Véronique Olmi répond à nos questions !
(12/06/2013)
1) Qui êtes-vous ? !
Une comédienne sans rôle qui commence par s'écrire un monologue, devient par là-même auteure de théâtre. Une auteure de théâtre éditée chez Actes Sud qui me demande d'écrire un roman, ce sera «Bord de mer», suivi de 9 autres, chez Actes Sud, Grasset et Albin-Michel. Les trois cordes à mon arc, ma ronde : le jeu, l'écriture dramaturgique et romanesque.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
Le thème central c'est la libération intérieure, l'apprentissage de soi. Le livre raconte l'évasion spirituelle et physique aussi, d'un jeune adolescent trop gros, déclassé, isolé, qui vit seule avec une mère décalée, et aime la vie envers et contre tout. Si je devais dessiner ce jeune garçon, Enzo Popov, je dessinerais un brin d'herbe poussant entre deux pavés.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
«Il leva les yeux au ciel, peut-être que là-haut quelqu'un le voyait et l'encourageait en lui désignant le monde comme un minuscule terrain d'apprentissage, traverser les rivières, enjamber les mers, monter dans un train, et toucher la terre d'où l'on vient.»
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Le concerto pour piano numéro 23 de Mozart, dont le deuxième mouvement est présent dans le livre, et que j'ai tant écouté en écrivant ce roman.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
L'ouverture que représente la lecture, la découverte de l'inconnu, dans la beauté comme dans l'effroi.
6) Avez-vous des rituels d'écrivain ? (Choix du lieu, de l'horaire, d'une musique de fond) ?
J'écris le matin, dans mon lit, après avoir bu mon thé. Après, je vais courir ou marcher dans le bois, je reviens, et si mon emploi du temps me le permet, j'écris de nouveau, car le récit s'est décanté, pendant la course ou la marche. Il y a toujours une ou deux musiques associées au roman, spécifiques à l'histoire, je les écoute surtout dans les premiers instants d'écriture, pour replonger dans le tunnel émotionnel du récit.
7) Comment vous vient l'inspiration ?
Au mot «inspiration», je préfère celui d' «Illumination» qu'utilise Carson Mc Cullers et qui ne surgit pas de nulle part, comme l'inspiration, mais vient de l'inconscient, après des mois, voire des années de travail sur les personnages. J'écris sur ce qui m'obsède, sur ce que je ne comprends pas, j'écris sur l'humain. Inhumain si souvent.
8) Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescente «un jour j'écrirai des livres» ?
A partir de 12 ou 13 ans, je ne sais plus exactement, j'ai commencé à écrire, mes carnets intimes, chaque jour, et une multitude de romans inachevés et de mauvaises pièces de théâtre à destination familiale. Je lisais énormément, j'écrivais quotidiennement et fort mal, j'apprenais à respirer. Devenir écrivain, je n'aurais su dire ce que c'était, mais lire beaucoup, écrire un peu, était la seule façon que j'avais trouvée de me supporter et de supporter la réalité.
9) Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lectrice) ?
«L'idiot», toute seule dans une caravane pendant que ma famille skiait, ce dont j'ai en horreur. J'écrivais sur de petites fiches cartonnées les noms, patronymes et diminutifs des personnages, car je m'y perdais, et j'étais fière qu'un auteur de génie ne me mâche pas le travail et demande ma participation active à son roman. Bref, Dostoïevski me donnait l'autorisation de le lire...
10) Savez-vous à quoi servent les écrivains ? !
A questionner le monde, sans réponse.
11) Quelle place tiennent les librairies dans votre vie ?
Elles me donnent ma came... Je sais celles qui ferment tard, celles qui sont ouvertes le dimanche, celles qui ont toujours ce que je cherche et aussi ce que je ne cherche pas. C'est comme un musée ou une église. J'y entre pour échapper au fracas de la rue, des boutiquiers et des gens pressés. Et comme dans un musée ou une église, on y parle plus bas, on s'y déplace lentement, on prend son temps. Son temps à soi.