De prime abord, Kurouzu ressemble à une banale petite ville de campagne. Mais, au-delà des apparences moroses, existe un mal profond, terrible et indicible qui plane au-dessus des habitants. Une pression hypnotique, un malaise poisseux qui corrompent les coeurs, les âmes et les esprits de victimes impuissantes.
J'ai découvert Junji Ito à l'adolescence, lorsque la "vague manga" est arrivée en France, et que les maisons d'éditions sortaient des livres à la pelle, sans se soucier que la qualité suive forcément. Ici, sans être l'oeuvre d'Ito qui soit la plus aboutie à mes yeux, Spirale est un très beau manga, que ce soit au niveau de l'intrigue que du dessin. Et puis la réédition est très belle !
Spirale suit deux lycéens qui vivent dans une petite ville (qui n'est pas nommée) du Japon, en bord de mer. Tout à l'air tranquille et serein, et puis, petit à petit, les habitants vont se tordre, s'attaquer entre eux, devenir fous, sous l'influence de la spirale. Les premiers chapitres ne disent rien de ce que la ville va finir par devenir, et les dernières pages sont incroyables. Même si je préfère les histoires plus courtes de Junji Ito (je trouve qu'il a tendance à se perdre dans des formats longs), j'aime beaucoup Spirale : les personnages principaux ne sont pas aussi naïfs que dans certains de ses autres travaux, et ils essaient de s'extirper de cette spirale qui engloutit tout en restant intègres et unis. Le monde autour d'eux, concentré dans cette petite ville qui l'air d'être maudite, devient un enfer (superbement réalisé) mais ils arrivent à ne pas perdre pied, et se battent jusqu'au bout pour eux et leurs familles. Le trait de Junji Ito participe à rendre l'atmosphère de la ville de plus en plus anxiogène et angoissant (certaines illustrations sont d'abord géniales pour leur idée, mais aussi dans le rendu). Il y a peut-être des chapitres plus faibles que d'autres, mais la qualité du dessin ne faiblit jamais, et tout est beau, finement traité, tout en étant parfaitement malsain et glauque quand il le faut.
Pour une fois, de véritables histoires d’horreur, originales et malsaines à souhait. Un trait de dessin noir, qui dépeint à merveille la folie qui habite les habitants de la ville. Des protagonistes qui semblent réfléchir à ce qu’ils font, contrairement à leur entourage. Et ce motif de la spirale qui revient partout, dans les textes comme dans les illustrations. Bref, j’ai adoré cette intégrale !
En savoir plus sur : https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2017/07/15/spirale/
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