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Blanches

Couverture du livre « Blanches » de Claire Vesin aux éditions La Manufacture De Livres
Résumé:

Villedeuil, aux portes de Paris. Ses tours, ses habitants, et son hôpital. Jean-Claude y a passé toute sa carrière - jours comme nuits - au sein du service de chirurgie. Mélancolique et désormais solitaire, il reste passionné, par cette ville comme par son métier. Laetitia y est née et y... Voir plus

Villedeuil, aux portes de Paris. Ses tours, ses habitants, et son hôpital. Jean-Claude y a passé toute sa carrière - jours comme nuits - au sein du service de chirurgie. Mélancolique et désormais solitaire, il reste passionné, par cette ville comme par son métier. Laetitia y est née et y travaille, infirmière trop tendre pour l'âpreté de son poste à l'accueil des urgences. Aimée, jeune femme brillante autant que perdue, débute l'internat et décide d'effectuer son premier stage à Villedeuil, mue par des loyautés invisibles. Fabrice, médecin au SAMU, sera bientôt père mais fuit sa vie personnelle. Lors de ces mois vécus ensemble, leurs destins vont s'entremêler. Au sein d'un hôpital qui se fissure de toute part, ils partageront joies et échecs, détresse et amour du métier. Malgré les difficultés, ils tiennent, jusqu'à ce qu'une nuit, cet équilibre soit remis en question, bouleversant leurs vies à jamais.

Avec ce premier roman poignant, Claire Vesin nous fait entendre la voix vibrante de celles et ceux qui font l'hôpital public et sont marqués par le combat ordinaire mené pour soigner dignement.

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Articles (3)

Avis (11)

  • « Blanches », prend sens lorsque l’on sait que Claire Vesin, côté ville est cardiologue et connaît toutes les arcades du monde hospitalier.
    On ressent d’emblée, un respect pour le fond de « Blanches » et un intérêt vif pour une lecture dont on pressent l’exactitude dans les longs couloirs...
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    « Blanches », prend sens lorsque l’on sait que Claire Vesin, côté ville est cardiologue et connaît toutes les arcades du monde hospitalier.
    On ressent d’emblée, un respect pour le fond de « Blanches » et un intérêt vif pour une lecture dont on pressent l’exactitude dans les longs couloirs glacés où déambulent ceux et celles qui œuvrent avec altruisme.
    Contemporain, d’une justesse sans faille, émouvant, « Blanches » est une immersion entre les murs d’un hôpital, celui de Villedeuil, aux bordures de Paris.
    La trame est l’idiosyncrasie sociale, la réalité vive et âpre d’un hôpital où d’aucuns ont la déontologie chevillée au corps.
    L’empathie, et l’abnégation de soi, la soumission aux soins. Combler les failles sociétales.
    Claire Vesin est en recul. Elle cède la place aux protagonistes.
    Ce n’est pas un essai, mais une fiction gémellaire de la réalité. Ici, l’écriture est loyale. C’est un récit qui évite le pathos. Un plongeon sidérant, d’ombre et de lumière.
    Tous, ici, deviennent des emblèmes. Chacun son rôle, sa fonction, son histoire de vie.
    Le puzzle s’assemble.
    Jean-Claude est chirurgien. Il a l’expérience de son âge. La maîtrise innée de ses gestes. Il travaille à plus d’heures, l’exutoire, la passion et la vocation.
    Il est d’écueil et de chagrin. La lassitude se reflète sur la blancheur chirurgicale de Villedeuil. Il est seul. Sa femme est partie avec son plus jeune fils. L’aîné se droguait, fragile, la chute d’Icare, il a disparu, un point blanc dont on ignore la destinée.
    Aimée est une jeune femme qui décroche par choix son premier stage d’internat dans cet hôpital. Elle aurait pu faire ses preuves dans un C.H.U beaucoup plus prestigieux et non pas en banlieue. Mais, elle aussi est en quête. Elle veut se rapprocher de Jean-Claude. Elle aimait Arnaud, le radeau de la méduse de Géricault. Ils sont tous les deux en péril et se raccrochent inconsciemment aux malades et au labeur incommensurable, lourd d’un défi quotidien.
    Laëtitia est une jeune infirmière qui gère l’accueil aux urgences. Tremblante de peur, de l’erreur de diagnostic. Elle « trie » les malades, et affronte la salle d’attente bondée et impatiente.
    Fabrice est médecin au SAMU. Sa femme attend un bébé. Mais il va sentir en Aimée, une vulnérabilité, dont il pourra tirer profit. Un masque chirurgical blanc sur son cœur.
    Ce microcosme est le déploiement des habitus en version 3D. Sociologique et psychologique, d’aucuns sont ici un symbole. Jusqu’au jour de l’erreur fatale le soir de Noël. Et la neige tombe sur les doutes, les faiblesses, les trahisons et les fatigues mentales.
    Le silence de la faute, les idéaux blessés dans leur chair. « Blanches » est judicieusement un lanceur d’alerte.
    Ce tissage fascinant, clairvoyant est un cri silencieux de révolte. Il dévoile jusqu’au vertige la lutte au quotidien. L’exigence de justice. L’éthique qui peut sombrer par grands vents. C’est aussi un lever de voile magistral sur l’humain. Il pointe du doigt là où ça fait mal : jusqu’où le serment d’Hippocrate ?
    Une fresque hospitalière pétrie de sentiments. Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.

