Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

La petite-fille

Couverture du livre « La petite-fille » de Bernhard Schlink aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782072995316
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance. Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue.... Voir plus

À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance. Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le conduit jusqu'à Svenja, qui mène une tout autre vie que lui : restée en Allemagne de l'Est, elle a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine une fille nommée Sigrun. Kaspar serait prêt à voir en elles les membres d'une nouvelle famille. Mais leurs différences idéologiques font obstacle : comment comprendre qu'une adolescente, par ailleurs intelligente, puisse soutenir des théories complotistes et racistes ? Comment l'amour peut-il naître dans ce climat de méfiance et de haine ? Cette rencontre contrariée entre un grand-père et sa petite-fille nous entraîne dans un passionnant voyage politique à travers l'histoire et les territoires allemands. Plus de vingt-cinq ans après Le liseur, Bernhard Schlink offre de nouveau un grand roman sur l'Allemagne qui sonde puissamment la place du passé dans le présent, et nous interroge sur ce qui peut unir ou séparer les êtres.

Donner votre avis

Avis (13)

  • J'ai d'abord choisi ce livre parce que l'histoire se déroule à Berlin et que j'ai adoré la visite de cette ville il y a quelques mois. Ensuite je garde un bon souvenir d'un livre de ce même auteur, le liseur.
    Kaspar, marié à Birgit depuis de nombreuses années, découvre à son décès la vie...
    Voir plus

    J'ai d'abord choisi ce livre parce que l'histoire se déroule à Berlin et que j'ai adoré la visite de cette ville il y a quelques mois. Ensuite je garde un bon souvenir d'un livre de ce même auteur, le liseur.
    Kaspar, marié à Birgit depuis de nombreuses années, découvre à son décès la vie d'avant de sa femme. Elle a abandonné son enfant à la naissance. Commence alors une quête sur le passé de son épouse.
    Cette quête est un prétexte pour Bernhard Schlink pour nous exposer toute un pan historique, politique de l'Allemagne. Il aborde la (difficile) réunification après 1989 et l'état d'esprit qui régnait à Berlin. Ce qu'il décrit sur la vie pendant la séparation et après sa suppression nous plonge dans une société déchirée. Les Allemands de l'Est peinent à trouver leur place. Au même titre qu'il a du mal à trouver un juste milieu avec la petite fille de sa femme. Sa mère, la fille de Birgit, a trouvé un cadre de vie dans un milieu utra nationaliste après des années d'errement. Elle a élevé sa fille en lui inculquant des idées néo-nazies. On assiste à « l'affrontement » entre le grand-père d'adoption et la petite-fille. Mais c'est un prétexte pour l'auteur pour nous donner un cours de politique tout à fait vrai. En effet cela recoupe pour certains sujets les explications que nous avait données notre excellent guide à Berlin.
    Kaspar fait l'effet d'un gentil doux rêveur, Sigrun (la petite fille) d'une tête de mule mais ces deux opposés finiront par se rapprocher.
    Ce livre est un vrai bonheur et une belle découverte. Bernhard Schlink a l'art de captiver son lecteur. Bref je recommande.

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • Un roman délicat qui m'a transportée dans de nombreux questionnements.
    En toile de fond, la réunification de l'Allemagne avec les incompréhensions, les laissés-pour-compte, les extrêmes et finalement l'indifférence qui en ont émergés.
    C'est aussi l'histoire d'un amour difficile basé sur des...
    Voir plus

    Un roman délicat qui m'a transportée dans de nombreux questionnements.
    En toile de fond, la réunification de l'Allemagne avec les incompréhensions, les laissés-pour-compte, les extrêmes et finalement l'indifférence qui en ont émergés.
    C'est aussi l'histoire d'un amour difficile basé sur des cicatrices, des non-dit et un secret.
    D'une plume élégante, l'auteur aborde le déracinement, les choix impossibles, les contradictions, la tolérance et le deuil.
    Il est surtout question de notre capacité à accepter l'autre quand il est à l'opposé de nos valeurs.
    Tout cela est complexe et le héros, confronté à ces obstacles, va devoir subtilement apprivoiser, ne pas effaroucher et respecter cette petite fille, sa petite-fille.
    Va t-il réussir ?
    Un roman émouvant, lucide, intelligent et poignant.

