Comment la Terre peut-elle venir au secours de notre humanité en péril ?
Dans son 11ème roman, Serge Joncour s'inspire de sa propre expérience d'écrivain puisqu'il l'a écrit alors qu'il était en promotion pour son roman précédent, L'amour sans le faire. Aussi, dans L’écrivain national, il met en...
Comment la Terre peut-elle venir au secours de notre humanité en péril ?
Le roman de Serge Joncour a inspiré le film « Revenir », au cinéma le 29 janvier
Deux lectures de "Chien-loup" de Serge Joncour (Flammarion)
"Repose-toi sur moi" de Serge Joncour a reçu le prix interallié 2016
Retour aux Bertranges, auprès de leur frère Alexandre et de leurs parents pour trois sœurs citadines prises dans la tourmente du confinement de 2020. Stressées par la ville, la peur du virus, l’enfermement, le télétravail, comme tant de personnes à travers le monde, Vanessa, Caroline et Agathe décident de rejoindre la ferme familiale qu’elles avaient désertée des années auparavant.
La cohabitation, durant de longues semaines, ne se fait pas sans mal. Des griefs, des histoires d’argent, d’éoliennes, d’héritage ont mis à mal les liens familiaux. Pourtant, de confrontations en confidences, il faut s’accepter à nouveau, faire face à l’angoisse que distille le virus, prendre en charge les effets du dérèglement climatique qui affecte leur bel environnement. Réapprendre à vivre ensemble au rythme des saisons, pour retisser des liens en sommeil et qui sait… retrouver un peu de chaleur humaine.
On retrouve avec plaisir, au cœur du Lot, vingt ans plus tard, cette famille rencontrée dans Nature humaine qui poursuit sa route lors de la pandémie et trouve un réconfort insoupçonné auprès d’Alexandre. Une présence essentielle pour tous, des parents à la retraite jusqu’à l’ amoureuse discrète, pour trois jeunes chiots sauvés de trafiquants et aussi pour la terre qui n’accorde pas de répit.
Serge Joncour ravive notre mémoire avec beaucoup de clairvoyance en nous contant ces péripéties familiales au cœur de la ruralité, au plus près d’une nature qui reprend ses droits. Une belle chronique familiale qui explore avec tendresse les liens familiaux au moment où le monde bascule, évoque le retour à la terre qui s’est brusquement précipité à ce moment-là, et fait l’éloge d’une nature à préserver absolument. Revenir à l’essentiel car nul ne sait de quoi sera fait la nouvelle ère qui nous attend.
« … la vie va d'une peur à l'autre, d'un péril à l'autre, en conséquence il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif. »
C’est le souvenir d’une période pas si lointaine qui affleure dans ce récit touchant, empreint d’humanité, où se côtoient gravité et nostalgie, humour et tendresse.
Tout comme le premier tome de cette série, je n'ai pas vraiment accroché à cet épisode de confinement suite au Covid.
J'espérais un peu plus que ce décompte de jours dans la vie des personnages, un autre regard littéraire, décalé, sur ce que nous avons tous vécu il n'y a pas si longtemps.
Rien de neuf.
C'est l'histoire d'une famille qui se réunit, qui se retrouve. Cette famille, on la connait, c'est celle de Nature humaine. le Lot, la vallée de la Rauze. Des agriculteurs à la retraite. Quatre grands enfants, quadra, quinqua. Alexandre, le fils « loyal » qui a repris l'exploitation familiale, la ferme des Bertranges. Trois filles qui sont parties à la ville, Toulouse, Rodez, Paris, et sont en froid avec leur frère pour une histoire de terres cédées pour y installer des éoliennes et un centre de maintenance pour une société d'autoroutes.
Il fallait trouver le catalyseur pour lancer la mécanique des retrouvailles. Très pertinemment, Serge Joncour choisit la crise COVID et son confinement qui pousse les soeurs à venir se réfugier aux Bertranges, exposant ainsi les rancunes familiales pour les placer à l'heure des règlements de compte. Ceci étant, ce n'est pas un roman sur le COVID même si le livre permet de regarder dans le rétroviseur cette période, et qu'il est impossible de ne pas se reconnaître dans les comportements décrits.
Comme à chaque fois, Serge Joncour puise la force de sa narration en ses personnages, tous magnifiquement caractérisés, tous humains, terriblement humains. D'abord, Alexandre qui semble insubmersible ; alors que le monde entier plonge dans la dépression, lui va étonnamment bien sur ses terres, la pandémie a validé ses choix, prouvant qu'il avait eu raison de miser sur une pratique agraire respectueuse de la nature. Puis Constanze, sa compagne, militante écologiste apaisée qui vit dans une réserve biologique protégée en Corrèze.
