Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express.
Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express. Ecrivain et dramaturge, son dernier roman se situe en Hongrie de 1978 à nos...
Normalienne, Alice Zeniter voit son troisième roman, Sombre dimanche (Albin Michel), couronné de trois prix : Prix du livre Inter, Prix de la Closerie des Lilas, Prix des lecteurs de l'Express.
Un essai, une réflexion, Alice Zeniter se dévoile à travers ce livre, un peu comme une confidence de l'auteur au lecteur. Sensible, bien écrit, on feuillette ces pages avec plaisir.d
« Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité :
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne ;
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne »
C'est ainsi que au 17e siècle, le vieil Arnolphe, dans la comédie de Molière, L'ECOLE DES FEMMES présentait le rapport entre la gent masculine et la gent féminine dans la société en général et dans le couple en particulier.
On en sourit, bien sûr , mais qu'en est-il de nos jours, dans le monde de la littérature ?
C'est à cette question qu' Alice Zéniter, qui depuis 2010 appartient à la catégorie des gens de lettres réfléchit ici, à trois titres, celui d'auteure, celui de lectrice et celui de chargée d'enseignement universitaire .
Jetant un regard décapant sur la production romanesque classique qui a alimenté ses lectures pendant son adolescence, elle déplore l'image stéréotypée de leurs héroïnes « les personnages féminins que je rencontrais lors de ces lectures étaient des prisonnières, des recluses ou des ballottées par la volonté des forts » et sur l'incapacité des romanciers « à produire des personnages féminins qui soient autre chose que leur propre fantasme »
Difficile alors pour une lectrice actuelle d'en faire des modèles ou de s'identifier à elles .
Même si dans la dernière partie qui porte sur la narratologie, elle adopte un ton plus sérieux, la tonalité générale de ses propos est toujours alerte, souvent incisive.
Son but est d'instaurer une complicité avec la lectrice ( à laquelle semble le plus souvent s'adresser l'ouvrage) et de réveiller sa conscience habituée à des schémas traditionnels .
TOUTE UNE MOITIE DU MONDE : un ouvrage stimulant qui nous invite à repenser nos regards sur les personnages féminins des romans .
Une histoire familiale sur trois générations, avec comme lien entre elles un pays, l’Algérie. Si le début m’a semblé un peu difficile à suivre, avec cette multitude de personnages aux liens parfois flous, j’ai été, au fil des pages, happée. Ali et son épouse, celle dont le prénom disparaît au profit de Yemma (telle la Ma’ des Raisins de la colère), le beau Hamid, la révoltée Dalila, et Naïma, ces personnages « principaux » m’ont accompagné de longues heures. Cette fresque nous replonge dans un passé pas si lointain, au regard de l’Histoire, et décrit avec beaucoup de recul (pas simple) les tensions entre les algériens eux-mêmes, et ensuite entre ces mêmes algériens et cette nouvelle terre d’adoption que fut pour eux la France. J’ai été très émue par certains passages, car Alice Zeniter a cette capacité à décrire avec des mots simples des situations dramatiques, tout en pudeur et parfois avec humour. Ce fut pour moi, une très belle lecture, riche d’enseignements.
Ça aurait pu être un essai, une rêverie, une promenade, une auto-fiction, un livre de bonne femme. Ce n’est rien de tout ça. C’est un livre sur les livres, sur la littérature, à qui il manque "toute une moitié du monde". Pour prendre conscience de cette défaillance - la faiblesse des personnages féminins dans la fiction -, il suffit de soumettre nos films, nos séries, nos romans, au redoutable test de Bechdel:
1- Il doit y avoir deux femmes nommées
2- Ces femmes parlent ensemble
3- Elles parlent d’autre chose que d’un homme
Essayez, c’est radical, même pour les œuvres les plus récentes.
Après avoir publié sept romans, tous salués par la critique, Alice Zeniter avoue ici être lassée par la fiction, incomplète et décevante. En tant que lectrice d’abord, face à ces personnages féminins exclusivement exposés sur le mode de la fascination, de l’attraction, de la possession et de la sexualité. En tant qu’écrivaine ensuite, désespérément soumise au plafond de verre du milieu littéraire. Heureusement, Alice sait s’entourer dans ce livre. Elle convoque Lola Lafon, Virginie Despentes, Julia Kerninon, pour tacler la "parade virile": ces auteurs qui surjouent le mythe du mec qui écrit, qui fume et qui boit, comme Hemingway.
Surtout, elle revient au texte. C’est parfois technique: elle distingue lectant et lisant, elle sonde le paradigme structurant, elle ose l’adverbe "quintessentiellement". Mais loin d’être élitiste, elle questionne ces heures passées au sein de nos fictions, peuplées "de rencontres déraisonnables, de discussions trop longues avec des affreux et des enragées, de traversées de lieux insoupçonnés derrière des portes pourtant familières." Dans la vie, les mots, usés, échouent. Dans les livres, il y a cette idée d’un "agrandissement du monde" qui me touche profondément. Voilà pourquoi j’ai cette rage de lire, cette furieuse envie de souligner les phrases, de prendre en photo les pages, de retenir les mots.
J’ai la sensation que ce livre d’écrivaine et de lectrice a été écrit pour moi, pour nous. Jusqu’aux notes de bas de page, drôles ou énervées, qui viennent fracturer les chapitres et les fendre d’un sourire immense.
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