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Sans mobile apparent ; enquête auprès des "sans portable"

Couverture du livre « Sans mobile apparent ; enquête auprès des
Résumé:

Tout le monde en a un. Eux non ! Ils se tiennent à l'écart de l'élan majoritaire et ne désirent pas a priori ce qui apparaît comme socialement désirable. Dans la sphère privée comme dans la sphère professionnelle, ils sont sans « mobile », terme générique couvrant les différentes générations :... Voir plus

Tout le monde en a un. Eux non ! Ils se tiennent à l'écart de l'élan majoritaire et ne désirent pas a priori ce qui apparaît comme socialement désirable. Dans la sphère privée comme dans la sphère professionnelle, ils sont sans « mobile », terme générique couvrant les différentes générations : du téléphone à carte au smartphone, de l'outil d'oralité à l'outil d'écriture et de lecture. Qui sont-ils ? L'intrigue du non-équipement ne peut être résolue par un simple renversement des observations des possédants et de leurs usages.
Au fil du questionnaire déployé auprès de 527 ascètes mobiphoniques et de l'analyse des récits de 270 d'entre eux, l'enquête dévoile une population hétérogène jouant sur une trentaine de « bonnes raisons ». Ces « sans mobile » ne sont pas sans voix. S'entremêlent des arguments parlant à la fois de l'objet et du sujet social qui les avance. Le dire peut défendre des convictions (argumentation identitaire ), insister sur les circonstances de lieu et de temps propices au non-équipement (argumentation contextuelle), se focaliser sur les caractéristiques et propriétés de la chose jugée (argumentation matérielle et technique), faire valoir le passé pour expliquer le rapport actuel au « mobile » (argumentation historique) ou encore pointer le rôle joué par autrui (argumentation s'appuyant sur un tiers).
Les « sans » comptent dans leurs rangs des « ex » qui se sont détournés de l'objet, l'ont cédé sans regret ou l'ont simplement perdu ; mais aussi des frustrés s'insurgeant contre un non-équipement subi. Ces scenarii de non possession ou de dépossession ne nous renseignent pas sur les (non) usages. Ces non-équipés peuvent solliciter autrui, emprunter l'outil à l'occasion, voire fréquemment. Ils peuvent a contrario ne l'avoir jamais manipulé et dépeindre un quotidien analogue à celui des équipés ayant désinvesti la chose.
Si le non-équipement autorise et produit des usages spécifiques du mobile, l'équipement n'interdit pas le non- usage. Il ne s'ensuit pas que ces non-usagers équipés se confondent avec les non-usagers non équipés. Les premiers ayant, à la différence des seconds, un statut de joignable. D'où l'intérêt d'une approche paradoxale séparant et fusionnant les niveaux : équipement et usage.

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