L'homme aurait été assis dans l'ombre du couloir face à la porte ouverte sur le dehors. Il regarde une femme qui est couchée à quelques mètres de lui sur le chemin de pierres. Autour d'eux il y a un jardin qui tombe dans une déclivité brutale sur une plaine, de larges vallonnements sans arbres, des champs qui bordent un fleuve. On voit le paysage jusqu'au fleuve. Après, très loin, et jusqu'à l'horizon, il y a un espace indécis, uneimmensité toujours brumeuse qui pourrait être celle de la mer...
Ce livre de 36 pages est pour un public averti.
Il se présente comme la photo d'un instant entre cet homme aux yeux bleus et dans l'ombre, assis dans le couloir qui donne sur le perron, et cette femme aux yeux verts parfois entre-ouverts, parfois fermés, à la peau d'une "blancheur effrayante" (p.13). Elle est là, allongée sur le sol de pierres baignées de soleil, le corps à demi-dénudé dans sa robe déchirée où elle "s'immobilise ainsi ouverte à lui [... et montre à voir] l'enclave [de son] sexe entre les lèvres écartées" (p. 12).
Erotique, sensuel, brutal, avec une métaphore filée du fleuve du pays lointain qu'est l'Indochine, c'est le désir brut, le désir de cet femme et cet homme dont on attend de savoir s'il va y aller ou non. Il y va. Il jouit sur elle, en elle. Il devient brutal, elle se laisse faire, elle veut jouir.
La deuxième partie mêle la violence au désir et à la jouissance. C'est toujours particulier chez Marguerite DURAS. On le retrouve aussi dans son livre "Les yeux bleus cheveux noirs". Ici, cette femme devient "une forme débraillée" (p.17), de "la boue d'un marécage" (p.19) sous le pied et les gifles de cet homme qui la domine de son désir à lui. La page 23 est une description assez spectaculaire d'un pénis après l'amour. Elle crève de désir. Elle veut jouir. Ils vont parler un peu, elle va le masturber puis ils vont enfin jouir ensemble.
Le final est comme souvent chez Duras : un désir (ici débouchant sur la jouissance) qui s'accompagne ensuite de pleurs.
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