Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
Omar Khayyâm (1048-1131) est un grand mathématicien, astronome et philosophe dont les travaux comptent dans l'histoire des sciences. La tradition a aussi conservé sous son nom un abondant recueil de quatrains poétiques. Est-il l'auteur du tout ? Sûrement pas. L'est-il seulement d'un noyau originel ? C'est possible, mais non certain. Quoi qu'il en soit, les plus anciens quatrains sont l'oeuvre d'un grand poète dont l'inspiration est proche de la sensibilité moderne.Le scandale de la mort obsède le poète et obscurcit les instants les plus lumineux. «Tant d'êtres de beauté, quel amour les a créés, quelle rage anéantis ?» L'univers de Khayyâm n'est pas un monde bien ordonné dont l'homme occupe le centre et où il chemine sous le regard bienveillant de la Providence divine, en attendant, s'il est vertueux, de jouir de la félicité éternelle. L'homme n'y est que le jouet de forces incompréhensibles : comme une marionnette, on l'y fait paraître, puis disparaître arbitrairement.«Bois», dit le poète. Le thème bachique est traditionnel dans la poésie persane, où il prend toutes sortes de significations symboliques. Chez Omar Khayyâm, l'invitation à boire est un appel à vivre pleinement et à chercher l'éternité dans l'instant. «À ce qui fut et s'en fut ne pensons plus, ma beauté : il n'est d'autre vérité que nos plaisirs éphémères.»Cette nouvelle traduction s'efforce de faire sentir au lecteur français l'esprit de l'original persan et aussi de lui donner quelque idée de sa forme.
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