Voilà 30 ans que la mondialisation et le progrès technique se sont conjugués pour mettre sous pression les organisations en les obligeant à faire toujours plus vite et moins cher. Intégration, massification, standardisation sont devenus les maîtres mots de cette entreprise mondialisée. La dernière crise n'a pu qu'accentuer un phénomène déjà depuis longtemps en marche. Ces évolutions ont des conséquences dévastatrices sur le management soumis à la multiplication des injonctions paradoxales (standardiser la production/répondre à la demande du client par exemple) : alors que les normes, les procédures et la centralisation ne cessent de se renforcer, les individus sont également sommés de faire preuve de plus d'autonomie et voient s'accroître leurs responsabilités sur le terrain. Ultime paradoxe, la grande entreprise arrive même à rendre efficaces des personnes qui n'adhèrent pas à son projet et à son mode de fonctionnement. Autrement dit, si « le don de soi ne va plus de soi », c'est, contrairement à une idée reçue, parce que l'entreprise a changé dans son rapport au travail et non parce que le travail aurait perdu de sa valeur. Poursuivant la réflexion qu'il avait entamée avec ses deux précédents ouvrages, Olivier Vassal dresse un tableau extrêmement précis et juste des mutations du travail et de l'entreprise depuis ces dernières années. Soulignant les contradictions qu'elles entraînent pour le management, il en montre aussi le bon côté : les entreprises performantes seront celles qui auront remis l'individu au centre afin d'arbitrer et de gérer des contraintes de plus en plus complexes. Autrement dit, c'est la question de la motivation qui se trouve là clairement posée, avec pour corollaire inévitable celle de l'éthique du management, notamment dans sa capacité d'exemplarité.
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