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  • Ce premier roman de Claire Vesin a l’accent de la réalité du terrain illustrant autant la perte de sens d’un métier d’engagement que la dégradation d’un service de soin au public. En situant son action, au cœur des fêtes de fin d ‘années, dans un service d’urgence au sein d’une banlieue...
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    Ce premier roman de Claire Vesin a l’accent de la réalité du terrain illustrant autant la perte de sens d’un métier d’engagement que la dégradation d’un service de soin au public. En situant son action, au cœur des fêtes de fin d ‘années, dans un service d’urgence au sein d’une banlieue appauvrie, le roman Blanches propose une mise en situation des dysfonctionnements mettant la vie des patients en danger, mais aussi la difficulté des professionnels qui y travaillent, loin des héros dont on veut les honorer.

    Brins d’histoire
    Claire Vesin a l’intelligence de suivre plusieurs soignants au sein de l’hôpital de Villedeuil, petite ville d’une banlieue oubliée.

    Jean-Claude, chirurgien, a fait toute sa carrière dans cet l’hôpital. Même s’il lui a donné toute sa vie et y a développé ses addictions, il n’imagine pas travailler ailleurs. Laetitia, infirmière, y est née. C’est son quartier. Elle connaît tout le monde. Cette proximité l’attache à cet l’hôpital.

    Fabrice est médecin au Samu. Lui, le héros de terrain, devra grandir pour assumer ses futures responsabilités. Et, il y a Aimée, issu d’un milieu bourgeois, qui commence son stage d’interne. Son côté sauveur, elle l’a développé avec son amoureux, addict aux drogues. Son besoin de réparation l’a fait choisir les urgences de cet hôpital, loin de son milieu ouaté habituel.

    Critique sociale ?
    Le lecteur assiste à l’évolution de cette galerie de soignants à partir des premières journées de stage d’Aimée, au service des urgences. À la manière d’un roman noir social, bien écrit et parfaitement construit, le roman se découvre facilement et apporte une tranche de vie romancée, agréable et moderne. Juste six mois de stage vont changer durablement la vie de chacun !

    Seulement, le lecteur peut-il en rester qu’à ce niveau de décryptage ? Claire Vesin est cardiologue en banlieue parisienne. Après des études aux États-Unis, son choix d’installation dans la banlieue est revendiqué.

    Un cri feutré sur la dérive hospitalière
    Claire Vesin décrit une interne qui est seule, lors de son premier stage, pour gérer le service d’urgence pendant une garde de fin d’année. Elle est seule médecin avec une infirmière d’accueil à gérer l’arrivée des patients, pendant vingt-quatre heures. Elle ne décrit pas une fiction, mais une réalité dont tous les soignants ne sortiront pas indemnes.

