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N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures

Couverture du livre « N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures » de Paola Pigani aux éditions Liana Levi
  • Date de parution :
  • Editeur : Liana Levi
  • EAN : 9782867467370
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

Autour du feu, les hommes du clan ont le regard sombre en ce printemps 1940. Un décret interdit la libre circulation des nomades et les roulottes sont à l'arrêt. En temps de guerre, les Manouches sont considérés comme dangereux. D'ailleurs, la Kommandantur d'Angoulême va bientôt exiger que tous... Voir plus

Autour du feu, les hommes du clan ont le regard sombre en ce printemps 1940. Un décret interdit la libre circulation des nomades et les roulottes sont à l'arrêt. En temps de guerre, les Manouches sont considérés comme dangereux. D'ailleurs, la Kommandantur d'Angoulême va bientôt exiger que tous ceux de Charente soient rassemblés dans le camp des Alliers. Alba y entre avec les siens dans l'insouciance de l'enfance. À quatorze ans, elle est loin d'imaginer qu'elle passera là six longues années, rythmées par l'appel du matin, la soupe bleue à force d'être claire, le retour des hommes après leur journée de travail... C'est dans ce temps suspendu, loin des forêts et des chevaux, qu'elle deviendra femme au milieu de la folie des hommes.
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, dit le proverbe: on n'entre pas impunément chez les Tsiganes, ni dans leur présent ni dans leur mémoire... Mais c'est d'un pas léger que Paola Pigani y pénètre. Et d'une voix libre et juste, elle fait revivre leur parole, leur douleur et leur fierté.

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Avis (4)

  • Le titre étrange du roman est emprunté à un proverbe tsigane qui dit « qu’on n’entre pas impunément chez les Manouches, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire » .

    Paola Pigani entre, elle, doucement, avec bienveillance, chez ces gens « de passage » avec lesquels elle avait partagé des...
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    Le titre étrange du roman est emprunté à un proverbe tsigane qui dit « qu’on n’entre pas impunément chez les Manouches, ni dans leur présent, ni dans leur mémoire » .

    Paola Pigani entre, elle, doucement, avec bienveillance, chez ces gens « de passage » avec lesquels elle avait partagé des moments d’enfance.
    Elle retrouve plus tard des membres d’une de ces familles qui, autour d’une photo prise en 1940, reconstituent pour elle la vie de leur grand-mère Alexienne et des familles manouches des Charentes dans le camp des Alliers, un camp d’internement où 350 nomades furent regroupés à Angoulême entre 1939 et 46 .

    C’est tout un pan mal connu du sort des nomades en France pendant la seconde guerre mondiale qui resurgit dans cet ouvrage.
    Leur nomadisme devant être « éradiqué comme une maladie honteuse », la Kommandantur aidée par la police de Vichy les parque dans ce camp qu’on leur présente comme « un asile de protection » . On les contraint à la sédentarisation, on ne leur permet plus de pratiquer les activités qui les faisaient vivre.
    Misère profonde , perte de leurs rites, de leur fierté, de leur « identité qui prend le poids de la honte » , pour ces fils du vent, ces enfants du voyage, étrangers à une guerre qui n’est pas la leur, perdus dans le froid humide des baraquements, pataugeant dans la boue, affaiblis par le manque de nourriture, la maladie et la vermine .

    Paola Pigani choisit de montrer leur quotidien en se plaçant « du côté des femmes qui dans leur chair ont toujours porté raison et vérité »
    Le personnage central du roman est la grand-mère Alexienne devenue Alba , qu’on suit de 14 à 20 ans, qui passe en 6 ans de l’âge des jeux à celui des amours . Autour de la jeune Alba apparaît tout ce qui constitue le quotidien du camp : la vie de sa famille et celle des baraquements voisins, les échos des faits de la Résistance, les ordres et les interdictions des gardiens, les initiatives des « chariteux » qui tentent d’apporter un peu de soulagement à ces oubliés de la guerre.

    Paola Pigani propose ici un roman chaleureux, souvent poignant. Pleine de tendresse pour ses personnages, mais sans pathos ni manichéisme, elle a su parler avec grâce de l’extrême misère de ces arpenteurs du monde et tirer « d’un silence enseveli » cet épisode mal connu de notre histoire.

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  • Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...

    C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".

    Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux...
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    Quand il m'arrive de manquer de références de livres à lire (je plaisante bien sûr !!!), je fréquente les cafés littéraires...

    C'est comme ça que j'ai récupéré celui de Paola PIGANI : "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures".

    Je dois bien l'avouer, j'ai totalement fait confiance aux lectrices qui ne tarissaient pas d'éloge pour ce livre, en ignorant même jusqu'au sujet.

    Et là, surprise ! Quand ce n'est pas moi qui cherche les romans historiques, ils viennent à moi !

    Nous sommes dans la région d'Angoulême en novembre 1940. L'ordre est donné par la Feldkommandantur aux sans domicile fixe de rejoindre le camp des Alliés. Alba a 14 ans à l'époque. Sa famille, comme de nombreuses autres, va devoir s'y installer. La sédentarisation devient la règle, les roulottes doivent être mises au rebus et les chevaux vendus. Même le feu est interdit. Pour combien de temps ?

