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Dans le ventre de Klara

Couverture du livre « Dans le ventre de Klara » de Regis Jauffret aux éditions Recamier
  • Date de parution :
  • Editeur : Recamier
  • EAN : 9782385770570
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

"Ce roman est constitué de faits et d'imaginaire comme un corps de chair et d'os." - Régis Jauffret
De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la... Voir plus

"Ce roman est constitué de faits et d'imaginaire comme un corps de chair et d'os." - Régis Jauffret
De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l'incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste.
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l'innommable, partagée entre l'amour pour son enfant à venir et les visions qu'elle reçoit malgré elle des crimes que ce foetus, une fois devenu homme, commettra contre l'humanité tout entière.

Peu d'auteurs ont su explorer l'indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscienceque seule la littérature peut explorer profondément l'âme humaine.
Un roman sombre, violent et magnifique.

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Avis (8)

  • Ce livre est original et percutant! Aborder la grossesse de la mère d'Hitler à partir de rares documents historiques et une grande part de fiction est osé et réussi!

    Ce livre est original et percutant! Aborder la grossesse de la mère d'Hitler à partir de rares documents historiques et une grande part de fiction est osé et réussi!

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  • Dans ce roman Régis Jauffret remonte à l’origine du mal, sa genèse, sa gestation : la grossesse de Klara, qui aboutit à ce jour funeste de 1889, le jour de la naissance d’Adolf Hitler.

    Klara arrive dans la maison de son oncle comme domestique, à Braunau am Inn en Haute-Autriche. Elle devient...
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    Dans ce roman Régis Jauffret remonte à l’origine du mal, sa genèse, sa gestation : la grossesse de Klara, qui aboutit à ce jour funeste de 1889, le jour de la naissance d’Adolf Hitler.

    Klara arrive dans la maison de son oncle comme domestique, à Braunau am Inn en Haute-Autriche. Elle devient ensuite sa femme et perd ses deux premiers enfants de maladies infantiles. Voilà pour la réalité historique. Hitler est né d’un inceste, d’un père violent et dominateur.

    Nous vivons avec Klara les neuf mois de sa grossesse, faite de privations et d’asservissement, avec une religion fanatique exacerbée. Elle imagine son futur enfant, l’idéalise, mais chacune de ses pensées devient pour elle un péché et elle y laisse sa santé mentale.

    Je découvre Régis Jauffret avec ce roman, sa plume poignante qui sait décrire l’intime avec une tension saisissante. L’histoire est entrecoupée par des élans visionnaires terrifiants, décrivant les horreurs qu’engendrera cet enfant à naître, comme une prémonition funeste.

    Klara a mis au monde ce que l’histoire a fait de plus sombre. Mais les mères sont-elles responsables des abominations de leurs enfants ?
    « les humains accouchent de demain et ils jettent un regard vitreux à la catastrophe dont ils viennent de mettre un fragment au monde et ils espèrent n'être plus quand elle surviendra et le présent ne peut plus rien et le passé ne savait pas »

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  • Régis Jauffret est un écrivain hors norme. Chacun de ses nouveaux textes, nous entraine dans des contrées littéraires incongrues. Femme séquestrée, assassinat sadomaso, projet de cannibalisme, cet auteur est obnubilé par la folie et la cruauté de l’Homme. Il nous en fait profiter. Cette fois...
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    Régis Jauffret est un écrivain hors norme. Chacun de ses nouveaux textes, nous entraine dans des contrées littéraires incongrues. Femme séquestrée, assassinat sadomaso, projet de cannibalisme, cet auteur est obnubilé par la folie et la cruauté de l’Homme. Il nous en fait profiter. Cette fois encore, il frappe fort en nous conviant dans la tête de Klara, qui n’est autre que la future mère d’Adolf Hitler.

    Cette histoire qui se présente comme les origines d’un tyran, n’est en fait qu’un œil porté sur la condition des femmes dans ces milieux et à cette époque. Klara possède un entourage désastreux. Elle est abusée par un oncle qui la maltraite. Elle se fait sermonner par un curé qui la diabolise. Elle est surveillée par une sœur simplette et incontrôlable. Dans ce contexte familial, elle n’a d’autres choix que d’abdiquer. Les règles en place dans tous les foyers sont tellement ancrées dans l’inconscient collectif, qu’à aucun moment, la jeune femme pense à les contourner. Elle accepte son sort, en se flagellant d’en être responsable.

