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La guerre, ce ne sont pas seulement des souffrances, la douleur, la mort et des chiffres, c'est avant tout la perte de la parole comme moyen de se situer dans un univers potentiellement, partiellement au moins, explicable, transparent et communicable. Les assassins ont en effet bouleversé le sens des mots. « Le travail rend libre » était l'inscription cynique du portail d'un camp d'extermination.
La littérature, l'art en général, repose sur un fond de déception, de tristesse : le monde n'est pas comme il faut. Dans ce sens, toute oeuvre poétique est l'utopie d'un monde en ordre ne serait-ce que parce qu'elle est forme. Elle est donc contradiction. C'est pourquoi le titre que Denis Emorine a donné au recueil est justifié. Aujourd'hui, après Auschwitz et en face de tant de tueries plus récentes, un poème doit faire mal, doit être une blessure saignante qui ne se ferme pas de sitôt. La douleur nous tient en vie.
Extraits de la préface d' Armin Volkmar Wernsing
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