la Constitution américaine … Juste avant que le territoire des Creeks ne leur soit confisqué et devienne La Géorgie …

    La suite sera racontée par la narratrice, Ailey Garfield (née en 1973) benjamine de « Belle » (Maybelle, enseignante) et « Geoff » (Geoffrey, médecin) Garfield. Et soeur de Lydia et « Coco » (Carol) … Ailey va lentement découvrir la vie (plus ou moins tragique) de ses ancêtres puis nous conter la sienne …

    De nombreux allers-retours dans la ville de Chicasetta (où se trouve encore la « fameuse » propriété de Wood Place et où réside toujours une partie de la famille de notre héroïne …) au cours des siècles écoulés, permettront aux lecteurs d’être un peu mieux éclairés. Lors de certains chapitres, la voix de l’auteure se fera plus discrète, dans le but de laisser la parole à Ailey Garfield …

    Un roman foisonnant, abordant des sujets « majeurs » hautement dramatiques (esclavage mais aussi pédophilie, asservissement féminin, inceste, addiction à la drogue, boulimie-anorexie …) Une flopée de protagonistes restera gravée dans nos mémoires (ils sont trop nombreux pour qu’on puisse tous les citer …)

    L’auteure se veut lucide et dénonce la vilénie (ou la perversion) des uns comme des autres (qu’ils soient blancs ou noirs de peau …) Outre la qualité littéraire incontestable de ce livre (l’écriture est superbe !) on ne peut que reconnaitre l’honnêteté intellectuelle de Honorée Fanonne Jeffers. Qui met loyalement à égalité les faiblesses ou la grandeur de toute âme humaine (en nous laissant une réelle note d’espérance …) Un récit fort empathique, parfois agrémenté d’une délicieuse pointe d’humour et de dérision. Un très gros coup de coeur !

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