Rencontre avec la romancière Monica Sabolo, en lice pour le Prix Femina
Rencontre avec la romancière Monica Sabolo, en lice pour le Prix Femina
Cette vie clandestine évoquée dans le titre de ce roman récit, c’est à la fois celle des activistes d’Action directe et celle de l’autrice qui revient sur les secrets enfouis de sa famille.
« Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l’écho de la violence. »
C’est en cherchant le sujet de son prochain roman que Monica Sabolo s’intéresse aux meurtres et aux actions violentes perpétrées par Action directe, organisation terroriste d’extrême gauche très active dans les années 1980. Ce qui l’attire et la fascine plus précisément, ce sont les personnalités de deux jeunes femmes coupables de l’assassinat du grand patron de Renault, Georges Besse, devant son domicile parisien en novembre 1986. Que sait-on vraiment de Nathalie Ménigon et de Joëlle Aubron, la première d’origine modeste et la seconde issue d’une famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine ?
C’est un véritable travail journalistique que va entreprendre Monica Sabolo afin de retracer le parcours de ces jeunes femmes avec leurs idéaux qui les mènent à la violence et la clandestinité. Elle sera amenée à rencontrer d’anciens militants de l’organisation terroriste et à partager avec eux des moments d’échanges et de convivialité. Après leurs années de lutte et de clandestinité, ont-ils fini par trouver l’apaisement ?
Dans le même temps, elle fouille sa mémoire, retrace son enfance entourée du mensonge et du silence des adultes. Elle avait 15 ans lorsqu’elle découvre que son père, Yves S, n’est pas son père biologique. Elle tente de reconstituer le puzzle de la vie de sa famille à travers souvenirs et photos et se pose d’innombrables questions. Quelle était la relation entre ses parents ? Quel était vraiment le métier de Yves S, souvent absent ? Et comment évoquer l’inceste alors qu’elle n’était qu’une gamine ? Elle pense aussi à sa mère, son frère, comment vont-ils réagir à ses révélations ?
« Je redoute la blessure que leur causera ce livre. ! je suis une profanatrice. Une fois encore, je mène une double vie. »
Monica Sabolo mêle habilement l’histoire documentée des terroristes d’Action directe et celle, plus intime, de son enfance et sa jeunesse dans une famille bâillonnée par le secret et les non-dits. On assiste, médusés, impressionnés, au processus de construction d’un roman à la fois enquête journalistique et quête personnelle sur son vécu familial. C’est un vrai travail d’équilibriste, qui fait alterner les deux récits sans jamais nous perdre et tout en racontant avec beaucoup de questionnements et de sensibilité les secrets qui entourent son enfance.
Ce livre à l’écriture sensible, juste, est aussi une sorte de résurgence, de mise en lumière de ce passé qui est « un lieu de ténèbres » Et Monica Sabolo peut enfin écrire : « J’en ai fini avec le caché, et avec le silence. …je ne veux plus être coupable, ni avoir honte. »
Un récit qui nous touche et nous impressionne. Du grand art.
https://animallecteur.wordpress.com/2023/01/31/la-vie-clandestine-monica-sabolo/
Au départ, Monica Sabolo voulait parler d'une histoire éloignée de la sienne, celle d'un fait divers qu'elle entend à la radio, l'assassinat de Georges Besse en 1986, le PDG de Renault. Elle va mener son enquête pour en savoir plus sur les deux jeunes femmes inculpées pour ce meurtre, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron.
Pour mener à bien ce projet, elle fait des recherches sur Action directe, un groupe d'anarchiste d'extrême gauche qui revendique plus de 80 attentats et assassinats en France entre la fin des années 70 et le début des années 80. Elle rencontre une vieille libraire parisienne, Helyette Bess qui a "caché et transporté des hommes, des armes, de l'argent, des bombes" pour Action directe ; Claude Halfen, un ancien membre d'un commando mais aussi Nathalie Mérigon libérée de prison en 2008 alors qu'elle était condamnée à perpétuité.
Au fil de son enquête elle se rend compte que cette histoire fait échos à sa propre vie, sa petite enfance en Italie puis son enfance en Suisse auprès d'un homme qui l'adopte et se proclame être son père. L'assassinat de Georges Besse reflète son existence faite de silences, de secrets, de violence et de clandestinité.
Monica Sabolo ne romance pas, elle n'analyse pas non plus, elle cherche juste à comprendre ces être humains qui semble si éloignés les uns des autres et pourtant un jeu de miroir se dessine entre eux où les émotions se reflètent notamment à propos du pardon qui n'est jamais demandé et pourtant qui n'empêche pas de continuer à vivre sans remords.
C'est en fait une sorte d'enquête sur le groupe Action Directe qui fait ressurgir les démons du passé de la vie de l'auteur. Au début on ne comprend pas très bien là où elle veut en venir, elle s'étonne des coïncidences et elle fait un parallèle avec sa propre vie faite de silences, de non dits, de violences sans vraiment en citer les évènements et cela parait un peu étrange mais on se laisse porter parce qu'elle écrit bien dans un langage sobre et précis. Au fur et à mesure de ces rencontres avec différents membres d'AD, de son implication, et du dévoilement de sa propre histoire, on se laisse emporter.
Benjamin s'approche de la quarantaine. Il ne va pas bien et se sent dans l'obligation de voir un psy. Les cauchemars sont récurrents. Les souvenirs reviennent à la surface : la disparition de sa soeur Summer alors qu'elle n'avait que 19 ans, sans que jamais son corps ne soit retrouvé. A cela s'ajoutent des souvenirs de famille : la relation très forte entre un papa et sa fille, les anniversaires, les fêtes... On sent qu'il y a des failles mais le narrateur ne peut les expliquer. Il faut attendre la fin pour découvrir les secrets de cette famille et c'est à partir de là que le roman m'a plu. Il est très bien écrit, poétique mais tellement répétitif. Les plongeons dans l'eau au milieu des poissons m'ont lassée.
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