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • Kaspar aime sincèrement sa femme, Birgit. Quand elle se suicide, il s’aperçoit qu’elle lui a caché beaucoup de choses, et notamment l’existence d’une petite fille qu’elle a abandonnée à sa naissance. C’était en 1965, elle habitait alors la RDA et a suivi Kaspar qui vivait en RFA.

    Dans le...
    Voir plus

    Kaspar aime sincèrement sa femme, Birgit. Quand elle se suicide, il s’aperçoit qu’elle lui a caché beaucoup de choses, et notamment l’existence d’une petite fille qu’elle a abandonnée à sa naissance. C’était en 1965, elle habitait alors la RDA et a suivi Kaspar qui vivait en RFA.

    Dans le journal de sa femme, il découvre tout un pan de son histoire et comprend aussi qu’elle a recherché sa fille, Svenja, mais n’a pas eu le courage de la rencontrer. On perçoit aussi une femme solitaire, qui s’isole, et se sent inutile. « J’ai recherché mon bonheur. Aux dépens de ma fille, aux dépens de Kaspar. Je les ai trahis et abandonnés. » Peut-être est-ce la raison de son suicide…
    Il laisse sa librairie, veut connaître sa belle-fille, et surtout prolonger la quête de sa femme.
    Svenja fait partie avec son mari, des « Völkisch », un mouvement communautaire, ultra nationaliste. Leur fille Sigrun, adolescente, partage complètement les valeurs de ses parents. Kaspar va recevoir Sigrun quelques jours, s’attacher à elle, en essayant d’ouvrir son univers.

    Le plus dur, chez Sigrun, est son négationnisme : « Tu as bien un livre sur Rudolf Hess. Il est plein de mensonges. Tous ces livres, ici, sont pleins de mensonges. Hitler ne voulait pas la guerre, il voulait la paix. Et les allemands n’ont pas tué les juifs. »
    Kaspar s’assit par terre, face à elle.
    _ « Ce sont des livres d’historiens qui ont fait des recherches pendant des années. Comment peux-tu savoir ? »
    _ « Ils sont achetés. Ils sont payés. Les occupants veulent rabaisser l’Allemagne. Il faut qu’on ait honte et qu’on courbe l’échine. Alors, ils pourront nous opprimer et nous exploiter. »
    Et plus loin, toujours Sigrun à son grand-père :
    « Vous vous bouchez les yeux, mais tout le monde peut voir que les musulmans veulent conquérir l’Allemagne, de l’intérieur et de l’extérieur. Nous pouvons nous soumettre ou nous défendre. »

    Il n’y a pas de jugement de la part de l’auteur : simplement de la tristesse et de l’angoisse devant ces visions du monde déformées par l’histoire, puis l’éducation. Et surtout un cri d’alarme devant un mouvement puissant et rampant :
    « Kaspar lut tout ce qu’il pouvait trouver sur les extrêmes droites, les nazis et les néonazis, le NPD et l’AfD, les nationalistes autonomes , les Identitaires, les Artamans, les Völkisch.(…) Il n’avait pas soupçonné l’ampleur de leur prolifération , la mobilité de leur adaptation aux courants contemporains , la force de l’appui qu’ils trouvaient dans la classe moyenne, ni la présence de leur organisation de jeunesse, d’enfants de médecins et d’avocats, d’enseignants et d’universitaires. »