    Enfermé dans cet esprit limité et crédule, le lecteur subit les souffrances à ses côtés. Son quotidien oscille entre violence physique et violence psychologique. La plume pourtant exigeante de l’auteur retranscrit parfaitement la naïveté de cette femme, réduite à son rôle de reproductrice. Parsemée de phrases d’une longueur insolente, elle accompagne ses réflexions tourmentées.

    Ce roman est douloureux à lire avec nos yeux d’aujourd’hui. Cette plongée dans une société patriarcale et religieuse sans restriction, nous prend souvent aux tripes. Toutes les scènes du roman, imprégnées d’une certaine tradition, confirment l’injustice de la situation de Klara. Pour ma part, j’ai plusieurs fois serré les poings devant mon impuissance à intervenir.

    Même si elle s’avère moins sulfureuse qu’annoncée, c’est encore une nouvelle expérience de lecture inédite et déstabilisante que nous propose Régis Jauffret !

    https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/03/13/920-regis-jauffret-dans-le-ventre-de-klara/

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  • « Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées...
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    « Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmera de n'avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l'existence et du supplice. »

    Le prologue est saisissant, le reste du roman le sera tout autant. Et le sujet l'est encore plus. Sans jamais le nommer, Régis Jauffret raconte la gestation d'Adolf Hitler à travers sa mère, Klara, la narratrice. Il fallait oser. le résultat est un texte puissamment hors norme que j'ai lu avec une gravité estomaquée.

    Hitler a toujours renié ses origines qui l'auraient desservi politiquement car l'histoire de sa famille, n'a rien de glorieux : misère, enfants illégitimes, consanguinité quasi incestueuse, ascendance douteuse du moins inconnu. Comme le montre la bibliographie fournie en fin de livre, Régis Jauffret s'est énormément documenté pour trouver les cadres concrets de son récit. Klara était une employée de maison au service d'un cousin ou oncle ( selon les versions ) qu'elle finit par épouser à la mort de sa deuxième épouse. Alois Hitler était agent de douanes dans l'empire austro-hongrois.

    L'auteur navigue ainsi entre les éléments tangibles dont on dispose actuellement sur la généalogie de Hitler et la description réaliste d'un quotidien rude dans le Waldviertel, une des régions les plus reculées et inhospitalières d'Autriche. Au squelette de nos connaissances sur la famille d'Hitler, il ajoute de la chair. Dans sa solitude, Klara raconte un mari tyrannique et violent lui imposant un devoir conjugal proche du viol, une vie de labeur sans répit, l'omniprésence de la mort avec des épidémies qui déciment les foyers ( sur ses six grossesses, seulement deux enfants atteindront l'âge adulte ). Seule l'écriture clandestine de ses pensées semblent lui apporter un peu d'apaisement.

    Dans ce déroulé factuel très sombre, j'ai apprécié que Régis Jauffret ne rajoute pas du psychologisant qui essaierait d'expliquer pourquoi Hitler est devenu ce qu'il était à cause de sa famille. C'était donc fondamental que le récit s'arrête à sa naissance ou plutôt son baptême.

    C'est Klara qui mène le récit à la première personne. Elle parle beaucoup, presque sans filtre malgré la crainte d'être découverte par son mari. On est à la fois très proche d'elle par ce robinet ouvert de flux de pensée qui nous assaille, et en même temps, très loin d'elle, comme repoussée par les tourments qu'elle exprime.

    « J'ai du mal à mettre de l'ordre dans cette cervelle. Tout caracole là-dedans. Je n'ai jamais vu un tel troupeau de pensées. Elles m'emportent l'une après l'autre, quand elles ne galopent pas vers les quatre points cardinaux comme des chevaux cravachés par le bourreau pour écarteler un condamné. »

    Régis Jauffret a trouvé un formidable moyen narratif pour faire le pont entre les questionnements habituels d'une femme enceinte et ce qu'est devenu cet enfant en gestation, en la décrivant comme terriblement tourmentée par le péché originel, par l'enfer, persuadée qu'elle est une pécheresse qui pourrait transmettre son infamie à sa progéniture ou qu'une vengeance divine pourrait indélébilement tachée son bébé. Son confesseur est complètement dépassé par la violence presque blasphématoire des propos de son ouaille.

