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Ce qu'ici bas nous sommes

Couverture du livre « Ce qu'ici bas nous sommes » de Jean-Marie Blas De Roblès aux éditions Zulma
  • Date de parution :
  • Editeur : Zulma
  • EAN : 9782843049712
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Qui peut jurer de ne pas inventer, au moins en partie, ses souvenirs ? Certainement pas Augustin Harbour. Quarante ans plus tôt, errant dans le désert du sud libyen, il est tombé sur une mystérieuse oasis : Zindan. On y arrive de n'importe où, de n'importe quand, mais personne, ni aucun des... Voir plus

Qui peut jurer de ne pas inventer, au moins en partie, ses souvenirs ? Certainement pas Augustin Harbour. Quarante ans plus tôt, errant dans le désert du sud libyen, il est tombé sur une mystérieuse oasis : Zindan. On y arrive de n'importe où, de n'importe quand, mais personne, ni aucun des autres voyageurs échoués là, ne sait comment en repartir. C'est que Hadj Hassan, Dieu lui-même, y vit, en compagnie de son envoûtante vestale, Maruschka Matlich.
Réfugié dans une clinique de luxe, sur les rives du lac Calafquén au Chili, carnets de croquis et annotations à l'appui, Augustin dresse l'inventaire de cette extravagante épopée, des habitants et de leurs moeurs étranges - tabous alimentaires, pratiques sexuelles, objets sacrés et autres signes parleurs - qui prend vite des allures de fantasmagorie. Présent et imaginaire se mêlent, comme pour une dangereuse immersion au coeur des ténèbres.

Délirante invention d'un esprit malade ou intuition géniale d'un entendement hors du commun, le récit prodigieux et débridé d'Augustin nous emmène aux confins inexplorés de la folie. On retrouve dans ce roman phénoménal toute la fantaisie, l'humour, la virtuosité et l'érudition de l'auteur de Là où les tigres sont chez eux. Et un fameux coup de crayon !

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Avis (8)

  • Ce livre est déjà un bel objet, original qui va entraîner ses lecteurs sous d’autres cieux dans d’autres temps.
    Personnellement je l’ai appréhendé par ses dessins et légendes pour me faire une idée de l’histoire ou plutôt des histoires que l’auteur va nous conter. A la fin il y a une apostille...
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    Ce livre est déjà un bel objet, original qui va entraîner ses lecteurs sous d’autres cieux dans d’autres temps.
    Personnellement je l’ai appréhendé par ses dessins et légendes pour me faire une idée de l’histoire ou plutôt des histoires que l’auteur va nous conter. A la fin il y a une apostille sorte de clin d’œil pour nous dire le vrai du faux, ce distinguo ne m’était pas nécessaire tant lors de ma lecture j’ai été dans une bulle où plus rien n’avait d’importance que les aventures d’Augustin Harbour.
    Dire d’emblée que ma bulle était emplie d’érudition, d’intelligence et d’humour et d’un imaginaire galopant. Le livre le plus fou et réjouissant lu cette année.
    Lorsqu’Augustin écrit les souvenirs de son expédition il est dans une clinique de luxe au Chili. Moments présents ponctués par les paragraphes intitulés Ricordi.
    Notre aventurier, Augustin fuit Paris après les attentats de la rue des rosiers, donc en 1982 pour faire une expédition dans le désert sud-Libyen.
    Pour cela il a un guide Hamza, ils se dirigent vers Garama à la rencontre des vestiges de la Cité Perdue. Mais leur boussole de détraque et ils arrivent à Zindãn.
    « J’eus vite la conviction, cependant, qu’on arrivait à Zindãn d’à peu près n’importe où, mais qu’on y arrivait aussi d’à peu près n’importe quand. Si tout le monde s’y trouve nu ou presque après un certain temps, les coiffes, les casques, perruques ou chapeaux de différentes sortes que les habitants continuent de porter confirment une hypothèse qui apparaîtra plus clairement, sinon de façon moins insensée, lorsque j’en viendrai à exposer la découverte majeure de mes investigations. Je n’en diffère sciemment le résultat que par souci de méthode. »
    A Zindãn règne Hadj Hassan Abou Hassan le Dieu de tous et la belle Maruschka.
    Toutes les religions cohabitent avec une prééminence pour l’animisme qui donne lieu à des scènes aussi cocasses que « délicieuses ».
    « J’expose ces loufoqueries avec la distance que permet le passage des années, tout en étant conscient du trouble qu’elles suscitent chez mon lecteur. On se fiche de moi, songe-t-il. A tort. Qu’il sache que je partageais cette même stupeur teintée d’acrimonie. »
    Mais que le lecteur ne s’y trompe pas le sujet de ce roman démesuré est l’attraction exercée par Hadj Hassan Abou Hassan. En effet au fil de la lecture, le lecteur essaie de dénouer les fils de ce mystère, pourquoi et comment cette « créature » attire-t-elle toutes sortes de personnes venues de partout et de tout temps ?
    « Un murmure d’adoration s’éleva de la place du mûrier ; tous ceux qui avaient assisté au châtiment de l’hérésiarque, les barbéliotes en tête, se précipitèrent aux pieds du chaman pour implorer son pardon d’avoir douté de lui, regardant comme un bonheur de parvenir à effleurer seulement le bord de sa bassine. »
    Ne serait-ce pas une réflexion sur notre époque ?
    C’est une aventure à travers les siècles qui nous est proposée.
    L’auteur a un imaginaire fertile qui fait de son roman un grand livre philosophique.
    Cela m’a rappelé mes lectures de Claude Lévi-Strauss et de Théodore Monod, une sensation d’être ailleurs, résolument et inépuisablement, si ces deux grands avaient été sous LSD.
    Ce livre fait partie des livres dont la substantifique moelle ne s’offre pas d’emblée et c’est une bonne chose.
    Chaque lecteur y trouvera la sève de la culture qu’il aura en lui, une belle façon de regarder notre monde dans le miroir. Et de déjouer les feux d’artifice du miroir aux alouettes.
    ©Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 décembre 2020.