    De nombreux thèmes sont abordés avec justesse, sensibilité et surtout beaucoup de subtilité. Celui du déracinement comme l’écrit si bien Birgit : « Je n’étais plus là-bas, je n’étais pas encore ici. »
    Celui de la puissance apaisante de la musique, quand il fait découvrir à Sigrun, les grands auteurs et qu’elle se passionne pour le piano. Elle prend des cours et joue avec beaucoup de talent, comme sa grand-mère.
    C’est aussi un roman très sensible sur l’amour. Celui de Kaspar pour sa femme, qu’il ne peut oublier.
    « Mais sans cesse, en travaillant, en faisant du sport, en occupant ses soirées, il avait l’impression d’être en dehors de la réalité, comme si ce qui l’entourait était un décor en trompe-l’œil, comme s’il jouait un rôle et le jouait mal. (…) il n’appartenait pas au monde. Il appartenait à Birgit morte. »
    Celui d’un grand-père pour la petite fille de sa femme. Comprendre, ne pas brusquer, argumenter doucement, chercher à lui faire découvrir d’autres pôles d’intérêt que le populisme. Jusqu’au moment, où il craque :
    « C’est quoi, toutes ces âneries, Sigrun ? La vie est ailleurs. La vie, c’est la musique et le travail. Fais des études, apprends quelque chose aux enfants, soigne des malades, construis des maisons ou donne des concerts. Personne ne reprendra la Prusse orientale et la Silésie. L’Allemagne ne deviendra pas plus grande, mais elle n’est pas trop petite, et ses coutures ne craquent pas par la faute des immigrés. Et on a besoin d’eux : qui d’autre veut encore ramasser les asperges, faire les vendanges et tuer les porcs ? (…) Laisse les gens vivre comme ils veulent, laisse les vivre. »

    Un plaidoyer pour la vie, l’amour, la paix, le respect de l’autre.
    Seul bémol, qui ne casse pas la force du récit : la première partie, où Kaspar découvre les écrits cachés de Birgit m’a paru trop longue, voire un peu ennuyeuse, par rapport à la seconde, avec Svenja et Sigrun, qui est au contraire puissante et dense.
    Un roman puissant, tout en nuances.

    https://commelaplume.blogspot.com/

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • La petite-fille – Bernhard Schlink

    Kaspar, libraire, retrouve un soir sa femme Birgit morte dans leur baignoire.

    Quelques jours plus tard, Kaspar reçoit une lettre des éditions Badische Verlagsanstalt, dont le directeur Klaud Ettling se présente comme un ami de Birgit qui s’intéresse à son...
    Voir plus

    La petite-fille – Bernhard Schlink

    Kaspar, libraire, retrouve un soir sa femme Birgit morte dans leur baignoire.

    Quelques jours plus tard, Kaspar reçoit une lettre des éditions Badische Verlagsanstalt, dont le directeur Klaud Ettling se présente comme un ami de Birgit qui s’intéresse à son travail d’écriture.

    Kaspar qui n’a jamais souhaité s’immiscer dans les écrits de son épouse, sans en avoir eu le consentement, découvre dans son ordinateur l’existence d’une enfant qu’elle a eue avec un homme marié, Léo. Ce dernier, lui aurait fait miroiter de quitter sa femme avant de se rétracter et de lui proposer de le garder pour l’éduquer avec son épouse.

    Kaspar, lit encore, de cette histoire vieille de quarante ans, du refus de Birgit à céder son enfant avant de le confier finalement auprès de Paula, une infirmière communale.

    Elle écrit aussi, vouloir retrouver trace de son enfant.

    La première partie est consacrée à la découverte des écrits Birgit par Kaspar et du passé de Birgit.

    La deuxième partie est celle de la recherche de l’enfant et des retrouvailles.

    Dans ce roman, il est question d’abandon d’enfant et du désarroi d’une mère face à ce choix non voulu. Avec une écriture toujours aussi soignée où l’émotion donne toute sa place, l’histoire est un coup de coeur.

    Ce livre fait écho à Ainsi Berlin de Laurent Petitmangin avant la réunification de l’Allemagne et le sort des enfants que l’on prend pour une éducation particulière.

