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« On ne pouvait pas savoir quel temps il faisait à Paris ce 20 septembre, mais Léo dans sa chambre caniculaire imagina qu'il faisait chaud. Il vit Rimbaud retirer sa veste et la tenir à l'épaule, prendre la rue de Strasbourg puis s'engager dans le boulevard de Magenta vers le nord.
Il avait quitté Paris depuis trop longtemps déjà, six mois plus tôt, après deux semaines d'errance à coucher sous les ponts, crasseux, affamé, dévorant des déchets trouvés dans les tas d'ordures mais entrant dans les bonnes librairies pour feuilleter impatiemment les recueils de nouveaux poètes qu'il trouvait toujours trop délicats ou trop fades, français.
Cette fois, il lui semblait certainement que Paris déjà lui appartenait et qu'il n'allait plus jamais en repartir. Verlaine avait été empêché, devait-il penser, et l'attendait chez lui. Il lui avait donné son adresse, rue Nicolet, à Montmartre, tout près de la gare. » Léo vient d'emménager avec sa mère à Montmartre, à l'endroit même où Verlaine et Rimbaud se sont rencontrés et aimés cent cinquante plus tôt.
Durant cet été caniculaire de « fin du monde », alors qu'il croit devenir aveugle, le garçon voit renaître le Paris des deux poètes et en fait son ultime refuge.
Avec cette intense évocation d'Arthur Rimbaud à 17 ans par un jeune Parisien d'aujourd'hui, Alain Blottière poursuit sa série de portraits d'adolescents confrontés à la violence du monde, commencée avec Le Tombeau de Tommy en 2009.
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Après la rencontre avec les cinq finalistes du Prix orange 2020, j’avais très envie de lire tous les livres ayant été présentés par leurs passionnants auteurs. J’ai donc commencé par la lecture du roman « Azur noir » d’Alain Blottière, pressée que j’étais de me plonger dans l’univers poétique du mythique Arthur Rimbaud. Et j’avoue ne pas avoir été déçue !
D’abord l’oxymore du titre : « Azur noir » qui nous emporte vers des confins éthérés, prêtant à la rêverie…
L’ azur, c’est le bleu des yeux de Léo, un jeune homme, un peu poète, et c’est également la couleur des yeux d’Arthur Rimbaud.
Le noir, c’est le voile qui recouvre de temps en temps les yeux de Léo : Léo souffre, en effet, de cécité hystérique (c’est-à-dire que médicalement, le jeune homme n’a aucun problème, simplement, il se renferme sur lui-même, car il ne veut pas voir le monde tel qu’il est). Et cette cécité lui permet d’imaginer la vie de Rimbaud, Rimbaud qui a habité dans l’appartement qu’il occupe et qui était celui de Verlaine.
Dans ce roman, on oscille, à la fois, entre la vie du jeune Léo, en plein apprentissage de l’amour et de la poésie, et celle vraie ou imaginée d’Arthur Rimbaud dont Verlaine tombe amoureux (des vers et du personnage).
Alain Blottière nous enchante de sa plume délicatement poétique, nous fait découvrir aussi le Paris de Rimbaud et Verlaine, et surtout nous fait « revivre » le fantasque adolescent Arthur Rimbaud.
Léo vient d'aménager au 14 rue Nicolet, près de Montmartre. Un portrait de Rimbaud entouré de céramique sur la façade de son immeuble, l'intrigue.
Il apprend alors que ce bâtiment appartenait aux beaux-parents de Verlaine et que celui-ci y a accueilli Rimbaud cent cinquante ans plus tôt.
Alain Blottière nous fait revivre la rencontre entre Verlaine et Rimbaud, puis leur histoire d'amour à travers les yeux de Léo.
Léo perd la vue par intermittence et dans le même temps il a des visions des deux poètes dans le Paris de leur époque.
Alain Blottière est un rimbaldien incontestable et fait revivre le poète avec un réalisme époustouflant.
Rimbaud a 17 ans et débarque à Paris pour présenter son "Bateau Ivre" à Verlaine et ses amis.
On déambulé avec lui dans un Paris des années 1870 décrit de façon à la fois très précise et très vivante.
J'ai été bouleversée par cet adolescent sauvage, provocant et indomptable. En quittant Charleville pour Paris, il souhaite trouver reconnaissance et mansuétude,
et il découvre des poètes beaucoup trop conformistes et étroits d'esprit à l'aune de sa soif de liberté absolue.
