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L'effacement de l'avenir

Couverture du livre « L'effacement de l'avenir » de Taguieff P-A. aux éditions Galilee
  • Date de parution :
  • Editeur : Galilee
  • EAN : 9782718604985
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

La grande promesse des Lumières, c'était celle du passage à l'autonomie de tous les humains, en tant qu'êtres raisonnables poursuivant des fins communes.
En se chargeant de significations imaginaires, le futur, forme vide du temps abstrait, se donnait comme avenir, à la fois explorable comme un... Voir plus

La grande promesse des Lumières, c'était celle du passage à l'autonomie de tous les humains, en tant qu'êtres raisonnables poursuivant des fins communes.
En se chargeant de significations imaginaires, le futur, forme vide du temps abstrait, se donnait comme avenir, à la fois explorable comme un champ de possibles et désirable comme un ensemble de promesses. Le programme progressiste était censé se réaliser dans le temps de l'histoire, finalisé par la liberté, la rationalité et le bonheur universellement partagés. En guise d'autonomie, c'est l'anomie qui s'est partout installée.
Avec la crise des Lumières, l'utopie du progrès s'est métamorphosée en utopisme techno-informationnel, tandis que la marche triomphale de l'histoire vers sa fin - son accomplissement - faisait place à un mouvement perpétuel, à un changement autotélique idéalisé comme tel. Avec le culte du mouvement pour le mouvement, surgit un nouveau mode de fatalisation du temps, disons le mouvementisme. L'effacement de l'avenir s'opère en même temps que les individus s'installent malgré eux dans un " présent perpétuel sans passé ni avenir " (Orwell), inscrit dans un destin planétaire pensé en termes de " contraintes inévitables " ou d'" évolutions irréversibles ".
Dans le " présentisme " qui est l'ethos du moment contemporain, on reconnaît bien sûr quelque chose du nihilisme : au " sans pourquoi " de l'agitation frénétique dans un monde chaotique, mais fatalisé en tant que tel, s'ajoute la certitude angoissante de ne pouvoir surmonter l'incertitude, de ne pouvoir imaginer le " ce vers quoi ", non pas ce que l'avenir sera (le prévisible), mais ce qu'il doit être (le souhaitable).
C'est toute la question de la responsabilité post-humaniste et de la temporalité post-progressiste - voire post-historique et post-démocratique -, qui est posée, et qui doit inquiéter la pensée : Sommes-nous condamnés à un démocratisme planétaire sans communautés démocratiques vivantes ? Sommes-nous voués à un futur sans avenir ? A une responsabilité sans espoir ? L'inespoir est-il le destin ? P.-A.
T.

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