    Bernhard Schlink rappelle que durant quarante années d’existence, la RDA a enfermé 120 000 jeunes dans des foyers. Foyers normaux, foyers spéciaux, foyers distincts, fermes de travail jeune, camps de redressement et de travail, foyers de transit…

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • Dans les années 1960, l'allemagne est encore divisée (RDA/RFA). Lors d'un court séjour à l'Est, Kaspar rencontre Birgit et c'est le coup de foudre. Les 2 jeunes étudiants ne se quitteront plus. kaspar organise la fuite de Birgit à l'Ouest. Une vie de bonheur s'annonce alors à l'Ouest mais Birgit...
    Voir plus

    Dans les années 1960, l'allemagne est encore divisée (RDA/RFA). Lors d'un court séjour à l'Est, Kaspar rencontre Birgit et c'est le coup de foudre. Les 2 jeunes étudiants ne se quitteront plus. kaspar organise la fuite de Birgit à l'Ouest. Une vie de bonheur s'annonce alors à l'Ouest mais Birgit sombre dans la nostalgie, ne trouve pas sa place, cache sa souffrance dans de longs voyages solitaires et l'alcool.
    Kaspar, fou amoureux, accepte tout mais s'effondre quand il découvre le corps sans vie de Birgit un soir de retour du travail.
    En parcourant son journal intime, il découvre que Birgit avait une fille. Après la stupeur, c'est la curiosité qui le gagne. Kaspar décide de se lancer sur les traces de cette enfant cachée. Il la retrouvera dans une communauté nationaliste aux relents néonazis. Svenja a la quarantaine, mère d'une jeune fille futée au caractère bien trempé; Sigrun.
    Rapidement des liens se créent entre cette jeune demoiselle et son "grand-père rapporté". Svenja accepte que sa fille visite son grand-père de temps en temps pendant les vacances scolaires.
    Des rapports "grand-père/petite-fille" mélés d'Amour et de confrontations .
    Sigrun est imprégnée des idées ultra nationalistes distillées par ses parents.
    Kaspart doit user de patiente, de douceur et de malices pour faire entrevoir à sa petite-fille les "failles" dans ses idées arrêtées, son rejet des étrangers, son culte d'une Allemagne forte et au retour du Reich fantasmé.

    Moi qui pensais avoir touché un sommet à la lecure de "Le Liseur ", j''avoue être sorti assommé de ce chef d'oeuvre intelligent, sensible .
    L'auteur nous interroge sur l'identité allemande, les efforts qu'il faut déployer pour "désimprégner " un enfant des ravages d'une éducation fermée.
    La Musique, la Littérature comme outils de réflexion .
    Ne ratez pas ce bijou de la littérature moderne .
    Un très, très grand roman !

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • Kaspar, un septuagénaire, libraire berlinois, part à la recherche de la fille inconnue de sa femme, écrivaine, fraichement décédée, après en avoir appris l'existence au détour d'un manuscrit miraculeusement retrouvé.

    Tout est limpide dans ce formidable roman sur la réunification allemande. La...
    Voir plus

    Kaspar, un septuagénaire, libraire berlinois, part à la recherche de la fille inconnue de sa femme, écrivaine, fraichement décédée, après en avoir appris l'existence au détour d'un manuscrit miraculeusement retrouvé.

    Tout est limpide dans ce formidable roman sur la réunification allemande. La première partie confronte deux regards, celui de deux Allemagnes, longtemps séparées : Kaspar, né en RFA, et Birgit née en RDA. Leur rencontre en 1964 à Berlin-Est, la naissance de leur amour, la fuite rocambolesque de Birgit pour le rejoindre définitivement à l'Ouest, sont racontée dans le texte retrouvé, une magnifique mise en abyme. Les mots de Birgit qui n'a jamais trouvé sa place en RFA résonnent très fort, d'autant que l'auteur les jauge à ceux de Kaspar qui n'a jamais vraiment compris qui était son épouse. La façon dont Bernhard Schlink peint les mystères du couple est d'une finesse rare, quand l'autre garde une part secrète qui fait qu'il reste une personne lointaine et étrangère à son conjoint. Après avoir lu le texte de Birgit, on relit les chapitres précédents à son aune et on lit les suivant imprégné de sa force.