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  • Bon ....j'avoue un abandon avec une petite pointe de tristesse.
    J'ai eu du mal entre ma réalité du moment et le côté carnet de voyage un peu rocambolesque du roman
    Cependant l'idée est très originale et magnifiquement accompagnée de croquis de qualité mais .......parfois on loupe des rendez vous.

    Bon ....j'avoue un abandon avec une petite pointe de tristesse.
    J'ai eu du mal entre ma réalité du moment et le côté carnet de voyage un peu rocambolesque du roman
    Cependant l'idée est très originale et magnifiquement accompagnée de croquis de qualité mais .......parfois on loupe des rendez vous.

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  • Il y a des livres qui vous plaisent grâce à leurs personnages, grâce à leur ambiance, grâce à leur message ou grâce à leur scénario. Il y en a d’autres qui semblent tout simplement faits pour vous, sans véritables raisons. A contrario, il existe des ouvrages avec lesquels vous n’êtes pas...
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    Il y a des livres qui vous plaisent grâce à leurs personnages, grâce à leur ambiance, grâce à leur message ou grâce à leur scénario. Il y en a d’autres qui semblent tout simplement faits pour vous, sans véritables raisons. A contrario, il existe des ouvrages avec lesquels vous n’êtes pas compatibles. Et, je crois bien que « Ce qu’ici-bas nous sommes » fait partie de cette catégorie.

    Pour ma plus grande peine de lecteur, je suis un être très cartésien. J’ai des difficultés à croire à l’impensable. Dès que l’histoire s’emballe dans l’extraordinaire, mon cerveau peut dire stop. Il me met des barrières et je ne peux alors plus entrer dans le monde ou être en empathie avec les personnages. Autant vous dire que dans le cas présent, l’alerte rouge s’est très vite déclenchée.

    Jean-Marie Blas de Roblès nous présente un ancien carnet de voyage écrit par un explorateur. Il a découvert par hasard une communauté loufoque régie par des règles qui le sont tout autant. Il raconte les us et coutumes de cette ethnie hors du temps.

