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Vérité ou radicalité de l'architecture ? ; y a-t-il un pacte d'architecture ?

Couverture du livre « Vérité ou radicalité de l'architecture ? ; y a-t-il un pacte d'architecture ? » de Jean Baudrillard aux éditions Sens Et Tonka
Résumé:

Baudrillard commence ainsi son texte : «Partons de l'espace, qui est quand même bien la scène primitive de l'architecture, et de la radicalité de l'espace, qui est le vide. Y a-t-il nécessité, et une possibilité de structurer, d'organiser cet espace autrement que par une extension horizontale et... Voir plus

Baudrillard commence ainsi son texte : «Partons de l'espace, qui est quand même bien la scène primitive de l'architecture, et de la radicalité de l'espace, qui est le vide. Y a-t-il nécessité, et une possibilité de structurer, d'organiser cet espace autrement que par une extension horizontale et verticale - autrement dit : est-il possible d'inventer, face à la radicalité de l'espace, une vérité de l'architecture?
Est-ce que l'architecture s'épuise dans sa réalité, dans ses références, dans ses procédures, dans ses fonctions et ses techniques, ou est-ce qu'elle n'excède pas tout cela pour s'épuiser dans autre chose, qui serait sa propre fin, ou qui lui permettrait de passer au-delà de sa fin ? Est-ce que l'architecture existe encore audelà de sa vérité, dans une sorte de radicalité, de défi à l'espace (et non seulement de gestion de l'espace), de défi à cette société (et non pas seulement d'obéissance à ses contraintes et de miroir des institutions), de défi à la création architecturale elle-même, à l'architecte créateur ou à l'illusion de sa maîtrise ?
Voilà. Je [veux] cerner ce qu'il en est de l'illusion architecturale. » Dans ce texte aussi court que magistral la pensée baldrillardienne s'exprime avec majesté : le paradoxe, à savoir : poser l'essence brève et indiscutable de la chose sur laquelle son regard se pose, clore à un point de contention absolue la raison du raisonnement et, enfin libérer la liberté de pensée et d'action de la chose posée.
Rarement une pensée sur, ou à propos de l'architecture le fut avec cette acuité, sans doute inadmissible, avec une aussi jolie tendresse, car c'est là le paradoxe baldrillardien : aimer ce que l'on repousse, épouser le haï pour le contraindre à sa radicalité fervente et heuristique. Fin de toute dialectique.
En voici un bel exemple que je trouve dans l'annexe : «L'architecture ne peut se vouloir qu'une allégorie idéale de la cité, [...] c'est celle-ci qui s'empare de l'architecture malgré elle, et qui fait éventuellement [sic] de ses productions des monstres. [...] L'architecture ne construit plus, dans sa forme ambitieuse, que des monstres - en ce qu'ils ne témoignent pas de l'intégrité d'une ville, mais de sa désintégration, non de son organicité, mais de sa désorganisation. [...] Leur fonction [...] est celle d'un lieu d'expulsion, d'extradition, d'extase vide, de banquise spatiale. » L'observation juste relève d'une tendresse terrifiante, d'une mémoire acide, celles de la pensée radicale. H.T.

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