Et puis les soeurs, les urbaines, qui voient leurs certitudes bousculées par la crise. Serge Joncour a l'art de scruter les consciences, dévoilant subtilement les changements qui s'opèrent en elles alors que c'est si difficile de se comprendre après plus des années de silence lorsqu'on a rien en commun ni aucune expérience à partager :
« En le regardant faire, elle se demandait comment elle avait pu lui en vouloir autant. A l'époque, elle lui reprochait de ne pas avoir d'autre rêve que de vivre ici, de s'en tenir à ça. Elle estimait peu glorieux ce manque d'imagination pour un adolescent. Alors qu'elle aurait dû le bénir, en tout cas le remercier d'assurer la pérennité de ces terres, sans quoi les parents n'auraient pas pu garder la ferme, et ici il n'y aurait plus rien eu, sinon des ruines. Il y avait trente ans, elle le tenait pour un homme du passé, mais en fin de compte c'était bien lui le mur porteur, le socle renouvelé de la famille, à tel point qu'en ce moment même, pour trouver refuge, c'est vers lui qu'elle s'était tournée. »
Le titre l'indique bien, il est question d'hommes mais la faune et la flore sont au coeur du mouvement qui anime les personnages et leur évolution, dès les premières phrases, magnifiques, qui décrivent la joie des vaches à retrouver les pâtures lors de la mise à l'herbe hivernale. On sent l'engagement de l'auteur lorsqu'il célèbre la beauté de la nature qui respire lorsque les activités humaines se mettent en pause, lorsqu'il introduit dans l'intrigue trois chiots bichons comme symbole de cette nature à protéger, ou lorsqu'il dénonce les dérives de l'agriculture productiviste à l'ère du dérèglement climatique.
Engagé, oui, mais jamais donneur de leçons. C'est cette humilité, alliée à une véritable hauteur de vue dénuée de cynisme, que j'ai particulièrement appréciée dans cette fable tendre et humaniste. Finalement, la chronique familiale, radiographie juste d'une époque, se transforme en chant louant le lien retrouvé entre les corps et la nature, sans naïveté mais avec un optimisme qui fait du bien à l'âme.
« La vie va d'une peur à l'autre, d'un péril à l'autre, en conséquence il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif. »
Chronique du XXIème siècle, Chaleur humaine raconte, à travers la vie d’une famille dispersée issue du monde rural, les choix d’avenir de toute une génération de provinciaux.
Seul Alexandre est resté à la ferme lorsque les parents ont pris leur retraite. Les trois sœurs, elles, ont fui cette vie rurale et sont parties chacune de leur côté, à Toulouse pour Caroline devenue prof, à Paris pour Vanessa l’artiste web designer ou à Rodez pour Agathe qui tient un bistrot avec son mari.
Mais le COVID a rattrapé tout le monde et, en mars 2020, la famille se trouve à nouveau réunie aux Bertranges, dans la ferme familiale de ce Causse du Lot.
Situé 20 ans après Nature humaine, ce roman d’ambiance décrit une société poussée dans ses retranchements par « un micro-organisme qui a suffi à inverser l’ordre des choses ».
Et autour de leur famille recomposée, ces néo-citadins redécouvrent « une existence centrée sur les préoccupations du dehors, de la nature des insectes et du temps qu’il fait. »
Mais cette réunion de tant de vocations différentes n’est-elle pas seulement « une universelle parenthèse » et qu’en restera-t-il lorsque chacun aura repris sa vie sans virus ?
Un roman empreint de nostalgique qui traverse ces années 2020 avec beaucoup de clairvoyance, en en retraçant les grandes étapes dont, les débuts du macronisme, les gilets jaunes, les mois de confinement et les envies de retour à la nature.
Serge Joncour, en grand connaisseur du monde rural, s’interroge sur cette « nouvelle ère, porteuse de progrès et de paix, qui ne tiendra peut-être pas toutes ses promesses ».
J’ai lu avec plaisir ce plaidoyer pour la richesse des liens humains qui m’a transportée à nouveau aux Bertranges où je me sens un peu chez moi, et c’était bien agréable.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
On s'amuse toujours autant à découvrir les réinterprétations des dieux grecs et de leurs univers respectifs
Au Caire, Tarek, jeune médecin, voit sa vie bouleversée lorsqu'il rencontre Ali, 17 ans
Inspiré par la photographie de Robert Capa "La tondue de Chartres", le récit d'une femme prête à tout pour sortir de sa condition
Les éditeurs basés en Afrique peuvent proposer jusqu'à deux romans jusqu'au 10 octobre 2023.