Une plongée au plus profond du sentiment filial et de la construction de l’image du père
Une plongée au plus profond du sentiment filial et de la construction de l’image du père
Merci à Jean-Paul pour ses impressions, ses rencontres, ses Correspondances
Et cette semaine, qu'allez vous lire ? Ne cherchez plus !
En ce 8 mai 1880, Gustave Flaubert s’apprête à prendre ce qui s’avèrera être son dernier bain. Quelques heures plus tard, en effet, le grand écrivain décèdera. Alors qu’il est plongé dans sa baignoire remontent à la surface les souvenirs de sa vie et les fantômes de ses personnages, notamment celui d’Emma Bovary.
Régis Jauffret a scindé son livre en trois parties. La première utilise la première personne du singulier pour donner la parole à Gustave Flaubert dans une sorte d’autobiographie qui retrace la vie de l’écrivain. La seconde revient au “il” et se concentre sur les derniers instants de Gustave Flaubert. La troisième, intitulée “Chutier” regroupe les textes que Régis Jauffret n’a pas retenus. Evacuons tout de suite cette dernière partie, j’ai renoncé à la lire. La typographie minuscule m’a rebutée et, même si l’idée m’a parue excellente, j’ai refermé le livre sans lire les presque 60 pages de cette partie.
Nous sommes ici dans une biographie qui n’a rien de conventionnel. La première partie, dans laquelle Gustave Flaubert a la parole, revient sur la jeunesse et la vie de l’écrivain. On y découvre un Flaubert vivant, bon vivant même, amoureux de femmes et d’hommes, habité par la littérature et l’idée de laisser une œuvre qu’il peaufine inlassablement. Gustave explique, raconte, commente même notre XXIème siècle et le travail de Régis Jauffret ! Et c’est à la fois amusant, décalé et bien envoyé !
La seconde partie s’attache aux dernières heures. En revenant au “il” Régis Jauffret en profite pour convoquer les fantômes des personnages créés par Flaubert et notamment Emma Bovary. Qui n’est pas très contente et qui éreinte ce pauvre Gustave. Car Emma se sent malmenée, incomprise et reproche son destin à son auteur. Et Gustave peine à se défendre au cours de ce voyage hallucinatoire.
C’est un livre étonnamment moderne et plein de vie, qui donne une image très différente de ce qu’on pourrait imaginer de Flaubert si on ne le connait qu’à travers son œuvre.
Un homme de 87 ans se marie.
Je me demande comment, vu son âge l'histoire va pouvoir tenir 275 pages.
Mais, à la page 27, je me rend compte qu'il s'agit en fait de nouvelles.
Je n'affectionne pas particulièrement, mais là, je me suis régalée.
Des nouvelles sur la vieillesse.
Et avec le ton et le style de l'auteur, on ne peut que se régaler.
D'accord, certaines sont bien glauques, mais d'autres sont tellement tendres, ou loufoques.
Ils en vivent des choses tous ces vieux !
Quand on est jeune, on croit qu'ils sont finis, qu'il ne se passe plus rien, mais que nenni.
Ils ne sont peut-être pas loin de la tombe, mais leur personnalité est toujours bien présente et ils ne s'en laissent pas conter.
Il fallait le talent d'écrivain de Régis Jauffret et sa belle écriture pour mener à bien ces seize nouvelles délectables.
Même si je les ai toutes aimées, ma préférence va à « L'explosion du langage », un petit chef d’œuvre de littérature.
" Le lendemain j'ai passé l'après-midi à lire dans un café au bord de l'eau. Il me semblait avoir enterré un personnage secondaire de ma vie. Nous avions si peu parlé, si peu fait de choses ensemble et il ne m'avait jamais donné l'impression d'être un homme dont en cas de nécessité je pourrais espérer le moindre secours. En réalité je n'avais guère eu de père, presque pas. J'avais dû me contenter dans mon enfance d'un petit bout de papa comme un gosse à qui on jetterait le huitième d'un carré de chocolat pour accompagner le pain de son goûter. Autant manger son pain sec. Même pas un huitième de père, quelques miettes, une pincée de Papa...
Alfred n'existait pas beaucoup, il existait à peine. Une dentelle de papa, quelques fils autour de vides, d'absences, de déception de ne trouver personne au lieu de quelqu'un."
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
En attendant le verdict du 14 juin, découvrez ces nouveaux talents du 9e art !
Rendez-vous le jeudi 1er juin à 18h en direct sur "Un endroit où aller" et notre page Facebook
Juillet 1893, Aigues-Mortes : un massacre longtemps passé sous silence
Une superbe BD qui questionne les thèmes de l'identité et de la transmission d'une culture