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Passage de l'Avenir, 1934

Couverture du livre « Passage de l'Avenir, 1934 » de Alexandre Courban aux éditions Agullo
  • Date de parution :
  • Editeur : Agullo
  • EAN : 9782382461051
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

" Il reconnaissait dans ces poings levés ceux qui travaillaient six jours sur sept. "
Paris, février 1934. L'extrême droite menace la République mais la riposte s'organise. Alors que grondent les premières manifestations ouvrières, le corps d'une jeune femme est repêché dans la Seine. Deux... Voir plus

" Il reconnaissait dans ces poings levés ceux qui travaillaient six jours sur sept. "
Paris, février 1934. L'extrême droite menace la République mais la riposte s'organise. Alors que grondent les premières manifestations ouvrières, le corps d'une jeune femme est repêché dans la Seine. Deux personnes que tout oppose vont s'unir pour mener l'enquête : le commissaire Bornec et le journaliste à L'Humanité Gabriel Funel. Bientôt, Camille, jeune ouvrière, se joint à l'improbable duo. Ce simple fait-divers donnant à voir et à entendre les visages et les voix d'une France invisible, les conduira au coeur d'une machination politique et économique aux multiples facettes, comme autant d'ombres planant sur la Ville Lumière ... Dans cette formidable pérégrination dans les milieux populaires de l'entre-deux-guerres, Alexandre Courban nous livre avec
Passage de l'Avenir, 1934, le premier volume d'une grande saga historique et policière dans le Paris du Front populaire.

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Avis (3)

  • Le 6 février 1934 est une date qui reste très importante dans l’Histoire du XXème siècle de notre pays. En effet, suite à l’affaire Stavisky et au limogeage du préfet de police Chiappe, une manifestation regroupant les ligues s’ébroue dans Paris, qui fait vaciller le pouvoir. Elle fut aussi le...
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    Le 6 février 1934 est une date qui reste très importante dans l’Histoire du XXème siècle de notre pays. En effet, suite à l’affaire Stavisky et au limogeage du préfet de police Chiappe, une manifestation regroupant les ligues s’ébroue dans Paris, qui fait vaciller le pouvoir. Elle fut aussi le point de départ d’une union des gauches qui se matérialisera dans le Front Populaire. Dans son premier roman, Passage de l’Avenir, 1934, Alexandre Courban revient sur les mois qui ont suivi cette manifestation en nous gratifiant d’un roman historique et policier très réussi qui se veut le premier volume d’une série.

    Nous sommes en février 1934. Le Parti Communiste et la SFIO organisent une manifestation en réponse à celle organisée par les ligues le 6 février. Pour la gauche, les manifestants du 6 février sont des fascistes et l’on perçoit la volonté d’unité exprimée dans la rue. L’un des personnages principaux de l’intrigue est le journaliste de l’Humanité Gabriel Funnel qui, au-delà d’articles traitant des dures journées de février, couvre également un fait divers : en effet, le corps d’une femme inconnue a été repêché dans la Seine, enquête dont a hérité le Commissaire Bornec. Peu d’indices existent, hormis le fait que la jeune femme avait des doigts très abîmées, de telle sorte que certaines voix invitent le commissaire à classer l’affaire. Néanmoins, ce dernier tient bon et veut découvrir ce qui se cache derrière celle qui surnomme « Daphné ».

    L’auteur nous invite à revisiter le Paris des années 30, dans une période de tension qui, si je ne me trompe, n’est pas souvent traitée en littérature. Cela constitue l’un des attraits du roman. On redécouvre des personnes historiques comme Vaillant-Couturier, le colonel de la Rocque, Marcel Cachin ou encore Edouard Daladier (une chronologie, une description des principaux personnages historiques ainsi que des journaux de l’époque sont d’ailleurs présentes en fin de livre et permettent de compléter notre compréhension du contexte). La condition ouvrière est également au centre du roman, à travers la description qui est faite des ouvrières aux « doigts blessés » ou aux « mains abîmées » qui travaillent en plein Paris dans la Raffinerie de la Jamaïque et qui sont à la merci de contremaîtres qui abusent de leur pouvoir :

    Cela a commencé avec celles qui venaient de Saint-Ouen. Elles partaient de chez elles à quatre heures du matin. Elles arrivaient place d’Italie à six heures moins cinq et venaient à fond de train pour arriver à six heures, parce que si elles n’étaient pas là à six heures, si six heures étaient finies de sonner, elles avaient la retenue d’une demi-heure de salaire. On a demandé qu’elles viennent à six heures cinq : le patron, il a jamais voulu. Alors le chef, il proposait parfois à certaines… de s’arranger avec lui.

    Les ouvriers vivent dans des conditions difficiles, il existe encore des bidonvilles à Paris, alors que des spéculations (ici sur le sucre) subsistent. Cela est rappelé à juste titre.

    Même si le roman est classé comme un policier, l’intrigue en elle-même est assez légère et ce premier tome se lit davantage comme un roman socialement engagé (et l’on sait de quel côté penche Alexandre Courban). C’est peut-être une limite du livre et l’on verra vers quelle direction le second tome nous dirige. J’ajouterais également une autre réserve. Que ce soit dans le corpus ou dans l’annexe, les Croix de Feu du colonel de la Rocque sont mentionnées et jouent un rôle important à l’époque. « Les forces de l’ordre empêchent les manifestants de marcher vers le Palais Bourbon », écrit l’auteur à propos du 6 février. Or, les forces de l’ordre n’étaient pas si nombreuses ; on doit surtout au colonel de la Rocque le fait d’avoir tenu ses troupes. Il n’était d’ailleurs pas anti-parlementaire et fut vilipendé par L’Action française pour ne pas avoir marché sur le Palais Bourbon. Aussi aurais-je préféré que l’auteur choisisse un autre mouvement réellement fasciste comme symbole du 6 février 1934 (et il y avait du choix !).