    « C’est tout l’hôpital qui s’est dégradé. Il y a trop de monde, pas assez de lits, pas assez de personnel…et les premiers à en pâtir, ce sont les habitants. Mais là, ça devient carrément criminel. On ne peut pas continuer ainsi. »

    Devrons-nous nous contenter que certains services de soins, en France, soient comme un lieu de campagne de l’association Médecins sans frontières. « Déjà pas si mal, si un médecin est disponible ! »

    De façon plus concise…
    En bref, Blanches est un premier roman, très réussi, de Claire Vesin, sans compassion, sans colère mais avec justesse, sur la réalité du milieu hospitalier français actuel, analysé de façon chronologique, durant le stage d’interne de son héroïne. Accablant mais indispensable !
    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/?p=56386

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  • Submergé, délabré, l’hôpital de Villedeuil a perdu de sa superbe. Situé à quelques kilomètres de Paris à peine, il est pourtant à un monde de la capitale. Mais venez, entrez, et voyez par vous-même. A l’entrée des urgences, vous serez accueilli par Laetitia, jeune infirmière née dans cet...
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    Submergé, délabré, l’hôpital de Villedeuil a perdu de sa superbe. Situé à quelques kilomètres de Paris à peine, il est pourtant à un monde de la capitale. Mais venez, entrez, et voyez par vous-même. A l’entrée des urgences, vous serez accueilli par Laetitia, jeune infirmière née dans cet hôpital, à deux doigts du burn-out. Après des heures d’attente, vous serez certainement ausculté par Aimée, la nouvelle stagiaire interne, une parisienne talentueuse qui n’aurait jamais dû atterrir ici. Enfin, dans les couloirs, vous croiserez peut-être Jean-Claude, le chirurgien, qui s’accroche à ce lieu qu’il a vu grandir puis péricliter. Contre vents et marées il tient la barre car ce bateau est le sien depuis toujours. Mais pour tout avouer, lui aussi prend l’eau.
    Urgences surchargées, fuite hémorragique du personnel qualifié, manque de ressources, manque de temps, manque d’argent … Toutes les failles du système hospitalier public sont réunies pour que le drame arrive. Un drame silencieux, discret, qui a la banalité de l’inéluctable.

    Ce premier roman sonne juste et dépeint sans sensationnalisme un système qui déraille. Alternant les points de vue, naviguant d’un personnage à l’autre, on se retrouve immergé dans l’envers du décor. Si l’on connait dès le départ le triste constat que dresse l’autrice sur l’univers hospitalier, on ne peut que saluer cette voix qui s’élève et nous rappelle le quotidien de ces gens que l’on a applaudit des mois durant avant de les laisser retomber dans l’oubli.

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  • Drame au service des urgences

    Pour son premier roman, Claire Vesin a choisi de nous faire vivre de l'intérieur un milieu qu'elle connaît bien, celui de l'hôpital. En suivant notamment une jeune interne et une infirmière, elle décrit avec acuité la dégradation de notre système de santé et...
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    Drame au service des urgences

    Pour son premier roman, Claire Vesin a choisi de nous faire vivre de l'intérieur un milieu qu'elle connaît bien, celui de l'hôpital. En suivant notamment une jeune interne et une infirmière, elle décrit avec acuité la dégradation de notre système de santé et l'usure de ses personnels. Bouleversant et édifiant.

