Chaque mois, nous partons à la rencontre d'un lecteur qui découvre et chronique un roman. Joëlle a un coup de coeur pour "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon #RL2017
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Chaque mois, nous partons à la rencontre d'un lecteur qui découvre et chronique un roman. Joëlle a un coup de coeur pour "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon #RL2017
Depuis "Profession du père" il séduit ses lecteurs, mais quelles sont les lectures de Sorj Chalandon ?
Quels sont les livres qui ont marqué Sorj Chalandon ? Voici ses conseils de lecture...
Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
Depuis toujours Sorj Chalandon cherche son père, ses vérités, ce qu’il a été avant lui, et en parle dans ses romans. Cette image tutélaire qui permet en général de se construire a été totalement brouillée par la mythomanie du père.
L’auteur a été reporter de guerre, correspondant judiciaire et a en particulier suivi le procès de Klaus Barbie en 1987, reportage pour lequel il a reçu le prix Albert-Londres. Ces deux éléments étaient déjà en eux même assez forts pour donner un sens à l’écriture d’un roman.
Si Sorj Chalandon joue avec les dates pour construire son roman, la réalité du père qu’il évoque est bien celle qu’il a découvert en 2020. Un père qui n’était pas du bon côté, qui a porté l’uniforme allemand, mais pas seulement. Un homme qui a eu mille vies, porté cinq uniformes différents, s’est évadé, a risqué le peloton d’exécution, a terminé sa guerre en prison.
Celui qu’il avait déjà décrit comme fantasque dans Profession du père se révèle ici imprévisible, saltimbanque, manipulateur, affabulateur. Un véritable chat qui retombe sur les pattes quelle que soit l’aventure tordue dans laquelle il s’est embarqué.
Il y a de nombreuses questions dans cette quête du père, mais aussi beaucoup d’amour pour celui qui pourtant n’a jamais su parler à son fils, lui dire qui il était, l’aider à se construire, échanger, dialoguer, dire vrai.
Que d’émotion lors des chapitres qui évoquent le procès Barbie, les enfants d’Ysieux, les noms des disparus, la visite de l’auteur à la maison qui a abrité cette colonie d’enfants juifs avant la rafle. Une intensité douloureuse, un devoir de dire ce qui a été, ce que les derniers témoins ont exprimé lors du procès, dire encore une fois avant l’oubli, pour l’Histoire.
La voix de Féodor Atkine a une tonalité parfois dure, parfois douloureuse, une personnalité qui donne envie de faire silence pour écouter, pour entendre, pour participer plus intensément à cette quête et à ce devoir de mémoire.
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/04/28/enfant-de-salaud-sorj-chalandon/
Je vais à contre-courant des critiques dithyrambiques que je viens de lire ; je me suis ennuyée.
C'est fou d'annoncer cela, moi même cela m'étonne car que tout m'attirait dans ce roman ; le thème, la période ou l'écriture.
Parfois j'ai eu le sentiment de reconnaitre le style de Philippe Jaenada et j'adore celui-ci.
C'est bien écrit avec des moments forts comme le témoignage poignant de Serge Klarsfeld ou la rafle des enfants d'Izieu.
Alors oui son père est un pauvre type mesquin, mythomane, misanthrope et qui n'assume pas ses actes.
Alors oui sa mère est dominée, naïve, aveugle pas malheureuse non mais vivant une vie bien monotone.
Sorj Chalandon avait sa doute besoin d'écrire cela, de régler ses compte mais avais-je besoin de le lire ?
Je crains malheureusement être passée à côté de ce récit.
Quarante ans après, Michel Flavent est toujours un homme en colère. Son frère est mort tué lors du coup de grisou au fond d’une galerie de la fosse 3, dite Saint-Amé du siège 19 du groupe de Lens-Liévin, il a trouvé la mort avec 42 autres mineurs. Ce 27 décembre 1974, à 6 h 30 du matin, un violent souffle a dévasté la mine, et les hommes qui se trouvaient là ont quasiment tous péri, âgés de vingt-cinq à cinquante-quatre, ils laissent une centaine d’orphelins et de nombreuses familles dévastées. Le jugement définitif a eu lieu en janvier 1981 a conclu sans ambiguïté aucune, et pour la première fois dans l’histoire de la mine, à la condamnation d’une société exploitante pour faute inexcusable.
