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L'Été 80

Couverture du livre « L'Été 80 » de Marguerite Duras aux éditions Minuit
  • Date de parution :
  • Editeur : Minuit
  • EAN : 9782707320223
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

« Au début de l"été, Serge July m'a demandé si j'envisageais dans les choses possibles d'écrire pour Libération une chronique régulière. J'ai hésité, la perspective d'une chronique régulière m'effrayait un peu et puis je me suis dit que je pouvais toujours essayer. Nous nous sommes rencontrés.... Voir plus

« Au début de l"été, Serge July m'a demandé si j'envisageais dans les choses possibles d'écrire pour Libération une chronique régulière. J'ai hésité, la perspective d'une chronique régulière m'effrayait un peu et puis je me suis dit que je pouvais toujours essayer. Nous nous sommes rencontrés. Il m'a dit que ce qu'il souhaitait, c'était une chronique qui ne traiterait pas de l'actualité politique ou autre, mais d'une sorte d'actualité parallèle à celle-ci, d'événements qui m'auraient intéressée et qui n'auraient pas forcément été retenus par l'information d'usage. Ce qu'il voulait, c'était : pendant un an chaque jour, peu importait la longueur, mais chaque jour. J'ai dit : un an c'est impossible, mais trois mois, oui. Il m'a dit : pourquoi trois mois ? J'ai dit : trois mois, la durée de l'été. Il m'a dit : d'accord, trois mois, mais alors tous les jours. Je n'avais rien à faire cet été-ci et j'ai failli flancher, et puis non, j'ai eu peur, toujours cette même panique de ne pas disposer de mes journées tout entières ouvertes sur rien. J'ai dit : non, une fois par semaine, et l'actualité que je voulais. Il a été d'accord. Les trois mois ont été couverts à part les deux semaines de fin juin et début juillet. Aujourd'hui, ce mercredi 17 septembre, je donne les textes de L'Été 80 aux Éditions de Minuit. C'est de cela que je voulais parler ici, de cette décision-là, de publier ces textes en livre. J'ai hésité à passer à ce stade de la publication de ces textes en livre, c'était difficile de résister à l'attrait de leur perte, de ne pas les laisser là où ils étaient édités, sur du papier d'un jour, éparpillés dans des numéros de journaux voués à être jetés. Et puis j'ai décidé que non, que de les laisser dans cet état de textes introuvables aurait accusé davantage encore -mais alors avec une ostentation douteuse - le caractère même de L'Été 80, à savoir, m'a-t-il semblé, celui d'un égarement dans le réel. Je me suis dit que ça suffisait comme ça avec mes films en loques, dispersés, sans contrat, perdus, que ce n'était pas la peine de faire carrière de négligence à ce point-là.
Il fallait un jour entier pour entrer dans l'actualité des faits, c'était le jour le plus dur, au point souvent d'abandonner. Il fallait un deuxième jour pour oublier, me sortir de l'obscurité de ces faits, de leur promiscuité, retrouver l'air autour. Un troisième jour pour effacer ce qui avait été écrit, écrire. » M.D.

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Avis (2)

  • Une balade étrange entre mélancolie rebelle, analogie de l'Histoire réelle (la révolte des ouvriers de Gdansk, la guerre...), beauté des descriptions de la mer, de la nuit et... cette étrange histoire entre la monitrice du camps de vacances et un enfant, David, aux yeux gris.
    Cette dernière...
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    Une balade étrange entre mélancolie rebelle, analogie de l'Histoire réelle (la révolte des ouvriers de Gdansk, la guerre...), beauté des descriptions de la mer, de la nuit et... cette étrange histoire entre la monitrice du camps de vacances et un enfant, David, aux yeux gris.
    Cette dernière histoire est une sorte de magma entre :
    - son souvenir de l'Amant où c'était elle l'enfant qu'on menait, qu'on lavait (sic dans l'été 80 aussi), qu'on aimait et puis que soudainement on n'a plus aimé parce qu'il y avait un car à prendre (un paquebot dans l'Amant pour marquer la séparation définitive). Elle l'appelle même une "traitrise" (chapitre 10 de l'été 80)
    - et son amour qui s'installe avec Yann Andréa, cette différence d'âge, cette possible trahison qu'elle pourrait avoir envers lui, ou pas.

    L'histoire de cette monitrice et de l'enfant me dérange toutefois car je peux comprendre la sublimation, pas la pédocriminalité sans acte abouti. On est dans des descriptions et une relation clairement malsaines.

    Il y a des passages très beaux comme des passages très longs, des ruminations. Celui-ci m'a particulièrement touché car il est probable qu'il s'applique directement aussi à Marguerite DURAS et à chacun d'entre nous : "Je me suis dit qu'on écrivait toujours sur le corps mort du monde et, de même, sur le corps mort de l'amour. Que c'était dans les états d'absence que l'écrit s'engouffrait pour ne remplacer rien de ce qui avait été vécu ou supposé l'avoir été, mais pour en consigner le désert par lui laissé'" (p. 67)

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  • Recueil d’articles écrits par Marguerite Duras pour le journal Libération. Mélange d’actualités relatées sur le fil conducteur de l’histoire d’un petit garçon en colonie de vacances et de son accompagnatrice (ce qui serait en vérité une transposition déguisée de Yann Andréa et elle-même). La...
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    Recueil d’articles écrits par Marguerite Duras pour le journal Libération. Mélange d’actualités relatées sur le fil conducteur de l’histoire d’un petit garçon en colonie de vacances et de son accompagnatrice (ce qui serait en vérité une transposition déguisée de Yann Andréa et elle-même). La mort et les tempêtes rôdent… Les descriptions de la plage, de la mer et du climat sont somptueuses. « Le ciel était nu et blanc mais la mer était encore déchaînée. Elle est restée longtemps ainsi, dans cet état, vous savez, cet état nocturne d’aberration et de vanité, insomniaque et vieille. Elle s’est débattue longtemps sous le jour qui l’éclairait comme si elle se devait d’achever ce broyage imbécile de ses propres eaux, elle-même proie d’elle-même, d’une inconcevable grandeur. Comme au premier jour elle portait à la plage les brassées blanches de sa colère, les lui ramenait comme son dû, comme une bête les os, comme le passé les cendres des morts. Oui, l’enfant aux yeux gris était là, et la jeune fille aussi, ils regardaient la mer. Et je les ai ramenés à moi eux aussi comme je le fais de vous, de la mer et du vent et je vous ai enfermés dans cette chambre égarée au-dessus du temps. »

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