    Les habitants de cette oasis sont parfois victimes d’auto-combustion, ils sont cannibales, ils traient les chiennes, ils croisent les lapins et les poules, leurs bambins fument, leurs hommes accouchent… n’en jetez plus la coupe est pleine ! Le texte est en plus parsemé de croquis et de définitions aux quatre coins de la page. J’ai donc eu l’impression de lire une encyclopédie anthropologique et ma lecture s’en est trouvée laborieuse.

    Définitivement, je ne suis pas programmé pour ce type de romans. Cela n’enlève rien à la qualité du travail, de l’écriture et de l’imagination de l’auteur qui ravira sûrement les autres lecteur.rice.s. Pour ma part, ce fut une véritable épreuve. J’ai essayé de m’accrocher, mais la magie n’a jamais opéré !

    http://leslivresdek79.com/2020/10/19/593-jean-marie-blas-de-robles-ce-quici-bas-nous-sommes/

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    • Colette LORBAT le 12/01/2021 à 19h33

      Il est des livres, des univers dont l'entrée nous est interdite. C'est vrai, il faut laisser son esprit cartésien loin de ces pages pour accéder à ce roman. Dommage que tu n'es pu le faire. Pour ma part, ce sont les bouquins nombrilistes que je ne peux lire !

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    • Valerie Brz le 17/11/2020 à 12h36

      Bon ....j'avoue un abandon avec une petite pointe de tristesse.
      J'ai eu du mal entre ma réalité du moment et le côté carnet de voyage un peu rocambolesque du roman
      Cependant l'idée est très originale et magnifiquement accompagnée de croquis de qualité mais .......parfois on loupe des rendez vous .....

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  • Tanguy Duchene
    Explorateurs de la rentrée 2020.

    Que dire? Que cet ouvrage est épatant, étonnant,phénoménal, hallucinant, extravagant,eh bien nous serons loin de la vérité, car dans ce roman celle-ci la vérité est absente car tout est inventé et donc faux et qui,plus est volontairement...
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    Tanguy Duchene
    Explorateurs de la rentrée 2020.

    Que dire? Que cet ouvrage est épatant, étonnant,phénoménal, hallucinant, extravagant,eh bien nous serons loin de la vérité, car dans ce roman celle-ci la vérité est absente car tout est inventé et donc faux et qui,plus est volontairement erroné.

    Reprenons notre affaire à son début. Un célèbre historien d'art sombre dans la folie et est interné pendant cinq ans dans un hôpital psychiatrique avec comme compagnons le danseur Nijinski ou le peintre Kitchner. Je pensais découvrir la vie d'une clinique Suisse. Eh bien pas du tout. L'imagination de notre Professeur s'enflamme et son esprit s'envole à la découverte d'une cité perdue dans le sud de la Libye. L'auteur Jean-Marie Blas de Robles nous affirme que cette fantasmagorie s'inspire d'un fait réel , " l'épreuve de lucidité" qui permet. a un homme d'échapper à son enfermement.

    Nous voila bombardé dans une drôle de cité Zindan ou cohabitent sous l'œil orgueilleux d'un Dieu et de sa Princesse, des communautés qui ne se rencontrent pas bien qu'ayant oubliées l'origine de leur différents, les Trayeurs de Chiennes, les Mangeurs de Crevettes, Ceux du Jujubier et enfin les Amazones. A chacun, ses us et coutumes aussi étranges les unes que les autres.

    Particularité de ce roman, une invasion féerique de dessins de la plume de l'auteur. Jean-Maris Blas de Roblès est non seulement écrivain mais aussi dessinateur. Non seulement il écrit par la plume mais il décrit par son crayon des corps humains, des animaux sortis de son imagination mais aussi des visages provenant des journaux illustrés de leur époque, Hugo voisine avec Bismarck et même à un tour de page apparaît Antoine de Saint Exupery.

    Pour bien mettre en avant ce qui m'a enthousiasmé il me faudrait 500 pages d'un ouvrage qui n'en compte que 250. Bref, j'ai été emballé.

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  • Augustin Harbour échoue dans une mystérieuse oasis du Sud libyen : Zindãn. Comme un petit prince parmi les sables il avance et va découvrir un monde inconnu, sibyllin, où, parait-il, Dieu vit en compagnie d’une ténébreuse et envoutante vestale, Maruschka Matlich.

