Ada et Judith. L'une rêve de réaliser un film, l'autre de devenir grand reporter, mais l'horizon du succès semble chaque jour un peu plus fantasmatique. Ada et Judith, ou deux fils tendus au-dessus du vide.
Seule, sans projet concret, bientôt délogée de son appartement, Ada présente aujourd'hui son scénario à un producteur enflé par la réussite, Denis Moucheteux. Pour elle, c'est le rendez-vous de la dernière chance, pour lui, l'occasion de jouer avec une souris affolée. Dévorée d'angoisse, Ada n'a pas le choix, elle doit convaincre le matamore. Alors elle lui raconte une histoire de funambule...
En reportage dans un cirque de seconde zone, Judith croise la route de Julien, acrobate génial mais farouche. Enfin décidée à reprendre le fil de son destin, elle lui propose une idée folle et magnifique qui les rendra tous deux célèbres. D'abord hostile, Julien finit par la rejoindre à Paris et par accepter de danser dans le ciel de la capitale...
Comiques, parfois grotesques, toujours attachantes, Ada et Judith ne sont ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait distinctes. L'humour et la sensibilité de Charlotte Erlih glisse avec grâce sur une vertigineuse construction en abyme. Sous sa légèreté apparente, Funambules évoque le difficile trajet qui consiste à prendre le risque d'exister. A être au présent, un pas après l'autre. Sur le fil du rasoir. Vivant, parce qu'on peut tomber. Parce qu'on peut rater.
Il m'a bien plu, ce roman tout en balancements entre stabilité et fluctuation. J'en ai aimé l'histoire, la construction et l'écriture qui file la métaphore de l'équilibre et du fil ténu mais solide sur lequel viennent danser les personnages.
Une histoire de funambules, oui, où les fils dessinent toute une cartographie de vies parallèles où la fiction contrebalance le réel. Deux récits, deux histoires comme en miroir, comme un balancier qui oscille et permet à l'équilibriste d'avancer sans chuter : Projections imaginaires, Judith et Julien, déambulent dans un scénario qu'Ada présente à Denis, producteur de cinéma. Ce premier film qu'elle veut monter prend des allures de dernier espoir pour la jeune femme et elle dévide son histoire face à un homme plein de condescendance et plutôt réticent à l'écouter.
Telle Shéhérazade, sur le fil du rasoir qui décidera de sa vie ou de sa mort, elle tente de capter l'intérêt de son interlocuteur, qui utilise de multiples procédés pour la déstabiliser et guette, voire suscite, le faux pas qui fera chuter Ada. Les dialogues sont pétillants et j'en ai apprécié la fausse légèreté qui semble cacher une sourde mélancolie et une véritable angoisse devant les aléas de la création. Parfaite image du funambule, le roman se place dans une sorte d'apesanteur gracieuse qui ne laisse pas oublier, malgré tout, la proximité du vide et de la mort, physique ou sociale.
Il s'agit d'un premier roman mais pas tout à fait car l'auteure a déjà publié des romans pour jeunesse. Et j'avais lu « Bacha Posh », dont j'avais apprécié la lecture et qui parlait d'un sujet rarement abordé, la place des filles dans la société afghane et celles qui se font passer pour un garçon pour trouver une place dans la société.
« Funambules » est donc un premier roman pour adultes et sa lecture est plaisante. L'auteure nous parle avec délicatesse d'une histoire d'amour sur le fil (facile pour un funambule). Un livre à double entrée : Ada est une jeune scénariste et a un rendez-vous avec un producteur pour défendre et vendre son projet. Et ce projet est alors l'autre histoire de ce texte. Ada et Denis, le producteur, vont alors décortiquer l'histoire de ce projet de scenario : Judith, le double d'Ada, dans le scenario est journaliste et un jour elle va aller faire un reportage dans un cirque et filmer en direct l'accident d'un des funambules. Que faire, utiliser ces images ou alors passer à autre chose. Mais elle va surtout rencontrer Julien, un jeune funambule, un peu border line et ils vont échafauder un projet ensemble, tirer un fil entre les deux tours de Notre Dame de Paris et lui va se promener sur ce fil et elle va filmer cette aventure et peut être ainsi dans le monde de la presse. Mais il y a aussi une histoire d'amour entre ces deux êtres en marge, en border line. Double voix dans ce texte qui est une lecture agréable. Les deux personnages féminins sont touchants dans leur recherche d'un but dans la vie et dans leur relation amoureuse. L'auteure décrit très bien le travail de création, celui de la scénariste aidée ou empêchée par les remarques du producteur ? Cette double histoire balade le lecteur dans deux univers très bien décrit et ai été sensible aux descriptions de la forêt des Landes.
Merci à version femina de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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