    La deuxième partie confronte toujours deux regards, mais cette fois issus de deux générations différentes, toujours celui de deux Allemagnes réunies dans un même pays mais radicalement opposés dans la façon d'envisager ce qu'est être une nation : Kaspar et la petite-fille du titre, Sigrun, adolescente de quatorze ans élevée dans le milieu Völkish, mouvement nationaliste d'extrême-droite glorifiant un passé germanique mythifié, ouvertement antisémite et négationniste.

    C'est sans doute le mot « subtilité » qui caractérise le mieux ce roman. Bernhard Schlink aurait pu se contenter de raconter la RDA, la réunification, l'amertume de nombreux d'ex-habitants de l'Est, la vitalité du néo-nazisme à grands coups de paragraphes didactiques qui en auraient fait une arrière-plan historique costaud. Lui, au contraire, préfère montrer comment le poids de l'histoire fait son chemin dans les recoins les plus intimes des êtres, ce que les systèmes politiques ont fait aux âmes. Suggérer en comptant sur la perspicacité du lecteur plutôt que de professer sur la place du passé dans le présent : c'est ainsi que ressort toute la complexité de l'histoire allemande.

    Lorsque Kaspar rencontre Sigrun, le drame se teinte des nuances du conte. le vieil homme et la petite-fille. Certains lecteurs auraient sans doute apprécié un style plus rentre-dedans, plus direct, moins « modeste ». Sigrun semble presque éthérée tant elle ne correspond pas aux standards de son âge, sa relation avec Kaspar peu crédible, la démarche de ce dernier semblant si naïve. C'est justement ce décalage qui m'a bouleversée.

    Kaspar est un personnage terriblement émouvant par ses questionnements permanents pour essayer, non pas de comprendre, mais d'ouvrir les horizons de Sigrun qui érige Irma Grese ( tortionnaire d'Auschwitz ) en héroïne. Il n'a que sa bonté, son amour, sa culture à lui offrir, l'encourageant à penser par elle-même loin du poison distillé par son éducation, puis à développer son talent musical comme possibilité d'émancipation. La description de leur visite du camp de Ravensbrück est par exemple d'une superbe sobriété pour appréhender cet étonnant personnage de vieil homme, jamais il ne cherche à s'imposer ou imposer sa façon de voir. Il a en lui une pureté modeste qui irradie et en fait un des plus beaux personnages de grand-père lu dans la littérature.

    Jusqu'à la fin, parfaite avec sa dernière phrase épurée à l'évidente simplicité, une phrase qui tire des larmes, sans que ces dernières n'aient été racolées, juste amenées avec l'intelligence et la sensibilité qui caractérisent l'entièreté de ce roman qui a totalement résonné en moi.

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • A l'été 1964, Kaspar, alors âgé d'une vingtaine d'années et étudiant , avait demandé l'autorisation de suivre un semestre de cours à Berlin-Est.

    C'est là qu'il fit la connaissance de Birgit. Leur amour était si fort que le jeune couple décida d'organiser la fuite à l'Ouest de la jeune femme....
    Voir plus

    A l'été 1964, Kaspar, alors âgé d'une vingtaine d'années et étudiant , avait demandé l'autorisation de suivre un semestre de cours à Berlin-Est.

    C'est là qu'il fit la connaissance de Birgit. Leur amour était si fort que le jeune couple décida d'organiser la fuite à l'Ouest de la jeune femme.

    Des décennies plus tard, si le couple vit toujours ensemble, la situation s'est dégradée. Birgit n'est plus très stable psychologiquement et s'est mise à boire plus que de raison.