    Ville pas encore engloutie,...
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    Augustin Harbour échoue dans une mystérieuse oasis du Sud libyen : Zindãn. Comme un petit prince parmi les sables il avance et va découvrir un monde inconnu, sibyllin, où, parait-il, Dieu vit en compagnie d’une ténébreuse et envoutante vestale, Maruschka Matlich.

    Ville pas encore engloutie, notre brave explorateur loge dans une maison de feu une habitante et est accueillie par Naïma qui l’invite rapidement à une soirée funéraire pour célébrer le départ d’une tante… autour d’un curieux plat de semoule…

    C’est le début de métamorphoses fantasmagoriques, le sieur Harbour va se fondre progressivement dans les croyances locales, les coutumes et mœurs, souvent avec étonnement, parfois avec répulsion, faisant chemin avec une Adelaïde, personnage singulier, qui elle aussi va se mouvoir pendant un laps de temps au sein de cabalistiques traditions.

    Mais quel étrange pays ! Insolite jusqu’au grain de sable, un cabinet de curiosités illustré en mots et dessins par Jean-Marie Blas de Roblès, le tigre revenant chez lui. Un pays où les livres sont puisés dans des mines et font office de monnaie, où les confidences sont enregistrées dans de la terre cuite, où les vêtements sont les ennemis du corps… Parmi les différents clans, existe « Les Trayeurs de chiennes’, quartier réputé pour ses fromages au lait de la femelle du chien et où les canards chassent mieux les rats que les chats ; d’ailleurs, de félins il n’y en a point et la communauté est dirigé par un certain Al-Fassik ayant pour épouse une certaine « Canicula », ça ne s’invente pas, foi de romain !

    Voyage livresque exquis, d’une finesse à rendre un hippopotame danseur étoile et d’une fantaisie aux allures de divins mensonges, où l’on pourrait s’égarer encore entre chimères et rêves éphémères. Dans cette expédition où la fable est le maître-mot – je vous laisse découvrir cellee du Phasme et de l’Orme – se cachent en réalité une galerie de personnages plus ou moins facilement reconnaissables et moult références littéraires, antiques et bien évidemment mythologiques, sans omettre ce qui est devenu le plat de résistance chez le truculent écrivain : l’archéologie.

    Noisette sur le livre : les illustrations par l’auteur lui-même ajoutent une plus-value à la lecture, toutes plus farfelues les unes que les autres et où sur l’une d’entre elles, l’écrivain se caricature lui-même. Ingéniosité solaire dans cette oasis de volupté cérébrale.

    Humoristique mais pas que. Caustique aussi par le regard porté sur les excès des civilisations, sur les croyances, les jugements à l’emporte-pièce, la technologie… un dédale foutraque sur tous les dérèglements de l’univers. Toute logique est exclue, la folie faisant vivre ce qui nous manque ici-bas. En fait, Jean-Marie Blas de Roblès nous renseigne peut-être sur notre monde…

    Savamment drôle, drôlement savant.

    blog => https://squirelito.blogspot.com/2020/08/une-noisette-un-livre-ce-quici-bas.html

