La Mort nomade, chez Albin Michel
Quelque temps après la Sortie de La Mort nomade, troisième tome de la série Commissaire Yeruldelgger, Anita, notre lectrice, a rencontré Ian Manook pour discuter de son dernier roman et de ses projets à venir. - Comment Ian Manook est-il devenu...
A l’occasion du festival Quais du polar, nous sommes allés rencontrer Francis dans sa librairie Le bal des ardents à Lyon et nous lui avons demandé ses suggestions de romans policier ou thrillers. Pourquoi Lyon ? Parce que nous y avons découvert un...
Ian Manook a commencé fort dans le domaine du polar en publiant son premier roman Yeruldelgger en 2013 pour remporter d'emblée plusieurs Prix. Un premier opus couronné de succès (Prix des lectrices de ELLE, le Prix SNCF du polar, le Prix Quais du Polar / 20...
La Mort nomade, chez Albin Michel
Vous avez pris un aller simple pour la Mongolie avec Ian Manook et depuis vous rêvez de le rencontrer ?
Quel polar lire pour assouvir vos envies d'ailleurs ?
Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
On connait bien désormais Ian Manook cet écrivain-voyageur, auteur de polars dits "ethniques", qui nous balade depuis une dizaine d'années vers diverses contrées exotiques, depuis la Mongolie de son Yeruldelgger jusqu'au tout récent Krummavisur islandais.
Ian Manook c'est l'un des multiples visages de Patrick Manoukian, journaliste au look de Commandant Cousteau (il écrit également sous le pseudo de Roy Braverman pour des trucs plus américains).
Mais le voici qui nous surprend dans un tout autre registre avec le pouilleux massacreur un roman noir très personnel, qui nous plonge au sein d'une bande de petits loubards de banlieue dans les années 60.
Une histoire de HLM blême comme une chanson de Renaud sur une petite musique autobiographique et nostalgique où le héros, Sorb, partage avec l'auteur des racines arméniennes ...
Avant ce récit inspiré de sa jeunesse, Ian Manook avait déjà évoqué son héritage familial avec L'oiseau bleu d'Erzeroum et l'histoire de sa grand-mère, survivante du génocide arménien.
♥ On aime :
• On aime la prose de Ian Manook qui a beaucoup gagné en maturité et maîtrise au fil des ouvrages. La lecture est restée fluide et agréable et si cet épisode est habillé d'une gouaille banlieusarde parfois digne d'un San Antonio, les effets de style restent habilement maîtrisés pour ne pas lasser.
• La reconstitution des sixties est soigneusement travaillée et le contexte politique n'est pas oublié : 1962, l'année de référence retenue par Ian Manook, c'est l'année des terribles attentats de l'OAS à Paris, l'année des violences policières du métro Charonne, un temps où l'extrême-droite était alors très à son aise.
• Mais l'écrivain-voyageur et son héros ne résisteront pas bien longtemps à l'appel du grand large et ils finiront par nous emporter loin de Meudon-la-Forêt. On ne dévoile pas où, pour ne pas spoiler ou divulgâcher, mais ce sera un périple plein de dangers.
• La prose fluide, le décor socio-politique soigné, la reconstitution savoureuse des sixties, font du récit de cette difficile transition vers l'âge adulte, une lecture bien agréable jusqu'au mot "fin" qui sera amené avec beaucoup d'élégance.
Le pitch :
Ça commence mal dès la première page avec la découverte du cadavre bien amoché d'une femme dans un quartier de banlieue, à Meudon-la-Forêt.
Aussitôt l'enquête oriente le lecteur et le commissaire Martineau vers Sorb et sa bande.
Une bande de jeunes que l'auteur va s'appliquer à disséquer sous nos yeux. Des jeunes de banlieue gagnés par l'ennui et le refus de la vie qui les attend. Des jeunes que leurs parents immigrés (et même le flic bienveillant) tentent de sortir de leur propre condition prolétarienne (dans le coin, tout le monde bosse pour Billancourt et ses sous-traitants).
Mais dans les années 60 et dans cette banlieue, il était difficile de sortir de sa classe sociale et d'échapper à sa condition ou son milieu.
On parle beaucoup de transfuge de classe aujourd'hui : visiblement, ce n'était pas encore dans l'air du temps des sixties à Meudon-la-Forêt.
Ian Manook, l’un des pseudonymes de Patrick Manouchian, propose son nouveau roman, Le Pouilleur massacreur, un retour en arrière pendant l’année 62, avec sa jeunesse qui cherche un avenir. Une formidable immersion dans ce passé proche avec des retentissements actuels.
En janvier 1962, une femme est retrouvée morte, défigurée. Des traces de pieds attestent que la scène de crime a été dénaturée. Parallèlement, une bande évolue de petits larcins à de plus grandes bêtises par ennui, par naïveté ou tout simplement pour tenter d’exister autrement que dans une routine balisée sur le chemin de leur vie.
Sorb est le narrateur, cette sorte de transfuge de classe, qui ne s’assume pas avant qu’Annie Ernaux en illustre le concept. Lui, l’aîné, porte l’espoir de ce couple d’ouvriers qui, malgré tout, vote De Gaulle, en souvenir de la guerre. Dans la France des ratonnades, de l’OAS active, d’une police répressive qui a tous les droits, de la guerre d’Algérie finissante et du bidonville de Nanterre, il est difficile de faire confiance à cette droite réactionnaire, attachée à un monde qui explosera six ans plus tard.
