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Une chape d'ombre et de silence recouvre aujourd'hui les Délégations financières algériennes, institution qui fut un véritable Parlement colonial. Oubli incompréhensible et dommageable : cette assemblée déploya
en effet, pendant près d'un demi-siècle, à l'apogée du système colonial, une activité vigoureuse. Elle émit d'innombrables voeux mais surtout, l'Algérie ayant été dotée en 1900 de la capacité juridique, cette assemblée fut aussitôt habilitée à voter le budget de la colonie, à lancer ces grands emprunts d'équipement du pays. On hésitera cependant à qualifier les Délégations de petit parlement colonial, sauf à entendre l'expression comme une métaphore, et à l'assortir d'un point d'interrogation. Il manque à notre institution la plénitude de la souveraineté. Reste que son organisation, fondée sur la représentation des intérêts, présente une grande originalité : un mouvement de décentralisation s'esquisse, à l'heure d'une IIIe République volontiers jacobine. Dans ce cadre spécifique, les délégués arabes et kabyles commencent l'apprentissage de la politique, dans un climat de tension permanente, traversé de crises aussi brèves que violentes. Quant à la gestion financière et budgétaire menée par les Délégations, elle fera l'objet d'un second volume.
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