Et si vous pouviez y trouver vos prochaines lectures ?
Et si vous pouviez y trouver vos prochaines lectures ?
Merci à Jean-Paul pour ses impressions, ses rencontres, ses Correspondances
Objet esthétique, thématique pointue, le beau livre retient toujours l'attention et notamment lors de période de fêtes, propice à un cadeau de qualité.
Les récompenses ont été attribuées : le 28 novembre 2014 à la Maison de la Radio, Lire dans le noir a distingué pour la sixième année consécutive, les lauréats de l’année de publication 2014. Mapuche de Caryl Ferey, lu par Feodor Atkine (Gallimard, coll « Ecoutez lire »), est le gagnant en catégorie nouveautés. Parmi les classiques revisités cette année, c’est La Promesse de l’aube de Romain Gary, lu par Pierre Hervé pour le même éditeur qui remporte la palme. En catégorie « documents », la récompense est attribuée au biologiste Pierre-Henri Gouyon lisant son Evolution aux éditions De vive voix, une mise en questionnement de la théorie de l’évolution à la lumière des recherches scientifiques récentes. Enfin, le prix Lire dans le noir « jeunesse » est donné à Halb, l’autre moitié, de Sigrid Baffert, lu par Elsa Zylberstein publié aux éditions des Braques.
Ayant vu et aimé le film, je dois bien reconnaître que j’ai ouvert le livre parce qu’on me l’a tendu. Mais quelle erreur aurai-je commise si je n’avais pas suivi ce geste ! Je connaissais l’histoire, je savais ce que la période de fin de la seconde guerre mondiale avait dévoilé d’atrocités, notamment les souffrances des déportés sans ignorer les affaires troubles qui s’étaient tramées au sein des réseaux de la Résistance.
Mais que la plume de Marguerite Duras avait du talent pour raconter et faire naître les frissons de la douleur !
Résistants dans le réseau Morland, le 1er juin 1944, Robert L. mari de la narratrice, est arrêté par La Gestapo. Dans l’attente d’un improbable retour, elle déploie toutes ses forces et son imagination pour savoir. L’état des soldats épargnés parlent d’eux-mêmes des conditions de leur détention, la découverte des charniers dans les camps… oui, la littérature transmet toujours les messages de l’horreur, mais c’est d’autant plus émouvant lorsque l’écriture parle vraie.
Dans ce journal retrouvé, Marguerite Duras emploie des mots simples et justes, écrit de courtes phrases pour marteler les faits, accentuer la douleur dévastatrice de l’attente, du questionnement, de la séparation, de l’espoir furtif suivi du plus profond désespoir…
Outre l’expression forte d’une foule de sentiments, le lecteur est plongé dans le contexte troublant de l’Occupation et les agissements de l'humain, que seule pareille époque peut envisager sans jamais toutefois justifier.
Objet littéraire ou objet de mémoire ? « la douleur » est le livre de Marguerite Duras à lire à tout prix.
Lien : https://www.livresselitteraire.com/2018/12/lamant-de-marguerite-duras.html
L'amour impossible sous toutes ses formes. L'amour de cet homme plus âgé alors qu'elle n'a que quinze ans. L'amour interdit, elle française née au Vietnam, lui chinois. Lui riche, elle pauvre, fille d'une directrice d'école, soeur de deux frères dont l'un porte en lui une violence folle.
L'amour clandestin, dans cette chambre de bonne où elle découvre le sexe, le corps pour la première fois. Et chaque autre fois semblera être une première fois.
L'amour impossible sous toutes ses formes. À travers son histoire familiale. Ce sombre grand frère qu'elle aurait aimé tuer. Ce petit frère, pris sous son aile. Cette mère, qui ne sait pas aimer. Cette mère, que la folie semble gagner. Cette mère, qui n'a d'yeux que pour le grand.
L'amour impossible sous toutes ses formes. À travers le vertige d'écrire. Un vertige qui ne lui ai pas permis. Comme l'amant de Cholen.
L'amour avec lui, l'amant, dont elle ne sait si elle est amoureuse. Il l'attire, il la désire au premier regard. Elle est belle. Les hommes la regardent. Mais bientôt ce sera lui. Lui l'homme de retour au Vietnam. Lui, l'homme qu'elle ne peut fréquenter. Transgression sociale.
À l'âge de quinze ans, elle s'offrira à lui, laissant à ses mains experte son corps, sa jeunesse, sa peau laiteuse. Elle en redemandera encore, encore plus, toujours plus fort. La liberté aux bout de ses doigts. Expulser peut-être le mal par le corps. Par les pores. Durant deux ans. Jouir. Sans jamais lui céder son cœur.
Mais mourir, sous son corps, pourquoi pas. La mort présente partout, très jeune. Rôde, petite morte. Celle des corps assouvissant le désir. Dans un dernier cri, jouir et tout relâcher. Puis mourir de désir pour Hélène Lagonelle.