    Jean-Claude est chirurgien à l'hôpital de Villedeuil, en proche banlieue parisienne. À 57 ans, il se retrouve désormais seul. Son aîné, Arnaud, a plongé dans la drogue avant de disparaître. Son épouse Nathalie a choisi de s'exiler au Canada avec son fils Vincent. Fort heureusement, il peut compter sur son ami Gilles, qui l'avait pris en charge durant leurs études, pour lui éviter de trop déprimer. C'est lors d'un dîner chez son collègue qu'il lui avait annoncé qu'Aimée, l'une de ses trois filles, avait choisi les urgences de Villedeuil pour son internat. «On voulait te prévenir, pour que tu ne sois pas étonné, si tu la croises ou si tu entends parler d'elle. Et puis peut-être que vous aurez l’occasion de travailler ensemble. Je suis certaine que ça lui ferait plaisir.»
    En fait, Aimée a fait ce choix en souvenir du combat mené par Jean-Claude pour Arnaud, dont elle était tombée amoureuse et qu'elle avait rêvé de faire sortir de sa dépendance.
    Mais les débuts de la jeune fille à Villedeuil vont s'apparenter à un chemin de croix. Très vite, elle va devoir constater l'énorme fossé entre la théorie et la pratique. «Les journées s’apparentaient à une course sans fin pour diminuer la pile des dossiers en attente (...), les échelles de gravité ne semblaient plus exister. On ne savait jamais à l’avance ce qu’on allait découvrir en ouvrant un dossier.» Les files d'attente ne cessaient de croître, tout comme le stress. Sans compter les absences ou les démissions.
    C'est dans ce climat de tension extrême que les équipes vont se retrouver réduites à la portion congrue durant les congés de fin d'année. Laetitia gérera l'accueil, Aimée posera un diagnostic, médecins et chirurgiens ne seront prévenus qu'en extrême urgence. C'est alors qu'un drame va se produire et que l'hôpital va essayer de protéger ses employées en travestissant les faits. Derrière un décès qui aurait pu être évité, reste la froideur implacable d'un engrenage infernal. «C'est tout l'hôpital qui s’est dégradé. Il y a trop de monde, pas assez de lits, pas assez de personnel. et les premiers à en pâtir, ce sont les habitants. Mais là, ça devient carrément criminel. On ne peut pas continuer comme ça.»
    Le constat que pose Claire Vesin est nourri de son expérience et des chroniques de sa vie de médecin, ce qu le rend d'autant plus accablant. Et sans aucun doute plus touchant que des dizaines d'articles et d'études sur l'état de notre hôpital public. Car, comme le montre avec force ce drame, derrière les chiffres, il y a des hommes et des femmes qui souffrent. Des hommes et des femmes dont 'abnégation force l'admiration.
    ((Babelio – Lecteurs.com – Livraddict))
    NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
    https://urlz.fr/pzy1

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  • Un sujet intéressant sur les urgences et découvrir se qui se passe derrière tout sa , un sujet d actualités mais tellement surprenant surtout ,il me tante beaucoup

    Un sujet intéressant sur les urgences et découvrir se qui se passe derrière tout sa , un sujet d actualités mais tellement surprenant surtout ,il me tante beaucoup

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  • Le titre « Blanches » me plaît... Un beau titre, direct, aveuglant : « blanches » comme les tenues, comme la lumière artificielle qui inonde les couloirs et les salles d’opérations ; nuits blanches des gardes avec trop peu de personnel… le stress et la fatigue. Du blanc en contrepoint de cette...
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    Le titre « Blanches » me plaît... Un beau titre, direct, aveuglant : « blanches » comme les tenues, comme la lumière artificielle qui inonde les couloirs et les salles d’opérations ; nuits blanches des gardes avec trop peu de personnel… le stress et la fatigue. Du blanc en contrepoint de cette ville de banlieue parisienne, nommée Villedeuil dans cette fiction, s’inspirant d’un réel étouffant.

    Jean-Claude Pouillat est un personnage attachant, un chirurgien qui a passé toute sa carrière dans cet hôpital à proximité des tours d’une ZUP. Il est devenu mélancolique et solitaire suite à une vie familiale explosée, sa femme partie au Québec et ses fils loin de lui. Depuis il boit trop. Laetitia est infirmière a l’accueil des urgences. Son rôle est essentiel et elle est très investie. Son compagnon, Kamel, a bien réussi dans ses études, un diplôme d’ingénieur en poche, il passe des entretiens pour obtenir un emploi. Aimée, jeune femme brillante marquée par un amour tragique avec Arnaud, un des fils de Jean-Claude Pouillat, débute l’internat et choisit d’effectuer son premier stage à Villedeuil, pour se rapprocher du père d’Arnaud. Un peu perdue, solitaire depuis la disparition d’Arnaud, elle se sent attirée par Fabrice, médecin au SAMU, marié et bientôt père, ce qu’il vit mal. Les personnages secondaires sont aussi intéressants : Flora et son mari, Gilles, le père d’Aimée, médecin également... Lors de ces mois vécus ensemble, leurs destins vont s’entremêler dans le quotidien stressant des urgences, avec le risque de dérapage toujours possible. Ce qui ne va tarder !