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  • Une fable en hypertexte ! On ne clique pas sur les mots mis en évidence, on se reporte à la marge (« c’est la marge qui tient la page » JL. Godard) où Jean-Marie Blas de Roblès, taquin démiurge, a refait le monde. Égaré dans la ville de Zindãn, le conteur en étudie les mœurs, constatant avec un...
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    Une fable en hypertexte ! On ne clique pas sur les mots mis en évidence, on se reporte à la marge (« c’est la marge qui tient la page » JL. Godard) où Jean-Marie Blas de Roblès, taquin démiurge, a refait le monde. Égaré dans la ville de Zindãn, le conteur en étudie les mœurs, constatant avec un humour débridé, que la société humaine ne peut se passer des dieux, des cons et des gastronomes.
    Fort d’une langue si châtiée qu’elle en devient délicieusement désuète, Jean-Marie Blas de Roblès nous invite à découvrir son cabinet de curiosités. La visite est exigeante, elle en découragera plus d’un. Les clins d’œil sont omniprésents (beaucoup d’allusions drolatiques à notre modernité, comme les “signes parleurs”). Pour ceux qui ont été fascinés par les lectures d’Athanasius Kircher, Claude Lévi-Strauss, Ovide, Alberto Manguel ou du fabuleux « Dictionnaire du pire » de Stéphane Legrand (à lire d’urgence), ce livre est tout indiqué. Á la différence de Laurent Binet (tous deux parlent, d’ailleurs, de Mélanchthon – une insoumise allusion ?), Jean-Marie Blas de Roblès ne se prend pas au sérieux. Cela rend son entreprise d’autant plus savoureuse. L’écrivain laisse libre cours à son imagination fertile avec pour terreau son admirable érudition. Prépare-toi lecteur, entre ces lignes tu verras des fromages en lévitation, des néphiles dorés, le duc de Trou-Bonbon, des barbéliotes hérétiques, un gyromancien, un douk-douk, un rapala géant sans oublier les terrifiants Gog et Magog.
    Que ceux qui cherchent un roman classique passent leur chemin. Que ceux qui aiment les voyages non balisés se posent ici-bas.
    Bilan :

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  • Avis de la page 100:
    Un ovni! Inqualifiable et inclassable.
    L'auteur démarre son propos en parlant de roman dessiné. Je trouve que c'est une bonne définition tant ce roman est à part et comme nul autre.
    Des dessins, du texte et quel texte !! Le bonheur de retrouver la plume de l'auteur si...
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    Avis de la page 100:
    Un ovni! Inqualifiable et inclassable.
    L'auteur démarre son propos en parlant de roman dessiné. Je trouve que c'est une bonne définition tant ce roman est à part et comme nul autre.
    Des dessins, du texte et quel texte !! Le bonheur de retrouver la plume de l'auteur si littéraire, si descriptive et riche. Mention spéciale pour les temps usités, et notamment ce fameux passé antérieur.

    Je suis sous le charme tant c'est érudit, intelligent, brillant même si je reconnais que c'est très exigeant.

    Ne conviendra surement pas à tout le monde... mais ravira je pense les amoureux de la littérature.
    Verdict dans 150 pages.

    Chronique:

    Un olni

    Ce qu’ici-bas nous sommes de Jean-Marie de Robles est l’olni – objet livresque non identifié, de cette rentrée littéraire. Décalé, exigeant, « totalement barré » … et pour autant tellement intrigant et captivant. Alors, comment classer cet objet de 280 pages ? Comment parler de ce livre ?
    La première solution est de paraphraser l’auteur dans les premières lignes : « Ce roman est une fantasmagorie, mais il s’inspire d’un fait réel ». Et déjà j’ouvre un dictionnaire (première d’une longue, très longue série nous y reviendrons par la suite). Il s’agit donc d’une vision fantastique, surnaturelle. Par conséquent, tout ce que vous allez découvrir n’est ni totalement imaginaire, ni totalement réel, ni totalement réaliste, ni totalement fantaisiste… mais totalement marquant.
    Une autre possibilité est de le qualifier de « carnet de routes », à l’instar de l’auteur au début du premier chapitre. Il s’apparente en effet à une œuvre d’art tant ce roman dessiné est beau et unique en son genre. Chaque page est un tableau noir et blanc alliant dessins, citations, définitions et textes. Superbe !
    La dernière est de laisser parler votre cœur ou votre esprit. D’aucuns vont donc parler d’élucubrations littéraires quand d’autres stopperont leur lecture par énervement ou manque d’intérêt.
    « C’est ainsi que je pris conscience de ce prodige à l’œuvre dans la ville : l’immédiate compréhension entre les uns et les autres y est si parfaite que chacun, quelle que soit sa nationalité, reste persuadé que son interlocuteur parle sa propre langue, au plus haut degré de ce qu’il est permis d’attendre de sa pratique. Un Français croit que Zindãn est peuplée d’académiciens, une Anglaise de diplômés d’Oxford, d’Eton ou de Cambridge, et ainsi de suite jusqu’aux Asiatiques, aux Berbères, aux Polonais ou aux autres locuteurs présents entre ses murs. »