    Ses confessions prennent aux tripes et mordent le ventre parce qu'évidemment, le lecteur ne peut s'empêcher de projeter sur le génocide à venir tant la Shoah est en chacun de nous parce que nous en savons.

    Pour accroître cette tension, L'auteur a l'idée -géniale- de mêler aux divagations religieuses terrorisées de Klara des passages délirants qui s'invitent dans son récit malgré elle : ainsi surgissent sans qu'on s'y attende des paragraphes composées de phrases longues, sans ponctuation convoquant les gémissements de Juifs mourant de faim dans les rues des ghettos, les hurlements des enfants poussés dans les chambres à gaz, ou encore les prières s'échappant des wagons surchargés menant à Treblinka ou Auschwitz.

    Des flashs hallucinés prémonitoires qui assomment et restent en suspens durant tout le texte jusqu'aux prochains, comme si Klara était contaminée par les idées de l'enfant qu'elle porte. Comme si Hitler était déjà Hitler lorsqu'il était en gestation. Comme si Klara portait en elle une bombe à retardement dont la déflagration exploserait près de cinquante ans après.

    Un roman assez fou, d'une puissance évocatoire dérangeante et impressionnante. Troublant et marquant.

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  • La jeune Klara était au service d’Aloïs et Franziska (à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie) un couple déjà parents de deux enfants en bas âge, quand la mère mourut. Klara n’eut pas d’autre choix que de prendre sa place dans le lit de son patron, qui était également son oncle. Un individu brutal...
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    La jeune Klara était au service d’Aloïs et Franziska (à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie) un couple déjà parents de deux enfants en bas âge, quand la mère mourut. Klara n’eut pas d’autre choix que de prendre sa place dans le lit de son patron, qui était également son oncle. Un individu brutal qui n’hésita pas à abuser d’elle, selon son bon désir … Klara va avoir deux bébés (Gustav et Ida) qu’elle perdra hélas tout petits … Elle élèvera les deux enfants orphelins de mère d’Aloïs (Aloïs junior et Angela) – avec l’aide de sa soeur Johanna – et les aimera comme les siens. En juillet 1888, elle est enceinte de son troisième enfant, un foetus qui deviendra l’homme le plus diabolique du XXème siècle, responsable de la Shoah …

    Si la mère du futur dictateur-génocidaire semblait plutôt vulnérable, son père en revanche était un hypocondriaque égoïste et dépourvu d’empathie. Officier des douanes, il avait une très haute opinion de lui-même. Entre un mari brutal et le cruel Abbé Probst, Klara va vivre une grossesse angoissée, obsédée par une sorte de prémonition concernant l’enfant à venir (qu’elle aurait souhaité fille) Serait-il un saint ou un démon ? Dans ce monde de « mâles » (ou les femmes sont priées d’être les plus « invisibles » possible …) Klara n’aura un semblant de réconfort qu’auprès de sa soeur Johanna … (et de sa passion pour l’écriture !)

    Celle de Régis Jauffret (d’écriture) est juste enchanteresse et profondément humaine ! Et vient quelque peu adoucir la dureté de son récit. À noter – qu’à aucun moment – le prénom (honni) n’est prononcé … Un beau texte, sombre et douloureux, à l’image de son auteur. Un sujet (tabou ? …) qui ne l’arrête nullement !

