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La brebis egaree

Couverture du livre « La brebis egaree » de Jean-Pierre Gabut aux éditions Libre Label
Résumé:

La vie est faite de petits et de grands moments, de rencontres et d'images qui forgent notre mémoire. Ce qu'on nous a raconté de nos aïeuls disparaît peu à peu dans la brume du temps: nous ne l'avons pas vécu et il fallait le croire. Bientôt ne subsistent que quelques objets sauvés de la... Voir plus

La vie est faite de petits et de grands moments, de rencontres et d'images qui forgent notre mémoire. Ce qu'on nous a raconté de nos aïeuls disparaît peu à peu dans la brume du temps: nous ne l'avons pas vécu et il fallait le croire. Bientôt ne subsistent que quelques objets sauvés de la débâcle, de l'usure, de l'oubli. Et ces souvenirs fugaces de ce que nous avons vécu et que le temps peu à peu transforme et modifie. Quand les années s'écoulent, de nouvelles images apparaissent. On pose la main sur une vieille photo, on tire d'un tiroir une vieille pipe usée, on sort d'une armoire un vieux saladier, celui que l'on a vu, petit, sur la table de la grand-mère. On essaie d'imaginer comment le grand-père bourrait sa pipe. On se souvient que l'arrière-grand-mère qui pose sur la photo jaunie a, comme nous, été enfant, adolescente.Mais les petits souvenirs fugaces ne suffisent plus pour reconstruire ces vies disparues. Il faut combler le vide laissé par l'absence de mémoire. Et tout est à la fois si précis et si confus, si réel et si lointain, que parfois le rêve et la réalité de ce qui s'est passé se confondent. Les souvenirs à peine altérés et l'imaginaire, l'invention, la mise en scène se débordent les uns les autres. Tout devient interchangeable : le village de notre enfance est désormais un autre village, où d'autres personnages de photos jaunies ont vécu, aimé, travaillé et sont morts. Une sorte de village universel où tout ce qui a pu se produire ailleurs est aussi arrivé. Où les vivants ont connu les mêmes passions, les mêmes attentes, les mêmes jalousies. Où les vieux saladiers, transmis de grand-mère en petite-fille, ont franchi les décennies de privation. Ce village universel, où l'on a tressé l'osier et soufflé le verre avec la même passion.Saint-Blie n'existe pas. Pas plus que saint Blie, le saint patron qui lui a donné son nom. Mais je n'en suis pas sûr. Tout est si loin, si flou, et il est aussi si facile, parfois, de laisser l'imagination combler les vides laissés par la mémoire, que l'on se dit que ce qui est purement et simplement inventé n'est autre chose qu'une réalité un moment oubliée, mais que l'on a conservée en nous et qui reprend vie.

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