    C'est un magnifique roman sur les Tsiganes, leurs modes de vie, leurs rites, leurs traditions, leur relation fusionnelle avec Dame Nature, source de richesses. Il retrace cette soif de liberté que seul le mouvement peut assouvir. Il met en valeur la place des femmes parfaitement incarnée par le personnage d'Alba, et plus encore par Rita, cette vieille femme qui fait obéir l'ensemble du clan, hommes, enfants, tous s'y soumettent. Ce roman m'a fait penser à "Grâce et dénuement" d'Alice FERNEY dans cette approche ô combien respectueuse des Tsiganes et de leur condition.

    C'est aussi un roman qui a le mérite de relater, une nouvelle fois, une page de l'Histoire négligée par les programmes scolaires. Ce roman est écrit sur la base des témoignages d'Alexienne Winsterstein qui a inspiré le personnage d'Alba. 350 Tsiganes furent internés au camp des Alliés entre 1940 et 1946. Il s'agit du dernier camp d'internement libéré sur la trentaine qui a existé en France occupée. Au total, ils ont accueilli 6500 hommes, femmes et enfants.

    Il traduit le désarroi de ces familles contraintes de se regrouper et de renoncer à leur existence passée :
    P. 37 "Durant la toute dernière partie du voyage, ils avancent hébétés comme si on leur avait intimé l'ordre de marcher sur l'eau. De fait, c'est une horde de noyés qui franchit le portail du camp des Alliés ce jour de novembre 1940."

    Il s'attache à décrire leurs conditions de vie. Nous sommes en temps de guerre. La misère, la faim, le froid... guident leurs moindres faits et gestes.

    J'ai été bouleversée par cette scène des fêtes de Noël. Une parenthèse avec des femmes belles, lavées, des enfants gâtés avec des sucettes de caramel réalisées dans des cuillères à café, et puis ce spectacle d'ombres chinoises donné par Louis, le père d'Alba. Un très beau moment de fraternité.

    Ce roman met le doigt sur le choc des cultures qu'exacerbe ce type de structures. Comme souvent, il y a les dominés et les dominants. Pour les premiers, il s'agit d'imposer à ce peuple une manière d'être, de vivre...
    P. 61-62 "Le camp d'internement se veut être un camp d'éducation où tout le monde doit oublier son mode de vie antérieur, apprendre les joies de la sédentarisation, le plaisir de vivre dans les ersatz de maisons qui se putréfient sur des sols froids et humides, traversés de toutes sortes de rongeurs et d'insectes nocifs, le plaisir d'être coupés de la bienfaisance des arbres, du vent et de la lune."

    Pour les dominés, il y a la force irrépressible des origines, des valeurs, des codes, des références, et les déchirements qu'occasionnent l'abandon de ce qui donnait un sens à leur vie, à l'image de leurs animaux...
    P. 55 "Leurs chevaux sont leurs ailes, leur puissance, leur signe extérieur de richesse."

    Je fais partie de celles et ceux qui pensent que les livres peuvent nous permettre d'évoluer dans notre relation à l'Autre. Dans le contexte actuel d'afflux de migrants en Europe et plus près de nous, en France, le roman de Paola PIGANI donne indéniablement un éclairage tout particulier sur les écueils de certaines modalités d'intégration. Essayons de ne pas les renouveler !

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  • L'internement des Tsiganes au camp des Alliers de 1940 à 1946. Paola Pigani sait évoquer la souffrance d'un peuple privé de la sève de la liberté, humilié, rejeté, sans misérabilisme. Un écriture qui laisse la place à toutes les douleurs et au silence.

    L'internement des Tsiganes au camp des Alliers de 1940 à 1946. Paola Pigani sait évoquer la souffrance d'un peuple privé de la sève de la liberté, humilié, rejeté, sans misérabilisme. Un écriture qui laisse la place à toutes les douleurs et au silence.

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  • Beaucoup de poésie et de sensibilité pour ce beau roman qui évoque l’internement des gens du voyage dans des camps pendant la 2e guerre mondiale.
    En se basant sur les souvenirs d’une vieille tsigane, l’auteure raconte l’adolescence d’Alba, jeune fille de 14 ans enfermée avec sa famille dans un...
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    Beaucoup de poésie et de sensibilité pour ce beau roman qui évoque l’internement des gens du voyage dans des camps pendant la 2e guerre mondiale.
    En se basant sur les souvenirs d’une vieille tsigane, l’auteure raconte l’adolescence d’Alba, jeune fille de 14 ans enfermée avec sa famille dans un camp de Charente : six longues années à souffrir de la faim, du froid et de la vermine, six longues années privée de mouvement, de plein air, de feux de bois et de nuits à la belle étoile, à s’interroger sur les raisons de cet internement… Une belle réflexion sur la liberté porté par un texte extrêmement poétique.

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