    Zindãn et Hadj Hassan

    Augustin Harbour est passionné d’ethnographie. Il entame voilà 40 ans un périple en Lybie pour y rencontrer Hamza Nedjma, un spécialiste censé connaître l’emplacement de Garama, la capitale disparue des Garamantes. Se rendant sur les lieux indiqués, sa boussole lui fait défaut et il se perd au milieu du désert. Ses ressources se raréfiant, il croit voir sa dernière heure arriver lorsqu’il tombe sur une mystérieuse oasis : Zindãn.
    La suite est abracadabrantesque. Il y rencontre Hadj Hassan, le Dieu de tous, Adélaïde, Aby, la vestale Maruschka Matlich, et bien d’autres encore. Tout le monde se comprend, point de barrière de langue. Par quel mystère ?
    Il se fond dans la masse et découvre les mœurs, coutumes et habitudes des habitants : les objets sacrés et les signes parleurs, les pratiques sexuelles et les tabous alimentaires. Comment ne pas citer également les différents quartiers dont les noms ne s’inventent pas : les Jujubiers, les Amazones, les mangeurs de crevettes et les trayeurs de chiennes. Aussi drôle qu’étonnant.
    On y retrouve de nombreuses références littéraires, interrogations et évocations très contemporaines qui ne peuvent que faire bouillir le cerveau du lecteur. Les descriptions sont très riches, les scènes et autres paysages méticuleusement dépeints. Point de jugement asséné, mais plutôt une incitation subliminale à l’introspection et remise en question. Aussi étrange que plaisant.

    « Il m’a toujours semblé qu’il fallait s’en tenir à cet aveu d’ignorance devant l’indécidable. J’étais resté jusque-là, et je pense l’être aujourd’hui encore, ce qu’on appelle un apathéiste : ni athée, ni mécréant, ni même agnostique, mais quelqu’un qui se contrefiche de l’existence ou de l’absence des dieux, parce que cette interrogation est d’ordre métaphysique, irréfutable par nature, inexprimable, au sens où Wittgenstein à la fin du Tractatus, et ne mérite donc pas l’effort d’une discussion, fût-elle philosophique. Un humaniste, en somme, dont rien ne saurait modifier l’éthique de libre arbitre et de tolérance qu’il estime nécessaire pour habiter ce monde ; ni la preuve éventuelle du néant, ni même une soudaine et convaincante théophanie. »

    Dans la continuité des précédents

    Aucun doute, c’est une œuvre de Jean-Marie de Roblès dans la droite ligne de toute sa production précédente. Divinement écrit, diablement érudit, Ce qu’ici-bas nous sommes régale le lecteur au fil des chapitres.
    Ces derniers sont relativement similaires d’un point de vue de la construction (une dizaine de pages, pas plus), mais également de la « compréhension » tant c’est irrationnel et loufoque. Trois quarts environ sont réservés au récit de la vie de Augustin à Zindãn et le dernier quart est consacré au Ricordi, des feuillets de notes « post aventure ». Un mix du passé et du présent.
    À l’instar de l’île du Point Némo, l’écriture est remarquable. Comme je l’évoquais plus haut, le nombre de mots rares est important. Le recours au dictionnaire est incontournable. De même, l’usage répété du passé antérieur régale le lecteur. Quel bonheur pour les yeux, quel plaisir pour le cerveau ! Et pour autant, que ce style si littéraire est perturbant et exigeant. Qu’il est étrange de se sentir ainsi démuni face à une telle imagination !
    Il est certain qu’il faut poser son cerveau cartésien sur la table de nuit et le substituer par un esprit d’ouverture avéré. 300 pages qui ne laissent jamais le lecteur tranquille. Point de repos, point de certitude. Une prouesse époustouflante !
    Vous connaissez l’auteur ? Vous serez conquis.
    Vous ne le connaissez pas ? Peut-être que le découvrir vous plaira… peut être qu’après 20 pages il vous tombera des mains… peut être qu’en le refermant vous ne saurez pas quoi en penser… peut être vous aurez eu l’impression de perdre votre temps… peut être à l’inverse vous aurez envie de confirmer l’essai avec une autre œuvre de l’auteur.
    Faites-vous votre propre opinion. Pour ma part, j’ai aimé tant c’est brillant et sublime.