"Ce fut en décembre, juste avant Noël que Rimbaud dut quitter l'hôtel des Etrangers.
Il n'était pas malheureux d'aller se battre avec l'hiver. Il avait déjà souvent dormi dans la neige, avait allumé des feux tout au bord d'étangs gelés,
n'avait plus senti ses doigts dans les bourrasques glacées mais c'était comme au soleil qu'il imaginait aux pays chauds, la même brûlure des sens, la même blessure féconde,
la même danse enflammée du corps offert à tout un monde merveilleux car il était cruel."
Les parties consacrées à Léo m'ont nettement moins intéressées. Il sert de médium au fantôme de Rimbaud, mais ses propres aventures, ses
tourments d'adolescent m'ont laissée pour le moins indifférente.
Bilan en demi-teinte donc, j'ai largement préféré Arthur à Léo.
Et je compte bien lire Saad d'Alain Blottière où je vais pouvoir retrouver Rimbaud sous d'autres cieux.
Lors d’un été caniculaire aux allures de fin du monde, un garçon de dix-sept ans, Léo, découvre qu’à l’adresse-même où il vient d’emménager, à Paris, vécurent Verlaine et, pendant un temps, son amant Rimbaud. Tandis que d’étranges troubles le persuadent qu’il est en train de perdre la vue, le jeune homme, de plus en plus obsédé par les anciens occupants des lieux, se retrouve l’objet de véritables visions, où il assiste à des tranches de vie des deux poètes.
Lui-même passionné par Rimbaud puisqu’il a déjà écrit plusieurs fois à son sujet, notamment en préfaçant une édition des Oeuvres Complètes du poète, l’auteur parvient à ressusciter la personnalité de l’artiste et l’ambiance des lieux qu’il a fréquentés, dans une série de flashes saisissants de vie et de vérité. La partie contemporaine du récit m’a toutefois moins convaincue : construit autour de la cécité hystérique de Léo qui, tel le devin aveugle Tirésias, veut « voir mieux, au-delà du temps, au-delà de l’espace » les lieux où se développa la passion entre Rimbaud et Verlaine, ce versant du roman m’a paru trop artificiel et trop envahi par la sexualité d’un adolescent fasciné par celle des deux célèbres poètes.
J’ai par ailleurs toujours quelques réserves à voir un auteur, si brillant soit-il, se réclamer d’un prédécesseur de renom. N’est-il pas somme toute assez avantageux d’exalter les qualités rimbaldiennes de ses propres vers, certes ceux de Léo ? Si le style de l’auteur est globalement maîtrisé et élégant, il ne m’a pas semblé exempt de toute imperfection, comme ces phrases empilant les subordonnées relatives jusqu’à si perdre, et compromettant la fluidité de lecture.
Trop classique peut-être dans mes attentes, je referme donc ce livre sur un sentiment général de déception : certes impressionnée par la profondeur et la finesse de la compréhension rimbaldienne de l’auteur, intéressée par le portrait crédible qu’il nous livre du poète, je me suis sentie peu concernée par la partie contemporaine du récit et parfois perturbée par le style pourtant brillant de l’auteur.
En cet été caniculaire Léo, dix-sept ans, a décidé de passer ses vacances au 14 de la rue Nicolet à Paris, dans le nouvel appartement où il vient d’aménager avec sa mère. Celle-ci est partie en Finlande sans lui.
Resté seul, il a de plus en plus de crises pendant lesquelles il perd la vue par intermittence, pour des durées plus ou moins longues. Pourtant il « voit » vivre près de lui Verlaine et Rimbaud, les poètes qui se sont rencontrés dans cet appartement de Montmartre 150 ans plus tôt. Adolescent fragile au regard aussi clair qu’Arthur Rimbaud, Léo nous fait revivre par ses visions les heures intenses de la rencontre des deux poètes.
L’Absinthe coule à flot dans les cafés où les poètes déclament leurs vers et se retrouvent. Rimbaud y fait la connaissance des écrivains et poètes de son époque, mais il faut bien reconnaître que les seuls noms parvenus jusqu’à nous sont bien ceux de Verlaine et Rimbaud, que Léo voit évoluer dans le Paris de 1871. A chaque coin de rue autant que dans sa chambre, Léo vit avec eux les moments forts de leur rencontre, de leur amour, de leur passion pour la poésie et de leur créativité inégalement reconnue.