    L’écriture est directe, précise et sans détours, juste ce qu’il faut pour décrire, analyser, préparer le lecteur pour la suite, lecture addictive qui empreinte à certains codes du polar. Je ne crois pas avoir vu cela souvent : ces lignes sautées, « blanches » elles-aussi, qui donnent la respiration et la possibilité d’imaginer ce qui vient d’être lu. J’ai noté une grande maîtrise dans la manière de retranscrire les nombreux dialogues. Un découpage rigoureux, mois par mois sur deux années intenses pour Aimée, ce qui cadre bien avec un environnement scientifique très organisé ou qui devrait l’être. Et pourtant l’amour pour les personnages, pour les gens surgit à chaque page.

    L’autrice connaît ce milieu, cela se sent, sa parole est juste. J’admire cette écriture, expression irrépressible pour un livre non formatée, montrant dans la mesure l’entre soi à l’œuvre dans les quartiers, jusqu’à son expression dans la prise en charge des malades. Que de qualités : scénario savamment construit, psychologie des personnages tout à fait passionnante – je me suis cru par moment dans l’excellente série « En thérapie » –, jusqu’à la fin qui sait nous retenir sans tracer un chemin exact car l’avenir est toujours incertain, dépendant de nos choix individuels et collectifs.

    Claire Vesin est née en 1977 à Champigny-sur-Marne. Après une adolescence aux États-Unis et des études de médecine à Paris, elle décide d’exercer en banlieue parisienne, où elle vit aujourd’hui. « Blanches » est son premier roman. Un premier roman poignant. Claire Vesin fait entendre la voix sensible de celles et ceux qui font l’hôpital public et sont marqués à jamais par le combat pour soigner dignement. Un livre reçu dans le cadre de la sélection du Prix du livre Orange qui m'a permis de passer un excellent moment de lecture et de découvrir une nouvelle autrice de talent.

    J’ai l’impression que ce sont les professionnels du soin, tels que Martin Winckler (et Claire Vesin…) – Thomas Lilti aussi au cinéma –, qui ont le mieux su traduire ce qui se passe à l’hôpital en produisant des fictions marquantes. Peut-être du fait qu’ils sont au plus près de la vie… et de la mort ? Qu’en pensez-vous ?

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  • a réussite de ce premier roman repose sur ses nombreux personnages, tous évoluant aux services des urgences d'un hôpital de banlieue ouvrière parisien :
    - Aimée, qui débute son stage d'internat aux urgences , choix qui a surpris sa très bourgeoise famille de médecins mais qui répond à une...
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    a réussite de ce premier roman repose sur ses nombreux personnages, tous évoluant aux services des urgences d'un hôpital de banlieue ouvrière parisien :
    - Aimée, qui débute son stage d'internat aux urgences , choix qui a surpris sa très bourgeoise famille de médecins mais qui répond à une logique impérieuse très intime.
    - Jean-Claude, chirurgien sexagénaire qui n'a jamais quitté le centre hospitalier de Villedeuil dans lequel il exerce depuis une trentaine d'année années; solitaire et mélancolique, il ne sent vivant que lorsqu'il enchaîne vingt heures de garde au bloc
    - Laetitia infirmière d'accueil, issu d'un milieu social modeste, a grandi à Villedeuil, aime sa ville ; c'est au lycée qu'elle a rencontré son compagnon, Kamel qui s'aigrit, rongé par la honte depuis qu'il échoue à trouver un travail après de brillantes études,
    - Fabrice, médecin au SAMU, en pleine crise existentielle, déstabilisé par la grossesse de son épouse.

    Au départ, j'ai trouvé la présentation des personnages très scolaires, comme s'ils étaient écrits pour cocher toutes les cases d'une typologie sociologique convenue brassant toutes les classes sociales et proposant des profils psychologiques dont on devine les réactions. Mais à mesure que leurs caractérisations s'affinent, ils prennent subtilement chair et leurs choix commencent à sortir des ornières initiales.

    Cette évolution est d'autant plus visible que l'intrigue est très bien construite, passant d'un point de vue à un autre, pour amener tous ces personnages à se télescoper autour d'un drame, la nuit de Noël. Ce ne sont pas des surhommes, c'est leur humanité qui précipite l'action, ce sont leurs faiblesses émotionnelles ( chagrin amoureux, colère face à une injustice, blessure d'ego, sentiment d'abandon, peur ) qui accélèrent le scénario plutôt que l'inverse.