Le jour d’avant, les deux frères avaient passé la soirée ensemble, dans l’insouciance et la fraternité. Depuis le drame, le père s’est suicidé, la mère a sombré, et chaque jour Michel Flavent se remémore son malheur. Devenu veuf, celui qui n’a plus rien à perdre décide de se venger pour enfin effacer tous ces tourments ressassés et endurés depuis si longtemps. Il ira frapper au cœur même des responsables de l’accident mortel qui a couté la vie à son frère. Pourtant, il est bien étrange de constater que ce frère n’a jamais été nommé et que personne ne le considère comme l’une des victimes. Mais Michel Flavent est un homme obstiné, qui veut aller au bout, tous les stratagèmes sont bons, louer une maison, se faire passer pour un étranger à la région, entrer en contact avec le principal protagoniste, celui dont il considère qu’il est entièrement fautif, l’approcher, l’amadouer, pour mieux agir…
Ce roman est avant tout prétexte à nous montrer au plus près la vie de ces hommes, de ces familles, dans ces corons du nord exploités par des sociétés minières souvent sans scrupules. L’auteur montre bien la misère, le manque d’éducation, la vie toute tracée au fond du puits, dans les charbonnages qui détruisent la santé de générations d’hommes sans que personne ne s’en inquiète, les veuves et le orphelins à la rue du jour au lendemain, et toute une région qui a vécu longtemps sur des exploitations qui aujourd’hui ne sont plus. Il est porté par une écriture allant crescendo dans l’inquiétude, le désir et la réalisation de la vengeance mais également l’effet de surprise, ce qui en fait assurément un excellent roman.
Ce que j’ai aimé ?
à lire dans la chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/07/20/le-jour-davant-sorj-chalandon/
Dans un précédent roman « profession du père , Emile le narrateur, 11 ans, racontait son enfance . Sous l’emprise totale de son père qui était footballeur, chanteur, espion et conseiller personnel du Général de Gaulle, ami politique des célèbres membres actifs de l’OAS… Emile devait collaborer, pour servir la cause de son père, et notamment venger son ami De Gaulle qui l’avait trahi ! Ignobles apprentissages accompagnés de sanctions, violences physiques et morales.
Si je reviens sur ce précédent roman, lu en 2015, c’est que j’ai lu «Enfant de salaud » comme un second opus.
Emile a grandi, a revêtu l’habit du fils qui est devenu journaliste. A ce titre, Sorj Chalandon va couvrir le procès Barbie, en 1987, avec en mémoire, les paroles de son grand-père « Je revois mon grand-père, sa pelle à charbon à la main, se tournant vers moi, visage gris, avec sa femme dans l’angle de la pièce … C’est un enfant de salaud et il faut qu’il le sache ».
Au fond de la salle, son père assiste aux audiences, spectateur souriant, voire même béat . « c’est comme si la présence de Barbie lui avait redonné de la force, de la morgue, de la haine ». Pour le journaliste, l’histoire personnelle se trame dans les fils de la grande histoire. Il espère qu’après l’audience, « il l’entraîne pour quelques bières de vérité ». La vérité, l’obtiendra-t-il de ses recherches aux archives départementales du Nord ? Pour lui, le plus important c’est de se libérer de ce statut « d’enfant de salaud ». « Oui je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre. Non. Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils comme dans la boue. Sans traces, sans repères, sans lumière, sans la moindre vérité ».
La profondeur de ce roman tient aussi dans le récit de cette tragique page d’histoire, dans les émouvantes plaidoiries, les épreuves des victimes, les paroles des jurés…
Ecrit avec une grande sensibilité, une sincérité émouvante ; même lorsque la colère surgit, je suis frappée par la persistance du lien paternel, toujours respecté, par ce terme, « Papa » qui vient de l’enfant blessé, de l’enfant qui attend de l’amour, qui attend réparation.
Quelques jours après avoir refermé le livre, les histoires me reviennent, la petite dans la grande, les blessures de guerre, la mythomanie d’un homme, la vie d’un fils… avec les yeux humides de la lectrice admirative.
La folie froide d'une mère, l'ascension et la chute d'un fils...
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