Mais pourquoi une pétasse au volant serait plus pétasse qu'une pétasse à pied ? Parce qu'une voiture protège de tout : des autres pétasses encore plus pétasses, des hommes à petit cerveau et grosse auto, des flicaillons tatillons et des passants envahissants. Dans son cocon, la pétasse est enfin elle-même, libérée des turpitudes, c'est du moins ce qu'elle s'imagine. Chanteuse à tue-tête (souvent), romantique (un peu), vulgaire (parfois), maman (quand il faut) et mécano (le moins souvent possible), elle vit sa voiture et la transforme selon son humeur et sa météo personnelle. Tour à tour salon de coiffure, alcôve amoureuse, salle de concert, bureau ou bistrot avec les copines, son auto est le décor de sa vie et de ce roman qui aborde, sur un ton humoristique, des problèmes qui vont bien au-delà de l'anecdote.
La Pétasse, elle se revendique comme tel, a un mari infidèle, une ado lambda, un patron, des collègues... La Pétasse aime le rouge clinquant, sa nouvelle voiture, être en retard, critiquer et séduire. La Pétasse inspire, mais le titre se mérite...
Une héroïne Pétasse, c'est un choix culotté, non ? L'auteure peut l'assumer pleinement après avoir exploité le thème de la femme au volant sur son blog depuis huit ans. Elle nous régale ainsi d'un récit piquant où les clichés sortent délibérément du cadre.
La Pétasse ne se laisse pas faire, elle a du charme, de la répartie, du mordant. Avec elle, le quotidien ne se contente pas d'être banal, tout prend une dimension comique, festive. Elle réagit au quart de tour, elle est entière, impulsive. Et même si son culot démesuré, elle nous inspire de la sympathie.
L'écriture est vivante, espiègle, drôle. Le style est très cosmo, il y a une vraie énergie, des courbes, du mélo. Les scènes sont cocasses, surjouées et on adore ça. Si dans la vraie vie, la Pétasse fait tout pour se faire remarquer, au volant elle se dépasse encore. On suit ses aventures pied au plancher. On compatit parfois, on s'indigne, on se gausse, on lève les yeux au ciel. C'est très caricatural et la voiture devient ici l'objet d'une libération féminine. On sent que c'est très compliqué, cela coince encore un peu. La satire s'étire de manière parfois irrévérencieuse, mais c'est tellement bon.
Les chapitres sont courts et animés. Il y a un côté jovial et débordant qui relève les vicissitudes, les accrocs. On assiste à des rencontres furtives, à des dialogues aiguisées. La Pétasse montre qu'au fond d'elle-même, elle peut jouer son rôle et le tourner à son avantage.
Un premier roman insolent, croustillant et chahuté. Qui a dit qu'une femme ne pouvait pas conduire sans développer un incident ? Il faut juste parfois provoquer le destin !
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