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  • Dans le ventre de Klara, il y a la violence d’un homme, son oncle, qui deviendra son mari.
    Dans le ventre de Klara, il y a eu un garçon, puis une fille, tous deux morts trop jeunes avant d’avoir pu jouer et profiter de l’insouciance.
    Dans le ventre de Klara, il y a un nouvel enfant, le fruit...
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    Dans le ventre de Klara, il y a la violence d’un homme, son oncle, qui deviendra son mari.
    Dans le ventre de Klara, il y a eu un garçon, puis une fille, tous deux morts trop jeunes avant d’avoir pu jouer et profiter de l’insouciance.
    Dans le ventre de Klara, il y a un nouvel enfant, le fruit du pêché, de cet inceste, de ces viols répétés.
    Dans le ventre de Klara grandit un être de chair et de sang ; pendant 9 mois, Klara va le porter, va espérer que ce sera un fils pour satisfaire l’Oncle. Elle va sentir en elle le pêché grandir, et s’il s’agissait du fils du diable ?
    Klara va écrire, en cachette, son ressenti sur cette grossesse, sur le poids des confessions quotidiennes auprès du prêtre de la paroisse, pour exorciser des fautes qu’elle n’a pas commises. Klara va être désobéissante, parce que là se trouve sa seule liberté.
    Un roman glaçant et brillant, une vie de violence, un portrait basé sur des faits réels pour nous faire découvrir dès sa conception, l’enfant de Klara Hitler.
    J’ai aimé retrouver la plume noire, grinçante et tranchante de Régis Jauffret. Un très beau texte de littérature, un sujet traité avec brio, sans empathie pour le rendre encore plus froid.
    Un gros coup de cœur de cette rentrée.

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  • Dans le ventre de Klara, Régis Jauffret, Récamier
    A l’aide de documents officiels et de son imagination de romancier, Régis Jauffret écrit les neuf mois de grossesse, entre juillet 1888 et avril 1889 de Klara, la mère du jamais nommé Adolf Hitler, engrossée puis épousée par son oncle. Le futur...
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    Dans le ventre de Klara, Régis Jauffret, Récamier
    A l’aide de documents officiels et de son imagination de romancier, Régis Jauffret écrit les neuf mois de grossesse, entre juillet 1888 et avril 1889 de Klara, la mère du jamais nommé Adolf Hitler, engrossée puis épousée par son oncle. Le futur tyran est donc un consanguin.
    L’écriture de Régis Jauffret décrit un monde comme on ne devrait plus en faire, entre violence intraconjugale, brutalité et désir bestial de l’homme que Klara ne nomme que "Oncle", soumission des femmes, religiosité étouffante et culpabilisante, souci des apparences… Et cette écriture superbe emporte tout, nous plonge immédiatement dans la tête de Klara : "Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l’enfant qu’elles ont porté. […] L’intervention des pères est trop fugace pour les compromettre en aucune façon. Oncle me l’a dit."
    Elle a des visions de ce que fera son enfant : la Shoah, les camps de la mort... et les lignes qui les décrivent surgissent d’un coup, entre deux faits de la vie quotidienne, longues, sans ponctuation, une sorte de poésie morbide qui n’arrange pas l’état psychologique et physique de Klara.
    Malgré un peu de longueurs sur la fin qui ne font que répéter les peurs et doutes et la religiosité excessive de Klara, la violence d’Oncle, que l’on a compris depuis longtemps, ce roman est d’une force véritable. Il nous fait entrer dans l’intimité et la tête de son héroïne comme rarement un roman parvient à le faire. Je suis totalement bluffé, je n’avais encore jamais lu l’auteur dont j’ai beaucoup entendu parler, à raison manifestement tant Dans le ventre de Klara est un livre puissant.

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  • Habitué à décrire, dans ses précédents romans, des situations de folie et de sadisme, Régis Jauffret choisit de raconter, avec Dans le ventre de Klara, la grossesse de la mère d’Adolf Hitler, à partir des rares documents historiques, apportant ainsi sa contribution à l’Histoire.

    Enfermé dans...
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    Habitué à décrire, dans ses précédents romans, des situations de folie et de sadisme, Régis Jauffret choisit de raconter, avec Dans le ventre de Klara, la grossesse de la mère d’Adolf Hitler, à partir des rares documents historiques, apportant ainsi sa contribution à l’Histoire.

    Enfermé dans une contrainte extrême, ce portrait de femme du XIXè siècle décrit le chemin vers la folie où sa moindre parcelle de liberté lui sera étouffée. La description des différentes formes de domination répondra aux événements historiques à venir : l’enfant à naître, devenu adulte, va osciller entre venger les souffrances infligées à sa mère et répondre aux volontés viriles de son père. Avec ce roman, l’écrivain revient à la fiction avec un roman âpre, dense et terrifiant à la fois, mais absolument réussi !
    Brins d’histoire

    Klara raconte sa vie muselée, contrainte, réduite à un esclavage domestique suivant la volonté d’Aloïs. Sa culpabilité, de ne jamais pouvoir le satisfaire, elle la retourne contre elle jusqu’à s’abîmer dans la dévotion. Sa peur de perdre l’enfant qu’elle porte est omniprésente, elle qui a déjà mis au mode d’autres enfants qui sont morts depuis.