Peinture réussie de la société des années 60
Mathieu Simonian, dit Sorb, est étudiant, mais pour poursuivre, arrivera-t-il à oublier le Baltimore, malgré l’espoir d’une famille à lui faire franchir la zone de la banlieue, devenu le symbole d’une volonté d’une ascension sociale. Pourtant, sa bande d’enfance évolue encore dans ce café avec son flipper et son juke-box où la seule fille du groupe, Annie, en est la groupie. L’enjeu de ce Pouilleux massacreur est dans cette traversée.
Impossible de croire que cette époque porte l’espoir d’une fin de la décennie où « l’amour pas la guerre » deviendra l’hymne de la jeunesse. Ian Manook choisit de décrire cette jeunesse désabusée (sa jeunesse,en fait) portant trop fortement les espoirs de la génération précédente dont la jeunesse fut percutée par les premiers crimes contre l’humanité.
Ce jeu, joué par des enfants, illustre bien que Sorb et sa bande veulent éloigner le moment où il leur faudra assumer leurs responsabilités. Seulement tout au long du roman, Ian Manook immisce le doute et laisse supposer que les bêtises accumulées risquent de bien trop rapidement les faire grandir du mauvais côté. L’intrigue est forte jusqu’à la fin, pour ce roman social et noir à la fois !
Ian Manook propose à travers son roman, Le Pouilleux massacreur, une illustration très juste des années 60 avec une galerie de portraits vivants. Mais, aussi, une interrogation sur le poids de ses actes et l’adolescence. Bref, un roman noir et social à la fois !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/21/le-pouilleur-masacreur-i-manook/
Yeruldelgger de Ian Manook, lu par Martin Spinhayer, Audiolib, 2015 (1ère édition : Albin Michel, 2013)
Un auteur que j’avais très envie de lire depuis longtemps. Sa venue annoncée au Festival Lisle noir – Vendanges du polar 2024 et la perspective de l’y rencontrer m’ont incitée à exhumer ce roman de ma PAL.
Quel dépaysement ! La Mongolie, un pays à l'histoire et aux paysages sauvages…
Un personnage de policier particulièrement cabossé, marqué par le deuil : cinq ans plus tôt, Kushi, la fille cadette du commissaire Yeruldelgger a été enlevée et assassinée pour l'obliger à abandonner une enquête sur la corruption liée au rachat des terres de la steppe mongole. Son épouse n’a pas survécu au chagrin.
Une enquête qui va raviver de terribles souvenirs : la découverte du cadavre d'une autre fillette va replonger Yeruldelgger dans les mêmes tourments et le détourner d’une autre affaire, le meurtre sordide de plusieurs chinois dont les corps ont été atrocement mutilés.
Une ambiance délétère et mafieuse : une guerre d'argent sale, de corruption et de pouvoir s'est déclarée autour d'une des richesses minières les plus rares et les plus convoitées de la planète, sans lesquelles il ne peut y avoir de nouvelles technologies, de nouveaux alliages, d’éoliennes, de moteurs hybrides, de panneaux solaires, d’I-phones dernière génération, etc.
Une histoire de famille compliquée entre Yeruldelgger, sa fille aînée et son beau-père…
Une histoire d’amour ambivalente entre l’inspecteur et la légiste Solongo… Une belle amitié avec sa collègue Oyun…
Un subtil mélange de méthodes modernes d’investigation, de pratiques beaucoup moins règlementaires aussi et de traditions et superstitions ancestrales.
Une narration d’une redoutable efficacité, des chapitres courts. Des passages d’une rare intensité ; je pense notamment au récit d’une vieille femme qui raconte le viol d’une victime auquel elle n’a pas réellement assisté mais qu’elle imagine à la lumière de ce qu’elle-même a vécu.
Un style percutant mêlant action et émotion, scènes gores et glauques et belles descriptions, humour et méditation, langage cru et style soutenu.
Un univers référentiel qui passe sans transition de la philosophie de Gengis Khan aux séries télévisées de type « Les Experts ».
Une envie soudaine de vivre en yourte, de monter des chevaux lancés au galop et de manger des marmottes ! Une approche de l’histoire et des traditions d’un pays bien éloigné de nous. Voilà qui me change agréablement des polars scandinaves ou québécois.
Un parallèle intéressant entre l’holocauste, le stalinisme et le massacre des moines et la destruction des temples mongols des années 1937-38 afin de faire disparaître la foi bouddhiste.
J’ai adoré !
Seul bémol :
La version audio avec la voix du narrateur qui colle parfaitement à l’atmosphère et au personnage principal serait un régal sans la musique en début de chaque chapitre… Comme les chapitres sont assez courts, ce côté sonore, parfaitement inutile (selon moi) dans un livre-audio, revient trop souvent. Horripilant !
De la trilogie, je n'ai lu que cet opus, LA MORT NOMADE. Une (bonne) claque.
J'ai beaucoup apprécié l'histoire et ses aspects (même s'ils sont peu développés) anticapitalistes, écolos ; ses références discrètes à Mai 68 ou à Gainsbourg... Mais j'ai surtout apprécié la qualité de l'écriture de Manook, l'intrigue, les personnages et pas seulement Yeruldegger, d'ailleurs pas omniprésent. Les dialogues sonnent vrais et sont parfois jubilatoires.
Un petit regret : la fin me semble un peu bâclée. On se perd parfois dans d'innombrables détails (comme des recettes de cuisine) au détriment de la description des dernières scènes de crimes et des leçons à en tirer.
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