S'il est un lieu peuplé d'écrivains et fécond en écrits où l'expression " littérature d'évasion " a pris un sens plus viscéral qu'ailleurs, c'est bien le Berlin-Est des quarante dernières années. Monika Maron, enfant de cette ville, a vécu en son temps l'angoisse de ne pas pouvoir se rendre au-delà d'un certain mur. Il est permis de penser que c'est là la raison qui lui fait envoyer les héros de ses livres vers un " ailleurs ", mais cet ailleurs est le plus souvent d'ordre onirique.
Tout trajet comportant trois segments constitutifs: le départ, le parcours et l'arrivée, Monika Maron joue avec les variantes possibles de cette triade. L'héroïne de sa première nouvelle, une habitante du Groenland, se met en route vers deux objectifs à la fois: l'amour et le sud; les deux la déçoivent très vite, et elle n'" arrive " pas. Anna-Eva, personnage principal du deuxième récit, se lance sur un long chemin désert tout peuplé de cauchemars. Car un second motif ne cesse d'accompagner en contrepoint le thème du voyage: celui de la solitude du coeur. Ainsi Monsieur Aurich, haut fonctionnaire du Parti mis à la retraite, meurt de n'être plus reconnu par ses semblables.
Le destin de chacun de ces êtres nous est présenté tantôt avec une objectivité et un scrupule dans le détail qui relèvent du réalisme, tantôt à travers des images surprenantes et proprement surréalistes: l'auteur est un authentique conteur qui sait jouer sur tous les claviers pour tenir son auditoire en haleine.
Monika Maron est née en 1941 à Berlin. Auteur de théâtre, elle a écrit plusieurs romans qui ont tous été publiés en R.F.A., où elle s'est installée en 1983. Déjà paru chez Fayard: La Transfuge (1989).
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Que lire en ce moment ? Voici ce que des lecteurs et lectrices passionnés vous conseillent !
Revenu sur les terres de son enfance, l'auteur entame un dialogue avec ce petit garçon plein d'ambitions qu'il a été...
Nous suivons Mathilde Levesque, agrégée de lettres, dans un lycée du 93, pendant une année scolaire...
Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
