Un roman graphique exceptionnel qui raconte l'incroyable parcours de George Lucas, le créateur de Star Wars
Arnaud Dudek a trouvé le ton juste pour disséquer la passion dévorante d'un jeune homme confronté à la pression du haut niveau. Victor a une révélation à douze ans en observant à la dérobée un athlète s'entraînant dans un parc. Puis en regardant à la télévision un sauteur cubain s'envoler lors d'un concours de saut. Il fera de l'athlétisme, puis se spécialisera dans le triple saut, avec une rigoureuse dévotion. Une quasi religion exigeant des sacrifices, mais jusqu'où ?
Si les personnages secondaires sont quelque peu convenus ( le papa solo ouvrier alcoolique, la maman abandonnante qui n'a jamais essayé d'être maman, le meilleur ami cool et friqué, la petite amie patiente mais dépassée ) et peu approfondis, celui de Victor est réellement attachant. On le suit dans son parcours sportif jusqu'à sa chute, au plus près de ses émotions et ressentis, cherchant à échapper à un quotidien triste et un avenir platement tracé.
« Il y a toujours une bonne raison de se faire mal, pense Victor en se massant les poignets. Pour braver le grand ventre du néant. Pour oublier les rires sales qui ont planté leurs crocs dans nos muscles. Pour défier les peurs qui grignotent nos nuits. Pour cela à la fois et pour tout le reste. Les premiers tours de piste l'ont plongé dans un sentiment de profond décentrage, mais il est parvenu à s'ajuster à son corps, à s'y réinstaller, à coïncider à nouveau avec sa chair. Il se sent mieux, à présent. Presque bien. »
Le lecteur est en totale empathie avec ce jeune triple sauteur doué, broyé par le harcèlement moral d'un coach maltraitant, thématique de moins en moins tabou depuis que des sportifs de la vie réelle ont osé briser la loi du silence et dénonçant des pratiques scandaleuses. Même un lecteur peu féru de sport trouvera une résonance à la question universelle de la confrontation idéaux / réalité, tant l'auteur décrit parfaitement les coulisses du sport entre blessures physiques morales et blessures physiques.
Arnaud Dudek va à l'essentiel. La construction narrative épouse pertinemment les différentes étapes techniques du triple saut : « course d'élan », « premier saut », « deuxième saut », « troisième saut », « suspension » et « réception ». Si les quatre premières parties sont assez attendues dans leur déroulé du parcours de Victor, la dernière, la plus courte, surprend, touche par sa lumineuse épure qui met en valeur la prose précise et sensible, une très belle façon de conclure ce roman initiatique construit dans la douleur de l'effort et du sacrifice.
C'est l'histoire de Victor, un garçonnet discret et attendrissant, un enfant un peu gauche et timide qui vit seul avec son père, ouvrier en usine, depuis le départ de la mère du foyer. Une vie de peu, simple et austère, banale. Mais quand par un enchaînement de hasard Victor découvre le triple saut c'est une révélation. C'est ce qu'il veut faire et c'est dans cette discipline qu'il veut briller et être le meilleur. À force de détermination et de ténacité, du club de sa ville à l'institut de sport-études, il brûle les étapes, démontre des prédispositions incroyables jusqu'à être repéré par un entraîneur à la réputation sulfureuse capable de lui ouvrir les portes de son rêve.
Autant aller droit au but, j'ai adoré ce livre. Encore une fois les Avrils me surprennent avec un roman sublime et me font découvrir un auteur à la plume parfaite. C'est un roman plein de finesse qui nous conte le parcours exigeant d'un adolescent ivre de rêve. Avec juste ce qu'il faut de mots l'auteur dit les heures et les heures d'entraînement, les brimades, les espoirs, les succès et les échecs qu'il faut traverser pour arriver au plus haut niveau. Les efforts, les renoncements, l'abnégation et les blessures dans ce sport difficile et méconnu, parent pauvre de l'athlétisme, quasi invisible derrière l'aura écrasante du 100 mètres et de ses stars ultra médiatisées .
Mais c'est aussi un portrait plein de sensibilité, tout en pudeur d'un jeune malmené par la vie pour qui l'ascenseur social passera par la réussite sportive. Un garçon solide et fragile à la fois, avec autant de forces que de fêlures, un garçon « qui se croyait roc et qui était argile, qui se pensait insubmersible, mais qui réalisait que les digues pouvaient rompre à tout moment ». Un enfant solitaire et mésaimé enfin, orphelin de mère à mi-temps, broyé par des exigences sportives démesurées, que le manque tant matériel qu'affectif fragilisera jusqu'à altérer son « coeur arrière », « pas le coeur qui bat, l'autre, derrière, celui qui se serre quand on perd ».
Pendant ma lecture j'ai pensé à « ne t'arrête pas de courir » de Mathieu Palain qui lui aussi décrivait les rudes exigences de l'athlétisme, j'ai pensé à « ce qu'il faut de nuit » de Laurent Petitmangin qui avait pour point commun une peinture sociale tendre et pudique et un attachant duo père fils, mais ce roman est finalement bien singulier et il est réducteur de s'arrêter à une comparaison. Belle découverte d'un auteur à l'écriture juste et poignante. Une pépite à ne pas manquer!
Un gamin issu d'un mileu modeste , délaissé par sa mère, élevé par un père ouvrier qui fait ce qu'il peut, découvre l'athlétisme par hasard et décide d'en faire son avenir. De repérage en centre de formation privé, on suit ce jeune garçon, entre réussite, pression et déception. Un très bon roman. Simple et clair.
La passion d'une vie : le triple saut. Ou comment un centre de formation de sportifs de haut niveau peut conduire un gamin doué à une perte totale de repère dans la vraie vie si les bases familiales ne sont pas d'une solidité à toutes épreuves. Un livre remuant qui me pose question sur les motivations et les dérives possibles de coaches à l'ego démesuré. Le sport oui mais jusqu'à quel point? Encore un très bon livre choc des éditions Avril!
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Un roman graphique exceptionnel qui raconte l'incroyable parcours de George Lucas, le créateur de Star Wars
Auteur et traducteur de son roman en « FALC », Fabien Clavel nous explique en quoi consiste cette méthode et à qui elle s’adresse
Vincent vit seul, envahi par ses interrogations existentielles, jusqu'au jour où une jolie jeune femme se présente à lui
Inspiré de la vie de l'autrice, un récit qui nous questionne sur la part du biologique et du culturel dans la filiation