    Un soir, après avoir fermé sa librairie à 21H, Kaspar découvre le corps sans vie de Birgit. Saoule, elle s'était noyée dans leur ancienne baignoire très profonde.

    Quelques mois plus tard, en lisant les carnets que sa femme noircissait, il découvre le secret qui la rongeait depuis si longtemps : au moment où il faisait sa connaissance, Birgit était enceinte d'un autre homme. Elle a accouché dans le plus grand secret, a demandé à sa meilleure amie de déposer le nouveau-né sur les marches d'un orphelinat. Puis elle s'est enfuie de RDA.

    Il ressort de ses carnets que Birgit avait commencé à faire des recherches afin de retrouver sa meilleure amie et de connaître le nom de l'orphelinat où le bébé avait été déposé.

    Tout d'abord abasourdi par ce qu'il vient de découvrir, Kaspar décide de retrouver l'enfant de sa femme. C'est une fille prénommée Svenja qui vit toujours en Allemagne de l'Est où elle a épousé un néo-nazi. Le couple élève dans cette doctrine une adolescente, Sigrun.

    Leur rencontre sera celle de deux mondes aux idéologies complètement différentes. Et c'est ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman. Malgré la réunification, les différences entres les deux Allemagne subsistent.

    Kaspar, désireux de devenir le grand-père de Sigrun, sera confronté aux théories racistes et complotistes dans lesquelles l'adolescente a baigné depuis son enfance. La culture qu'il va essayer de lui faire découvrir parviendra-t-elle à la faire changer et à rejeter le monde de ses parents ?

    J'ai trouvé ce roman passionnant car il m'a fait découvrir la réalité géopolitique de ce pays à travers son histoire et ses territoires.

    Je considère Bernhard Schlink comme un grand auteur allemand contemporain.

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)
  • Alors qu’il vient de perdre la femme qu’il aimait, le narrateur tente de comprendre l’énigme qu’elle a toujours été à ses yeux. Elle a fini sa vie embrumée dans les vapeurs d’alcool, rongée par un mal qu’il n’a jamais pu déchiffrer. Il revient sur leur histoire, leur rencontre en 1964 à...
    Voir plus

    Alors qu’il vient de perdre la femme qu’il aimait, le narrateur tente de comprendre l’énigme qu’elle a toujours été à ses yeux. Elle a fini sa vie embrumée dans les vapeurs d’alcool, rongée par un mal qu’il n’a jamais pu déchiffrer. Il revient sur leur histoire, leur rencontre en 1964 à l’occasion d’échanges entre étudiants des deux Allemagnes. Elle était prête pour tenter la fuite vers l’est, il l’aimait suffisamment pour s’endetter en faux papiers et l’accueillir dans sa vie. Ils ont vécu une vie de couple, mais n’ont jamais eu d’enfants, Brigit n’en voulait pas.

    Ce que découvre Kaspar lorsqu’il parvient à accéder aux fichiers de l’ordinateur de son épouse est bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. Brigit a eu un enfant qu’elle a confié à la naissance à la femme qui l’a aidée à accoucher.

    S’en suit pour Kaspar un périple pour retrouver sa fille, que Brigit imaginait être une « jeune femme heureuse, pleine d’énergie et de joie de vivre ». Celle-ci est aussi devenue mère …


    Passionnant, par l’analyse argumentée et précise de cette période complexe de la séparation de l’Allemagne, par l’aspect historique et politique vu à hauteur de ceux qui l’ont vécue.

    La dernière partie est magistrale : la tentative de Kaspar de sortir sa petite fille du milieu qui l’a formatée est bouleversante.

    On est pris dans cette histoire d’amour filial, de réparation, et de pardon. Le sujet est très original et sert de support à une immersion passionnante dans ce qui fait le terreau de l’Allemagne contemporaine avec ses dérives extrémistes héritées d’un passé peu glorieux.

    352 pages Gallimard 2 février 2023
    Traduction (Allemand) Bernard Lortholary

    thumb_up J'aime comment Commentaire (0)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.