    Pour échapper à ces émotions mortifères, elle tente de conserver une part de liberté. Elle écrit son ressenti dans des petits carnets, d’une écriture qui, au fil du temps, devient illisible. Son passage de domestique à épouse de l’homme qu’elle appelle Oncle, ne lui donne aucun avantage. Car la loi de l’homme, violent, y règne avec brutalité, en paroles et en actes. La mère d’Hitler vit dans la peur, la soumission et l’enfermement.

    Emprisonnée par la domination masculine, Klara garde sa foi vivace. Mais, au lieu d’y trouver le réconfort nécessaire, elle subit, là encore, les diktats de la religion, incarnée par un abbé, étriqué dans ses principes intégristes. Il la soumet aux paroles de dieu en fustigeant ses actions dignes, pense-t-il, du diable.

    Dénigrée par son mari et aussi par son confesseur, elle n’a que l’écriture pour trouver un peu de plaisir dans sa vie de misère. Mais, au fil des pages, cette espace de liberté sera restreinte aussi. Aucune colère pourtant, jamais ne s’exprime !

    C’est le portrait d’une société enfermée dans un patriarcat absolu et une religion omniprésente où l’antisémitisme y est constant et où le rêve d’une grandeur retrouvée berce les rêves de chacun. Cette partie reculée de l’Autriche, proche de la frontière avec l’Allemagne, porte dans sa société, le contexte de l’acceptation de la dictature à venir.
    Fiction pour expliquer l’Histoire

    Reconnu pour ses combats contre les manipulations de toutes sortes, Régis Jauffret se propose d’éclairer la personnalité d’Hitler par la personnalité de sa mère, subissant le joug de contraintes extrêmes ne pouvant qu’entamer sa santé mentale.

    Ainsi, et Régis Jauffret le rappelle, Adolf est le fruit d’un inceste entre Aloïs et sa nièce, Klara. Malgré cela, l’église a légitimé leur mariage, ce qui renforce la culpabilité de la jeune femme qui se considère comme le diable incarné. Comme un écho à son roman Claustria, paru en 2012, pour lequel il avait été condamné en diffamation pour avoir dénoncé des lois autrichiennes assez liberticides sur l’inceste, Dans le ventre de Klara reprend les faits historiques et envisage leurs conséquences sur ses personnages du XIXè siècle.

    L’Oncle ressemble aussi au héros d’un de ses précédents romans, La Ballade de Rikers Island, publié en 2014 sur le prédateur sexuel qu’était DSK. Car, Régis Jauffret terrifie en décrivant les appétits sexuels de cet homme que Klara subit complètement, même avant le décès de sa première femme.

    Autant dire que l’univers de ce nouveau roman en exploitant les faits historiques ne pouvait qu’interesser Régis Jauffret !
    Une réussite !

    L’étau ressenti à la lecture devient de plus en plus insupportable. La domination vécue par Klara, de plus en plus contraignante, étouffe l’espace du lecteur. La narration oblige plusieurs fois à arrêter la lecture pour reprendre son souffle, la puissance fictionnelle devenant insupportable !

    L’oscillation entre l’empathie et la répulsion est constante : la sympathie grandit pour la fragilité de cette femme, puis quelques pages plus loin, la colère revient devant cette folie mystique qui semble plus la cadenasser. Son acceptation, que toutes ces violences sont des signes de dieu pour éprouver sa croyance, est insoutenable.

    Évidemment, Régis Jauffret aborde l’antisémitisme de la famille et laisse sous-entendre, sans s’y attarder, la possible ascendance juive du futur Führer. Rien n’ayant été prouvé généalogiquement, il lui était difficile de suivre cette thèse.

    L’art de la narration de Régis Jauffret n’est plus à présenter. Dans le ventre de Klara, le style est percutant et puissant. Suite chronique ici
    . https://vagabondageautourdesoi.com/2024/01/03/regis-jauffret-dans-le-ventre/

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