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Regis Jauffret

Regis Jauffret
Régis Jauffret est né en 1955 à Marseille. Il a publié une quinzaine d'ouvrages, dont une pièce de théâtre et de nombreux romans, en particulier Les jeux de plage (éditions Verticales, 2002), Univers, univers, prix Décembre (éditions Verticales, 2003, Folio n° 4170), L'enfance est un rêve d'enfan... Voir plus
Régis Jauffret est né en 1955 à Marseille. Il a publié une quinzaine d'ouvrages, dont une pièce de théâtre et de nombreux romans, en particulier Les jeux de plage (éditions Verticales, 2002), Univers, univers, prix Décembre (éditions Verticales, 2003, Folio n° 4170), L'enfance est un rêve d'enfant (éditions Verticales, 2004), Asile de fous, prix Femina (collection blanche, 2005).

Articles en lien avec Regis Jauffret (3)

Avis sur cet auteur (61)

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    Couverture du livre « Dans le ventre de Klara » de Regis Jauffret aux éditions Recamier

    Les livres de K79 sur Dans le ventre de Klara de Regis Jauffret

    Régis Jauffret est un écrivain hors norme. Chacun de ses nouveaux textes, nous entraine dans des contrées littéraires incongrues. Femme séquestrée, assassinat sadomaso, projet de cannibalisme, cet auteur est obnubilé par la folie et la cruauté de l’Homme. Il nous en fait profiter. Cette fois...
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    Régis Jauffret est un écrivain hors norme. Chacun de ses nouveaux textes, nous entraine dans des contrées littéraires incongrues. Femme séquestrée, assassinat sadomaso, projet de cannibalisme, cet auteur est obnubilé par la folie et la cruauté de l’Homme. Il nous en fait profiter. Cette fois encore, il frappe fort en nous conviant dans la tête de Klara, qui n’est autre que la future mère d’Adolf Hitler.

    Cette histoire qui se présente comme les origines d’un tyran, n’est en fait qu’un œil porté sur la condition des femmes dans ces milieux et à cette époque. Klara possède un entourage désastreux. Elle est abusée par un oncle qui la maltraite. Elle se fait sermonner par un curé qui la diabolise. Elle est surveillée par une sœur simplette et incontrôlable. Dans ce contexte familial, elle n’a d’autres choix que d’abdiquer. Les règles en place dans tous les foyers sont tellement ancrées dans l’inconscient collectif, qu’à aucun moment, la jeune femme pense à les contourner. Elle accepte son sort, en se flagellant d’en être responsable.

    Enfermé dans cet esprit limité et crédule, le lecteur subit les souffrances à ses côtés. Son quotidien oscille entre violence physique et violence psychologique. La plume pourtant exigeante de l’auteur retranscrit parfaitement la naïveté de cette femme, réduite à son rôle de reproductrice. Parsemée de phrases d’une longueur insolente, elle accompagne ses réflexions tourmentées.

    Ce roman est douloureux à lire avec nos yeux d’aujourd’hui. Cette plongée dans une société patriarcale et religieuse sans restriction, nous prend souvent aux tripes. Toutes les scènes du roman, imprégnées d’une certaine tradition, confirment l’injustice de la situation de Klara. Pour ma part, j’ai plusieurs fois serré les poings devant mon impuissance à intervenir.

    Même si elle s’avère moins sulfureuse qu’annoncée, c’est encore une nouvelle expérience de lecture inédite et déstabilisante que nous propose Régis Jauffret !

    https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/03/13/920-regis-jauffret-dans-le-ventre-de-klara/

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    Couverture du livre « Dans le ventre de Klara » de Regis Jauffret aux éditions Recamier

    Marie Kirzy sur Dans le ventre de Klara de Regis Jauffret

    « Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées...
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    « Les mères demeureront toujours comptables des péchés commis plus tard par l'enfant qu'elles ont porté. On nous accusera d'avoir concocté neuf mois durant un assassin, un monstre, un être qui fera regretter Dieu d'avoir créé Adam et on nous reprochera d'avoir engendré ces fratries asphyxiées aux cendres dispersées, fumant la terre des potagers dont la récolte nourrira les bambins des bourreaux, et nous prêtant le pouvoir de divination des sorcières, on nous blâmera de n'avoir pas cousu nos vulves afin de les préserver de l'existence et du supplice. »

    Le prologue est saisissant, le reste du roman le sera tout autant. Et le sujet l'est encore plus. Sans jamais le nommer, Régis Jauffret raconte la gestation d'Adolf Hitler à travers sa mère, Klara, la narratrice. Il fallait oser. le résultat est un texte puissamment hors norme que j'ai lu avec une gravité estomaquée.

