Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Albert Camus notait que " mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur de ce monde ". Il réactualisait là la formule de Socrate dans le Phédon : " Une expression vicieuse ne détonne pas uniquement par rapport à cela même qu'elle exprime, mais cause encore du mal dans les âmes ".
" Terrorisme " et " Résistance " sont entrés dans la sémantique politique moderne à la même période, par la Révolution française. " Résistance " à la Tyrannie, " Terrorisme " pour désigner les années robespierriennes.
Deux modalités combattantes qui sont dans leur fondement antinomiques.
La Résistance fait obstacle à la libido dominandi. La terreur appartient pleinement à l'ordre de la domination et de la cruauté et contredit de facto les horizons émancipateurs de tout projet " libérateur ". La terreur est la signature du principe de tyrannie. Elle est le signal anticipé de la politique à venir de ses tenants quand bien même ceux ci ne seraient pas encore parvenu à s'emparer des instruments étatiques du Pouvoir.
En s'appuyant sur les Résistances durant la Seconde Guerre Mondiale (résistances armées, résistances de " sauvetage " des persécutés, résistances culturelles), en recourant aux ressources de l'histoire, de l'anthropologie, et de la sociologie, il s'agira de dégager du point de vue de la philosophie politique er de l'interrogation éthique ce que peut signifier " Résistance " comme " Esprit " en valeur absolue.
Il s'agira encore de tenter de corriger les approximations du parler public, les extensions trivialisantes, les emphases tribuniciennes et les propagandes instrumentales, qui, dans une pente anomique lexicale, brouillent les distinctions radicales entre " Résistance " et " Terrorisme ". Car il en va de " résistance ", comme il en va par exemple de " génocide ", un dévoiement de sens au gré des idola fori. Ces idoles du langage de la place publique épinglées par Francis Bacon dans son Novum Organum.
La où la résistance dessine une " société éthique " transversale, fut elle exceptionnelle, contingente, transitoire ; le " terrorisme " lui porte la mort pour la mort, dans une tension de destruction, de haine, de toute puissance et de raison instrumentale. On ne s'étonnera donc pas que réseaux mafieux et réseaux terroristes s'imitent en violence et s'interpénètrent en intérêts, dans une porosité entre groupes terroristes et " crime organisé ". La confusion entre " résistance " et " terrorisme " n'a pas donc pour conséquence un défaut cognitif, elle participe d'une " carence éthique " -comme on dit " carence affective " ou " carence alimentaire " - qui entame l'humain dans l'Homme.
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