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The ripple effect

Couverture du livre « The ripple effect » de Jay Defeo - The Ripp aux éditions Les Presses Du Reel
Résumé:

Catalogue de la double exposition franco-américaine conçue autour de la figure singulière de Jay DeFeo, avec Sam Falls, Rachel Harrison, Wyatt Kahn, Ron Nagle, Gay Outlaw, Tobias Pils, R.H. Quaytman, Ugo Rondinone, Bosco Sodi et Oscar Tuazon. L'ouvrage publie la totalité des oeuvres exposées.... Voir plus

Catalogue de la double exposition franco-américaine conçue autour de la figure singulière de Jay DeFeo, avec Sam Falls, Rachel Harrison, Wyatt Kahn, Ron Nagle, Gay Outlaw, Tobias Pils, R.H. Quaytman, Ugo Rondinone, Bosco Sodi et Oscar Tuazon. L'ouvrage publie la totalité des oeuvres exposées. Introduit par des textes de David Pagel, Seungduk Kim & Franck Gautherot, les curateurs de l'exposition, il rassemble également des citations de Jay DeFeo, ainsi que de brèves interviews avec les artistes invités qui répondent à une série de mêmes questions.

D'une entrée en matière laconique, la pose d'un texte, qui dirait le bien-fondé de l'exposition, se verra entourée de multiples protections.
Le titre qui apparie l'artiste californienne à d'autres artistes, plus jeunes, selon un effet démultiplié (l'effet de vague) dans un casting affiché, donne l'idée et le mode d'une exposition personnelle de groupe.
Les Américains ont toujours attribué à des artistes connus, mais de succès d'estime, le statut d'artiste pour artistes fondant en cela une hiérarchie malchanceuse mais compassionnelle qui aujourd'hui peut se voir bouleversée selon l'avidité commerciale en rage.
Jay DeFeo est cette femme de la baie de San Francisco qui a scruté les matières, qui a, sous prétexte d'objets quotidiens ou d'ateliers, reformulé des procédures de composition et des moyens de produire la peinture : la banalité d'un paquet de mouchoirs en papiers, d'un trépied de photographe, du feuillage du chou vert, ou d'un trou colorisé en un motif creusant sa propre dépression...
Cette femme a rendu célèbre l'énigme du tableau plus grand que la porte du studio duquel il ne pourra sortir sans procéder à l'ablation du mur sur rue - donnant figure au documentaire de Bruce Conner quasi matta-clarkien. The Rose (1958-1966) est ce tableau palimpseste qui de peinture porte tous les stigmates du bas-relief pesant son poids de tous les péchés de l'histoire de l'art.
L'effet de vague convoqué est le fait de onze artistes invités en retour : non de commentaires, mais de parallélismes, de récupération, non de compassion mais de confrontation méchante, de dialogue de sourd, de paroles en l'air et de dessins qui en ont tout l'air...
Femmes et hommes d'Amérique tout autant qu'hommes du vieux continent, ils sont les témoins privilégiés de formes à expérimenter : Trisha Donnelly selon sa légende établie ne donnera sa langue au chat qu'à la tombée du jour, veille de l'exposition ; Sam Falls envoie photos de texture et céramiques de motifs en autant de détails que DeFeo se serait plu à centrer sur le support ; Rachel Harrison, titillée par le jeu que l'artiste de San Francisco faisait de photocopies, de collages et de photo-collages, dans ses propres références de travail, reprend le défi ; Wyatt Kahn, plie le plomb, et photographie son pied ; Ron Nagle, dont on a choisi deux céramiques conservées par la Jay DeFeo Foundation, avait été lui-même vampirisé par l'artiste ; Gay Outlaw - qui n'est pas un pseudonyme - dessine le « O » parfait, cercle de Giotto qui impressionna tant le pape Benoît XI, et pose sur le sol deux sculptures de métal ; Tobias Pils livre ici quatre très grands dessins à l'encre où la hachure le dispute au quadrillage pour tenter de cacher les figures presque graffitées mais très sexuées qui peuplent le plan derrière ; R.H. Quaytman garde le mystère mais s'en était pris à un photogramme de DeFeo dont elle gardait une forme molle, une tache à décrypter comme un pleurant capuchonné (mais toute autre interprétation est équivalente, bien sûr) ; Ugo Rondinone érige son mur de toile de jute rapiécée sur le dos dont le recto traçait à la peinture noire une manière d'empilage de briques sur toute la surface ; de presque six mètres sur trois, autoporteur, il installe cet écran sombre où accrocher nos fantasmes d'une histoire de l'art enfin décomplexée ; Bosco Sodi, mexicain du pueblo, découpe de la façade craquelée, boue séchée au soleil lourd ; Oscar Tuazon - il le fallait bien - pense à ce mur fameux de l'atelier de Jay DeFeo que l'on découpa en son temps pour en faire sortir The Rose, « A Rose is a Rose is a Rose is a Rose » inondant la surface initiale de couches et de couches et de couches au point d'en faire une légende...
Franck Gautherot Publié à l'occasion des exposition éponymes au Consortium, Dijon, du 3 février au 20 mai 2018, et à l'Aspen Museum of Art, Colorado, du 29 juin au 28 octobre 2018.

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