    Hitler a toujours renié ses origines qui l'auraient desservi politiquement car l'histoire de sa famille, n'a rien de glorieux : misère, enfants illégitimes, consanguinité quasi incestueuse, ascendance douteuse du moins inconnu. Comme le montre la bibliographie fournie en fin de livre, Régis Jauffret s'est énormément documenté pour trouver les cadres concrets de son récit. Klara était une employée de maison au service d'un cousin ou oncle ( selon les versions ) qu'elle finit par épouser à la mort de sa deuxième épouse. Alois Hitler était agent de douanes dans l'empire austro-hongrois.

    L'auteur navigue ainsi entre les éléments tangibles dont on dispose actuellement sur la généalogie de Hitler et la description réaliste d'un quotidien rude dans le Waldviertel, une des régions les plus reculées et inhospitalières d'Autriche. Au squelette de nos connaissances sur la famille d'Hitler, il ajoute de la chair. Dans sa solitude, Klara raconte un mari tyrannique et violent lui imposant un devoir conjugal proche du viol, une vie de labeur sans répit, l'omniprésence de la mort avec des épidémies qui déciment les foyers ( sur ses six grossesses, seulement deux enfants atteindront l'âge adulte ). Seule l'écriture clandestine de ses pensées semblent lui apporter un peu d'apaisement.

    Dans ce déroulé factuel très sombre, j'ai apprécié que Régis Jauffret ne rajoute pas du psychologisant qui essaierait d'expliquer pourquoi Hitler est devenu ce qu'il était à cause de sa famille. C'était donc fondamental que le récit s'arrête à sa naissance ou plutôt son baptême.

    C'est Klara qui mène le récit à la première personne. Elle parle beaucoup, presque sans filtre malgré la crainte d'être découverte par son mari. On est à la fois très proche d'elle par ce robinet ouvert de flux de pensée qui nous assaille, et en même temps, très loin d'elle, comme repoussée par les tourments qu'elle exprime.

    « J'ai du mal à mettre de l'ordre dans cette cervelle. Tout caracole là-dedans. Je n'ai jamais vu un tel troupeau de pensées. Elles m'emportent l'une après l'autre, quand elles ne galopent pas vers les quatre points cardinaux comme des chevaux cravachés par le bourreau pour écarteler un condamné. »

    Régis Jauffret a trouvé un formidable moyen narratif pour faire le pont entre les questionnements habituels d'une femme enceinte et ce qu'est devenu cet enfant en gestation, en la décrivant comme terriblement tourmentée par le péché originel, par l'enfer, persuadée qu'elle est une pécheresse qui pourrait transmettre son infamie à sa progéniture ou qu'une vengeance divine pourrait indélébilement tachée son bébé. Son confesseur est complètement dépassé par la violence presque blasphématoire des propos de son ouaille.

    Ses confessions prennent aux tripes et mordent le ventre parce qu'évidemment, le lecteur ne peut s'empêcher de projeter sur le génocide à venir tant la Shoah est en chacun de nous parce que nous en savons.

    Pour accroître cette tension, L'auteur a l'idée -géniale- de mêler aux divagations religieuses terrorisées de Klara des passages délirants qui s'invitent dans son récit malgré elle : ainsi surgissent sans qu'on s'y attende des paragraphes composées de phrases longues, sans ponctuation convoquant les gémissements de Juifs mourant de faim dans les rues des ghettos, les hurlements des enfants poussés dans les chambres à gaz, ou encore les prières s'échappant des wagons surchargés menant à Treblinka ou Auschwitz.

    Des flashs hallucinés prémonitoires qui assomment et restent en suspens durant tout le texte jusqu'aux prochains, comme si Klara était contaminée par les idées de l'enfant qu'elle porte. Comme si Hitler était déjà Hitler lorsqu'il était en gestation. Comme si Klara portait en elle une bombe à retardement dont la déflagration exploserait près de cinquante ans après.

