Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
Résister Le prix du refus Il est des mots dont la graphie semble incarner mystérieusement le sens. Ainsi le beau verbe résister avec ses deux r, ses deux e, ses deux s qui entourent symétriquement son i, comme s'il s'agissait de le préserver, de le garder précieusement en vie. Car résister, c'est d'abord cela, c'est maintenir intacte la flamme fragile, éphémère de l'existence : tenir, survivre. Est-ce dire qu'on résisterait comme on respire : spontanément, par pur réflexe, et parce que la vie, selon le mot de Bichat, « est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort » ? Il est vrai qu'on n'a parfois pas le choix, qu'en certains cas on se bat, en effet, dos au mur. Mais même si l'instinct de conservation nous y pousse, il y a plus ici qu'une simple parade vitale. D'abord parce que l'on peut se tromper, on peut se croire, à tort, menacé. Après tout, les imbéciles aussi résistent. Ensuite, la variété des manières de résister est telle qu'elle relève, à l'évidence, d'un libre choix. Enfin et surtout, vient un moment où il ne s'agit plus seulement de défendre sa vie, mais aussi les valeurs sans lesquelles celle-ci n'a plus de sens. Au prix d'un paradoxe alors, puisque cela peut nous conduire à réviser l'ordre des priorités, à remettre en jeu, s'il le faut, notre propre existence... Pour mieux résister à la mort, on est prêt à la rencontrer, à l'épouser...
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