Paul Verlaine, le plus âgé, est déjà marié. Il comprend immédiatement que ce jeune poète d’à peine dix-sept ans qui arrive tout juste de Charleville est pétri de talent. Malgré leur écart d’âge et leur différence sociale, la fusion des deux hommes est aussi immédiate que leur difficulté à vivre ensemble. Mais cette vie hors de toutes convenances ne plait pas à tous, en particulier à Mathilde, la femme de Verlaine et à sa belle-famille.
Alain Blottière sait se couler dans la vie de Léo, adolescent fragile d’aujourd’hui aussi bien que dans celles des poètes maudits. La fragilité de l’adolescence, cette période de la vie si compliquée est ici très bien appréhendée à travers le mal de vivre d’Arthur et de Léo, chacun à son époque. L’alternance entre la réalité de cet été caniculaire hors du temps, et ces rencontres aussi réelles que fantasmées avec les hommes du passé se fait de façon tout à fait fluide, comme une évidence qui à aucun moment ne perd le lecteur.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/06/28/azur-noir-alain-blottiere/
Un plaisir de retrouver Blottière !
Un joli roman court qui se lit comme un poème.
D’un côté du miroir, la vie de Léo, qui entre dans la vie d’adulte lors d’un été caniculaire. De l’autre, celle d’Arthur Rimbaud, lors de sa rencontre avec Verlaine.
Léo se construit sur la base de l’histoire de celui qui va devenir son modèle, en imaginant ses faits, ses réactions.
J’ai aimé cette construction d’histoire en parallèle, et découvrir au fil des pages des allusions aux poèmes de Rimbaud.
Le personnage de Léo, un peu perdu, qui s’essaye à diverses expériences, est très attachant. Le style d’écriture, descriptif, est agréable. On a le sentiment de passer d’une époque à l’autre, sans véritable transition, comme si Arthur et Léo ne formaient qu’un.
J’ai donc trouvé ce roman très plaisant. Il séduira sans aucun doute les amateurs de ce grand poète.
Même lieu, deux époques.
Le héros du livre, passionné de Rimbaud, au point de se faire tatouer son nom sous sa paupière, entreprend de saisir l'instant à cent cinquante ans de distance.
Instant de passion, d'ivresse, d'amour et de perdition, entre le jeune Rimbaud, chien fou et quelque peu déjanté, et Verlaine, plus âgé, figure du père.
J"ai trouvé cette narration proche d'une réalité sans doute conforme à la relation qui avait prévalue entre ces deux hommes, si différents et tellement semblables à la fois.
Rien d'excessif, rien de mièvre non plus, un ton juste qui correspond bien au sujet abordé.
Et cerise sur le gâteau, l'écriture est belle, poétique à souhait.
Certainement un des meilleurs ouvrages sur cette relation.
Paris sous la canicule d'un été étouffant. Léo, adolescent de 17 ans, exalté, fou de poésie, se laisse envahir par Rimbaud alors qu'il vient d'emménager à l'adresse où celui-ci a été hébergé quelques mois par Verlaine en 1871 alors qu'il avait également 17 ans et arrivait à la conquête de Paris.
Léo a l'impression de devenir aveugle ce qui développe chez lui une hyper-sensibilité, une exacerbation de tous ses autres sens; il est comme Tirésias, évoqué dans le roman, aveugle mais qui voyait ce que les autres ne voyaient pas. Il rentre en lui-même, écoute et s'abandonne à ses sensations.
La mémoire des murs, des lieux fait revivre Rimbaud et Verlaine, le Paris de cette époque avec ses bruits, ses odeurs.
Grâce au talent d'Alain Blottière, le/la lecteur/trice oscille en permanence entre le passé et le présent, le réel et l'imaginaire jusqu'à ce que Léo et Rimbaud se superposent, comme si Léo était Rimbaud, comme si Rimbaud venait habiter Léo.
Même si l'écriture est magnifiquement poétique et même si j'ai aimé découvrir des facettes personnelles et intimes de Verlaine et Rimbaud, je n'ai pas pu goûter comme il se devait aux nombreuses références aux œuvres de Rimbaud, je n'ai pas pu me laisser séduire par les balades des deux poètes dans Paris qui m'est une ville étrangère, ni me laisser transporter par la sensibilité et la beauté du texte. Je suis néanmoins heureuse d'avoir découvert Alain Blottière et son style.
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