    Un roman assez fou, d'une puissance évocatoire dérangeante et impressionnante. Troublant et marquant.

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    Couverture du livre « Dans le ventre de Klara » de Regis Jauffret aux éditions Recamier

    Anita Millot sur Dans le ventre de Klara de Regis Jauffret

    La jeune Klara était au service d’Aloïs et Franziska (à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie) un couple déjà parents de deux enfants en bas âge, quand la mère mourut. Klara n’eut pas d’autre choix que de prendre sa place dans le lit de son patron, qui était également son oncle. Un individu brutal...
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    La jeune Klara était au service d’Aloïs et Franziska (à Braunau am Inn en Autriche-Hongrie) un couple déjà parents de deux enfants en bas âge, quand la mère mourut. Klara n’eut pas d’autre choix que de prendre sa place dans le lit de son patron, qui était également son oncle. Un individu brutal qui n’hésita pas à abuser d’elle, selon son bon désir … Klara va avoir deux bébés (Gustav et Ida) qu’elle perdra hélas tout petits … Elle élèvera les deux enfants orphelins de mère d’Aloïs (Aloïs junior et Angela) – avec l’aide de sa soeur Johanna – et les aimera comme les siens. En juillet 1888, elle est enceinte de son troisième enfant, un foetus qui deviendra l’homme le plus diabolique du XXème siècle, responsable de la Shoah …

    Si la mère du futur dictateur-génocidaire semblait plutôt vulnérable, son père en revanche était un hypocondriaque égoïste et dépourvu d’empathie. Officier des douanes, il avait une très haute opinion de lui-même. Entre un mari brutal et le cruel Abbé Probst, Klara va vivre une grossesse angoissée, obsédée par une sorte de prémonition concernant l’enfant à venir (qu’elle aurait souhaité fille) Serait-il un saint ou un démon ? Dans ce monde de « mâles » (ou les femmes sont priées d’être les plus « invisibles » possible …) Klara n’aura un semblant de réconfort qu’auprès de sa soeur Johanna … (et de sa passion pour l’écriture !)

    Celle de Régis Jauffret (d’écriture) est juste enchanteresse et profondément humaine ! Et vient quelque peu adoucir la dureté de son récit. À noter – qu’à aucun moment – le prénom (honni) n’est prononcé … Un beau texte, sombre et douloureux, à l’image de son auteur. Un sujet (tabou ? …) qui ne l’arrête nullement !

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    Couverture du livre « Dans le ventre de Klara » de Regis Jauffret aux éditions Recamier

    Babeth_ladreyt sur Dans le ventre de Klara de Regis Jauffret

    Dans le ventre de Klara, il y a la violence d’un homme, son oncle, qui deviendra son mari.
    Dans le ventre de Klara, il y a eu un garçon, puis une fille, tous deux morts trop jeunes avant d’avoir pu jouer et profiter de l’insouciance.
    Dans le ventre de Klara, il y a un nouvel enfant, le fruit...
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    Dans le ventre de Klara, il y a la violence d’un homme, son oncle, qui deviendra son mari.
    Dans le ventre de Klara, il y a eu un garçon, puis une fille, tous deux morts trop jeunes avant d’avoir pu jouer et profiter de l’insouciance.
    Dans le ventre de Klara, il y a un nouvel enfant, le fruit du pêché, de cet inceste, de ces viols répétés.
    Dans le ventre de Klara grandit un être de chair et de sang ; pendant 9 mois, Klara va le porter, va espérer que ce sera un fils pour satisfaire l’Oncle. Elle va sentir en elle le pêché grandir, et s’il s’agissait du fils du diable ?
    Klara va écrire, en cachette, son ressenti sur cette grossesse, sur le poids des confessions quotidiennes auprès du prêtre de la paroisse, pour exorciser des fautes qu’elle n’a pas commises. Klara va être désobéissante, parce que là se trouve sa seule liberté.
    Un roman glaçant et brillant, une vie de violence, un portrait basé sur des faits réels pour nous faire découvrir dès sa conception, l’enfant de Klara Hitler.
    J’ai aimé retrouver la plume noire, grinçante et tranchante de Régis Jauffret. Un très beau texte de littérature, un sujet traité avec brio, sans empathie pour le rendre encore plus froid.
    Un gros coup de cœur de cette rentrée.