    Passage vers l’Avenir, 1934 reste au final un très bon roman, bien écrit, qui nous fait revivre une époque charnière de notre histoire nationale, en convoquant des personnages fictifs auxquels on ne demande qu’à s’attacher davantage dans les prochains tomes.

    https://etsionbouquinait.com/2024/03/17/alexandre-courban-passage-de-lavenir-1934/

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  • 10 février 1934. Cela commence, classiquement pour un polar, par une scène de crime : le corps d'une jeune femme est repêchée dans la Seine à hauteur du pont National, vraisemblablement une ouvrière étant donné ses mains abîmées. Malgré le manque d'éléments tangibles, le commissaire Bornec ne...
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    10 février 1934. Cela commence, classiquement pour un polar, par une scène de crime : le corps d'une jeune femme est repêchée dans la Seine à hauteur du pont National, vraisemblablement une ouvrière étant donné ses mains abîmées. Malgré le manque d'éléments tangibles, le commissaire Bornec ne croit pas au suicide ou à une noyade accidentelle. Son instinct lui souffle qu'il s'agit d'un crime. Personne ne réclame le corps de l'inconnue malgré les appels lancés dans la presse.

    L'enquête en elle-même est relativement simple, Alexandre Courban ne cherche pas complexifier son intrigue policière par moults rebondissements ou fausses pistes. C'est un peu léger pour un vrai amateur de polar, tout comme la caractérisation des deux personnages principaux ( le commissaire Bornec et le journaliste de l'Humanité Gabriel Funel ) aurait sans doute mérité plus de densité. Et pourtant, je n'ai pas été frustrée par ces petits manques tant la reconstitution du Paris des années 1930 est formidable et sert le récit en lui conférant une profondeur passionnante.

    Derrière chaque page, on devine l'énorme travail de recherche de l'auteur, mais on ne le sent jamais peser lourdement en mode démonstratif. le récit est au contraire d'une grande fluidité. On découvre ainsi une capitale bouillonnante juste avant l'arrivée au pouvoir du Front populaire. Lorsque le cadavre est découvert, on est quatre jours après la crise du 6 février 1934 et sa manifestation antiparlementaire organisée par les ligues d'extrême-droite qui dégénère en émeutes violentes devant la Chambre des députés. Les partis de gauche l'interprètent comme une preuve de la menace fasciste.

    Les pages décrivant la fièvre du Paris populaire sont incroyablement vivantes. Immersion totale garantie, on a par exemple l'impression d'être dans les manifestations ouvrières qui réclament l'unité de la gauche que refusent pour l'instant les instances dirigeantes du PCF et de la SFIO de Blum, préfiguration du Front populaire à venir.

    J'ai appris énormément sur un Paris ouvrier disparu depuis longtemps côté Est, autour du 12ème et 13ème arrondissement : sur le rude sort des ouvrières de l'usine sucrière de la Jamaïque, enfileuses, scieuses, rangeuses, casseuses, lingoteuses ; sur la Zone ( plus grand bidonville de France jusqu'à sa démolition en 1956 pour construire le boulevard périphérique, surpeuplé d'ouvriers peu qualifiés, d'étrangers italiens, espagnols ou nord-africains ) ou encore la Cité Jeanne d'Arc, ghetto insalubre à côté de la raffinerie sucrière.

    Sans asséner de leçons, le récit avance et compose nettement une France des invisibles au premier rang desquels les femmes sont les principales victimes. L'épilogue sous forme d'article de l'Humanité apporte dignité à la morte du pont National, et c'est avec beaucoup d'émotion et de compassion qu'on découvre son identité et son triste parcours de vie.

    Un premier roman réussi, premier volume annoncé d'une série policière historique dans le Paris des années Front populaire. J'attends la suite !

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  • 10 février 1934, le cadavre d'une jeune femme est sortie de la Seine. Probablement une ouvrière, pense le commissaire Bornec qui penche rapidement pour un meurtre, contrairement à sa hierarchie et au médecin légiste qui veulent rapidement classer l'affaire. Mais Bornec n'est pas du genre à...
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    10 février 1934, le cadavre d'une jeune femme est sortie de la Seine. Probablement une ouvrière, pense le commissaire Bornec qui penche rapidement pour un meurtre, contrairement à sa hierarchie et au médecin légiste qui veulent rapidement classer l'affaire. Mais Bornec n'est pas du genre à lâcher sans comprendre....

    Pour son premier roman, Alexandre Courban entame ici une série originale et immersive implantée dans le Paris des années 30. Autour de quelques personnages, Bornec le flic, Gabriel Funel le journaliste de l'Humanité, on est au cœur du monde ouvrier, des travailleuses broyées par l'industrie du sucre, des anciens poilus dans une période complexe où couve l'élan du front populaire.

    Les éditions Agullo mettent encore une fois dans le mille avec ce polar social et historique incarné qui donne vie au quotidien d'anonymes dans une période trouble idéale pour y implanter ce type de roman. Inutile de dire que je compte bien suivre cette série avec attention !

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