Philippe Descola et Bruno Latour cités en épigraphe nous placent tout de suite dans l’état d’esprit singulier des rapports entre humains et entre humains et non humains. Et Davodeau nous plonge dans ces rapports puissants avec un homme assez âgé (Louis) qui, revenant sur un des lieux de son...
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Philippe Descola et Bruno Latour cités en épigraphe nous placent tout de suite dans l’état d’esprit singulier des rapports entre humains et entre humains et non humains. Et Davodeau nous plonge dans ces rapports puissants avec un homme assez âgé (Louis) qui, revenant sur un des lieux de son histoire personnelle pour retrouver manifestement une vieille amie, va se baigner nu (dans ce que l’on sait être (la) Loire par le titre) et se laisser dériver pour se retrouver en aval et devoir revenir nu récupérer ses affaires.
Cette nudité primaire illustre la liberté retrouvée chère à Davodeau, suivie de la rencontre avec d’autres hommes et femmes à la demande d’Agathe qui a manifestement été une compagne de vie des uns et des autres. Agathe est partout, en osmose avec la nature. La fille d’Agathe, au père inconnu, sera, avec sa fille, le présent bien réel dans cette remontée du temps pour cette communauté de circonstance qui va apprendre à partager des souvenirs les liants .
Arbres, fleuve (Loire), vents, chevreuils, etc., prennent place dans ce récit avec des présences diverses mais puissantes. La mort aussi est présente tout au long, mais vécue sans pesanteur, comme un moment du cycle de la vie. Et si parfois s’applique le « tu es terre et tu retourneras poussière », il peut aussi y avoir le bain libérateur pour un des anciens amis d’Agathe en fin de vie.
C’est un livre subtil, profond, attachant, simple, lumineux (y compris dans sa coloration) comme sait nous les donner Davodeau qui réussit, une fois encore, à nous toucher au plus profond.
J'adore Étienne Davodeau et ta chronique me fait infiniment plaisir. As-tu lu "Femme nue" du même auteur ? Dans cette dernière, tu ne devrais pas avoir de réticences... :- )