    « Mon premier réflexe fut de regarder en direction de Zindãn. La ville avait presque disparu, mais une section de muraille émergeait encore, basculée par le sapement des eaux. Elle sombra d’un coup, non sans régurgiter quantité de débris et de cadavres. »
    Envoûtant et intrigant, assurément anticonformiste, Ce qu’ici-bas nous sommes est une valeur sûre de cette rentrée littéraire. Il ne conviendra pas à tout le monde, mais ravira une grande partie des amoureux du style.

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  • Oeuvre polymathe et onirique, le dernier livre de Jean-Marie Blas de Roblès est une ode fantasmagorique qui nous donne à partager un imaginaire riche de vision où le réel n'a que peu de place. Avec ce récit duel - il y a ce qui est présenté comme la chronique d'une vie antérieure et la relation...
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    Oeuvre polymathe et onirique, le dernier livre de Jean-Marie Blas de Roblès est une ode fantasmagorique qui nous donne à partager un imaginaire riche de vision où le réel n'a que peu de place. Avec ce récit duel - il y a ce qui est présenté comme la chronique d'une vie antérieure et la relation de cette même chronique avec une évaluation clinique de celle-ci - l'auteur crée une légende plus qu'une histoire. A chaque chapitre ses "ricordis" qui sont pour le narrateur le moyen de relier au réel les faits relatés dans la première partie de ceux-ci, par un effet miroir, dans un premier temps la fantasmagorie, dans un second la partie rationnelle. Comme un dédoublement de l'auteur qui serait irrationnel puis cartésien. La cité décrite me renvoie aussi l'écho de l'histoire d'une autre cité interdite et mystérieuse, celle de "L'Atlantide" de Pierre Benoit.

    La cité mystérieuse de Zindan agit pour ses habitants comme un aimant et un envoûtement car dès lors qu'on y accède il n'est plus possible d'en ressortir. Le narrateur n'a de cesse de nous décrire la vie dans cette cité qui est divisée en quatre quartiers dont chaque habitant affiche sa singularité de moeurs même s'ils se rejoignent pour former une société déiste.

    Or, leur seul point commun, leur dévotion envers Hadj Hassan est contestée par le notre héros, Augustin, qui rechigne à reconnaître en ce dernier un véritable Dieu, ce qui conduira à la perte de la cité du fait de sa confrontation amoureuse avec la vestale du Hadj. Ce sacrilège, qui n'en est un que si l'on admet le principe de la cité et de son Dieu permet de mettre bas, de façon cartésienne ou métaphorique - toujours l'ambivalence du réel et du fantasmé - à la cité onirique qu'Augustin avait - ou pas - lui-même créé.

    En parallèle de cette narration figurent les "ricordi", souvenirs de ce même Augustin Harbour, patient d'une clinique où il déroule le fil de ses (més)aventures. Le présent et le passé se mêlent dans ces retranscriptions pleines de fantaisies et de fantasmagories.

    Dans son apostille, Jean-Marie Blas de Roblès nous renvoie à la création de ses personnages dont les caractéristiques reprennent les caractères de personnes bien réelles, ce qui ajoute à la mise en abyme de son récit.

    Pour ce qui me concerne, outre sa singularité indéniable, j'ai apprécié la rigueur narrative de ce texte ce qui est un paradoxe pour un récit aussi atypique. A la fois saugrenu et excentrique, l'univers de l'auteur est d'une grande richesse fantasmagorique et on ressort de la lecture de cette histoire tout ébahi de tant de richesse rédactionnelle. Ce qui m'amène à me demander si Jean-Marie Blas de Roblès ne serait pas le Salvador Dali de l'écriture.

    Note sur 30. Critères : originalité du sujet, qualité de l'écriture, plaisir de lecture seront des éléments pris en compte.

    Note finale : 26

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