Mais aussi la mort, celle des proches, le petit frère notamment. La mort qui plane dessus la plume. La plume qu'elle prend pour contrer la mort. D'un amour, des amours, des souvenirs, d'un pays.
Dans cette histoire familiale, je m'y suis retrouvée. Dans cet entre-deux de la découverte de soi, je m'y suis retrouvée. Cet âge où nous ne sommes plus enfants, pas adultes. Cet âge où le corps change, explore, désire, enfièvre. Homme. Femme. Cette nudité que l'on découvre puis qu'on possède. Décomplexés.
Dans une atmosphère moite, Marguerite Duras révèle la complexité des sentiments. L'hésitation perpétuelle entre mort et jouissance, amour et désir. Liberté et obéissance. La non-communication familiale, omniprésente. L'incapacité et l'impuissance à rendre cette mère heureuse et fière. La crainte d'un homme - son frère - dont la violence menace sans cesse d'éclater. Et puis la perte, qui cause le plus immense des chagrins. Celle du petit frère.
Au sein de ces paysages inoubliables du Vietnam, sur un bras du Mékong, elle retrace l'apprentissage. Les pronoms se confondent comme autant d'observation sur la vie. Parfois "je", parfois "elle" lorsqu'elle ne devient plus raconteuse mais observatrice, anthropologue des souvenirs. Comme une distance entre celle qu'elle fut et celle qu'elle était en 1984, écrivaine. Entre la réalité d'un passé et le rêve d'une vie ou son cauchemar, parfois, quand le sombre s'abat sur le cœur, quand la nuit se pose en plein jour.
Même si j'avoue qu'elle a parfois perdu mon attention dans certaines de ses digressions - qui font cependant partie de sa grande liberté - je ressors secouée de cette lecture. Marguerite Duras parvient, au travers de ses fulgurances, à extraire de profondes réflexions sur tous nos paradoxes. Et ils sont rares ces récits qui disent, si justement, l'état de cet âge. Qui parlent si librement du corps, de sa fouille. De sa jouissance. Qui parlent si librement de cette pulsion d'anéantir autant que de retenir. Un homme, un frère, une mère, un amour, des souvenirs, une folie. D'une vie.
Un chef d’œuvre qui dès le début m’a fait penser aux Raisins de la colère de Steinbeck. Certainement du fait de la fatalité qui – en toute conscience - entraîne les personnages à tout faire pour échapper à un destin destructeur et à la misère décrite sans concession.
La mère, marquée au fer rouge de la déveine, nous touche et nous exaspère aussi parfois du fait d’un comportement erratique.
Ses deux enfants savent, au plus profond d’eux-mêmes, que leur salut tient à leur fuite de ce milieu étouffant, mais leurs relations sont tellement osmotiques que ce choix de partir est sans cesse différé jusqu’au jour où...
Ce récit historique, inspiré de l’adolescence de Marguerite Duras en Indochine, nous propose une description, pour le moins amère, négative et cruelle, de la vie dans les colonies. L’administration coloniale ruine sans états d’âme les colons. Ce récit montre l’envers du décor : la vie, à 10 000 km de la métropole, était loin d’être paradisiaque. Un style puissant. Un parfum de vérité qui nous envoûte encore soixante-dix ans après sa publication.
Lol V. Stein voit se produire lors d'un bal l'événement qui va la conduire au seuil de la folie. Michael Richardson, son fiancé, tombe amoureux au premier regard d'une autre femme. Un événement qui sur l'instant ne semble pas l'atteindre, ce n'est que par la suite que Lol semble payer " l'étrange omission de sa douleur pendant le bal ", passant par tous les stades de la sidération, des cris assourdissants à la prostration.
Puis, Lol se marie et devient mère de trois enfants. Elle est joyeuse, semble heureuse, on pourrait la dire guérie. C'est à ce moment, qu'après dix ans d'absence, elle vient se réinstaller avec sa famille dans la ville de sa jeunesse, celle du bal, et y retrouve Tatiana Karl, l'amie témoin de l'événement initial.
Dans ce lieu retrouvé, Lol rejoue le passé. Mais inverse les rôles. La femme trompée sera l'autre, son amie, dont elle prend l'amant. Lol passe de l'autre côté du miroir. La fin de l'amour, la minute où l'amour se sépare, dont il ne reste : " que son temps pur, d'une blancheur d'os ", c'est Tatiana qui va la connaître.
Lire Marguerite Duras me subjugue, me transporte. Je lis, relis les mots, les fulgurances, les phrases magnifiques. M'en imprègne. Quelque chose m'impressionne. Quelque chose qui est peut-être en nous comme l'amour, la sensualité, la passion, la folie qu'on reconnaît dans Le Ravissement, qui nous saisit et nous éclaire sur l'amour absolu - l'amour pour l'amour, l'amour dont l'objet serait lui-même.
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