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La valise

Couverture du livre « La valise » de Serguei Dovlatov aux éditions Rocher
  • Date de parution :
  • Editeur : Rocher
  • EAN : 9782268040394
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Sergueï Dovlatov émigra en 1978.
Il quittait une Russie imbibée de vodka, " constitutionnellement délinquante, peuplée de personnages fous, impertinents, violents, faibles, irrémédiablement énigmatiques ". De cette Russie, transplantée dans la communauté émigrée de New York, il a fait un roman... Voir plus

Sergueï Dovlatov émigra en 1978.
Il quittait une Russie imbibée de vodka, " constitutionnellement délinquante, peuplée de personnages fous, impertinents, violents, faibles, irrémédiablement énigmatiques ". De cette Russie, transplantée dans la communauté émigrée de New York, il a fait un roman irrésistible de drôlerie et de tendresse : L'Etrangère. La Valise raconte sa vie précédente dans la Russie des Soviets, faite de menus épisodes désespérants et cocasses d'absurdité.
Quand on part pour ne pas revenir, quand on sait qu'on ne reviendra jamais plus, quel regard a-t-on sur les objets qu'on laisse ? C'est ainsi qu'est né le sujet de La Valise, mosaïque sentimentale qui, derrière la loufoquerie des personnages et des situations, laisse entrevoir l'universalité du chagrin et de la nostalgie. En Russie, tout émigrant n'avait droit qu'à trois valises au moment où il quittait le pays.
Trois valises dans lesquelles devait tenir une vie entière. Dovlatov (à la fois narrateur et protagoniste) proteste, mais découvre ensuite que tout ce qu'il a accumulé au cours de sa vie en Russie tient facilement dans une seule valise (" qui plus est, de dimensions plutôt modestes ") : " J'ai examiné la valise vide. Karl Marx au fond. Brodsky sur le couvercle. Et entre les deux une vie foutue, inestimable, unique.
J'ai refermé la valise. À l'intérieur les boules de naphtaline ont roulé bruyamment. Des affaires s'amoncelaient en tas bariolé sur la table de la cuisine. Tout ce que j'avais accumulé en trente-six ans, durant toute ma vie en Russie. Je me suis dit : tout est là. Oui, tout était, là. "

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  • Belle découverte !

    Sergueï Dovlatov est un journaliste et écrivain russe qui quitte l’ex-URSS en août 1978, ce, pour une seule raison : il sait qu’il ne sera jamais reconnu en tant qu’écrivain dans ce pays où il subit le carcan de la censure et de la répression.

    Il aurait voulu emporter...
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    Belle découverte !

    Sergueï Dovlatov est un journaliste et écrivain russe qui quitte l’ex-URSS en août 1978, ce, pour une seule raison : il sait qu’il ne sera jamais reconnu en tant qu’écrivain dans ce pays où il subit le carcan de la censure et de la répression.

    Il aurait voulu emporter avec lui des livres et bien des effets personnels mais il lui fut autorisé à ne prendre que trois valises maximum. Pour finir, il quittera son pays auquel il restera toujours sentimentalement attaché, avec qu’une seule et unique valise.

    Arrivé en Europe, il s’achète de nouveaux vêtements puis après trois mois en Italie, il s’envole aux États-Unis où il s’installera en reconstituant sa famille.
    En plus de sa fille, il eut un fils qui, enfant turbulent, fut un jour puni et demandé d’aller dans le placard pour se calmer. Quelques minutes plus tard, quand il va le rechercher, il le trouve assis sur la valise restée fermée depuis plus de quatre ans.

    « J’empoignais alors la valise et l’ouvris. »

    Il en vida son contenu.

    « J’examinai la valise vide. Karl Marx au fond. Brodsky sur le couvercle. Et entre les deux, une vie foutue, inestimable, unique… »

    « Mes affaires formaient un tas bariolé sur la table de la cuisine. (…) C’est alors que les souvenirs, comme on dit, refirent surface. Ils étaient probablement restés enfouis dans les plis de ces pauvres hardes. Et voilà que brusquement ils émergeaient. »

    Chaque vêtement va correspondre à une histoire alimentée par les souvenirs de l’auteur dans la Russie des Bolcheviks avec son quota d’absurdités entre milices, dénonciations, corruption, antisémitisme, suicides, arrestations, bureaucratie, le tout fortement arrosé de vodka, d’aventures et de littérature.

    L’écrivain narrateur est un personnage haut en couleur qui croque la vie à pleines dents, n’hésitant pas à suivre des copains de beuverie marginaux dans des combines plus ou moins louches pour compléter ses revenus insuffisants de journaliste un peu raté.
    Son goût pour une vie dissolue et anticonformiste, l’entraîne parfois dans des situations burlesques qui forcent à rire tout en dévoilant une galerie de portraits de gens ordinaires et originaux face au quotidien difficile de l’époque.

    Bien que les souvenirs soient tantôt joyeux, tantôt tristes, tantôt dramatiques, le ton reste fataliste et gentiment ironique.

    Au-delà des chaussettes finlandaises en crêpe, des chaussures du maire, du costume croisé tout à fait convenable, du ceinturon d’officier, de la veste de Fernand Léger, de la chemise en popeline, de la chapka et des gants d’automobiliste, c’est toute l’âme russe complexe et énigmatique que contient cette valise.

    Une écriture talentueuse et un esprit vif pour un livre pétillant zébré d’un sarcasme bienveillant qui m'a beaucoup plu.


    En fin de livre, on peut lire un entretien intéressant paru dans la revue Slovo en 1988 qui nous fait découvrir cet auteur édité post-mortem en France ainsi qu’une chronologie de sa vie et de son œuvre.

    « Je suis parti pour devenir écrivain et je le suis devenu après avoir réalisé un choix difficile entre la prison et New-York. L’unique but de mon émigration était la liberté créative. (…) Je n’avais pas même de griefs contre le pouvoir : j’étais habillé, chaussé et jusqu’au bout, dans les magasins soviétiques, ils vendaient des pâtes, je n’avais pas besoin de penser à la subsistance. Si j’avais été édité en Russie, je ne serais pas parti. »

    « Cette profession ne se choisit pas. C’est elle qui vous choisit. »

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