    J'ai également apprécié que Claire Vesin ne surjoue pas le drama. Etant donné l'état du service public de santé, cela aurait été facile de pousser les curseurs du pathos pour racoler le ressenti du lecteur. Mais elle ne va jamais dans cette direction, préférant rester au plus près de la vérité de ses personnages ou au plus près de la réalité du terrain.

    L'autrice est médecin cardiologue en région parisienne. Chaque page sur le quotidien du service des urgences de ce centre hospitalier respire l'authenticité. Les descriptions des lieux ( cinq tours prématurément vieillies, la gare de RER à quinze minutes à pied, le café, la ZUP à proximité ) apportent beaucoup à l'immersion du lecteur. En soi, on n'apprend rien qu'on ne sache déjà, mais c'est précis, vivant. le constat est forcément alarmant et rend un bel hommage à un personnel médical qui se bat pour maintenir à flot leur hôpital, avec investissement et dévouement malgré la fatigue liée au sous-effectif.

    Mon petit bémol concerne l'épilogue que je n'ai pas trouvé nécessaire. La dernière phrase du dernier chapitre était formidable et laissait ouverte plein de possibles, contrairement à l'épilogue qui, lui, referme la porte en imposant un devenir aux personnages que j'aurais préféré imaginer par moi-même.

    PS : on peut suivre l'autrice sur sa page instagram et y retrouver son regard tendre sur son métier et ses patiens https://www.instagram.com/madameledocteur_v_/

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  • Villedeuil, ville grise de la banlieue nord de Paris. Une ville un peu laide, à la beauté torturée des cités ouvrières. Sa gare de RER, ses barres d’immeuble, ses commerces fermés et son hôpital. Un CHU qui a connu son heure de gloire dans les années 70, mais où tout a vieilli, au fil des...
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    Villedeuil, ville grise de la banlieue nord de Paris. Une ville un peu laide, à la beauté torturée des cités ouvrières. Sa gare de RER, ses barres d’immeuble, ses commerces fermés et son hôpital. Un CHU qui a connu son heure de gloire dans les années 70, mais où tout a vieilli, au fil des restrictions budgétaires. Les murs se fissurent, les faux plafonds fuient, les fientes de pigeons menacent les brancards et les meilleurs médecins ont délaissé le lieu pour les cliniques rutilantes de l’autre côté du périph. Et pourtant, ça tourne, sur le fil, un peu par miracle, grâce à la détermination de professionnels engagés mais proches du point de rupture. Grâce à des chirurgiens dévoués comme Jean-Claude, qui est resté coûte que coûte, en dépit des conditions bien moins confortables que celles du privé. Grâce à des infirmières comme Laetitia, fourmis ouvrières sans qui les services ne pourraient pas fonctionner. Grâce à des internes comme Aimée, qui doivent prendre des responsabilités bien trop vite à peine formées, pour pallier les absences non remplacées. Ça tourne, jusqu’au jour où ça casse. Jusqu’au jour où les rouages se grippent et où les vocations vacillent.
    .
    Ce roman est la chronique du quotidien de l’hôpital. Une institution malmenée, mise à mal, méprisée et au bord de l’implosion. Une institution qui, dans de nombreux endroits, est le dernier rempart du service public, le dernier endroit où les plus démunis peuvent encore être soignés. L’hôpital public de banlieue, Claire Vesin le connaît bien car elle y est elle-même médecin. Et c’est pour cela qu’elle réussit aussi bien à incarner son malaise en lui donnant des visages attachants et ultra réalistes. Des professionnels dévoués mais en proie au doute, broyés par un système leur laissant peu d’espoir. Mais, puisque c’est quand même aussi un roman, des personnages tous confrontés à des conflits de loyauté: avec leur famille, avec leur milieu ou avec leurs rêves et leurs idéaux. Des soignants que l’on se plaît à suivre et que l’on quitte à regret.
    À lire pour comprendre la souffrance de ces professionnels si peu considérés, pour ouvrir les yeux sur les dérives d’un système à l’agonie

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