Astrid Houssin signe ce récit sur la douleur et la reconstruction
De la fin du VIIIe siècle à la moitié du Xe siècle, Bagdad concentre les forces littéraires arabes et les porte à maturité. Une longue tradition poétique s'y recueille, y trouve sa formulation théorique et son illustration, cependant que des tendances plus modernistes travaillent le modèle classique. S'il est un Siècle d'or des lettres arabes, c'est en ce lieu et en ce temps qu'il s'épanouit. Pour donner un aperçu significatif de ce corpus foisonnant, les auteurs ont puisé largement dans l'oeuvre d' Abû Nuwâs, Abû Tammâm , Ibn ar-Rûmî et Ibn al Mu`tazz, quatre voix immédiatement reconnaissables par une liberté de ton et une maîtrise de haute volée. D'autres poètes d'importance (Bashshâr, Muslim, Al-Buhturî, Al-`Abbâs ibn al Ahnaf) fournissent un intéressant contrepoint aux genres amoureux, bachique, descriptif ou laudatif, lorsqu'ils n'illustrent pas avec vigueur le genre sapiential (Abû l-`Atâhiya). Si ces poètes sont peu connus en France car peu traduits, que dire d'autres figures de moindre envergure, situées en marge de l'histoire littéraire officielle ? Certains d'entre eux sont méconnus du public arabe lui-même, et pourtant, leurs accents satiriques, leurs vers pleins de dérision et de violence tranchent sur la poésie reconnue. Ces pièces populaires, taillées pour l'amusement et la délectation d'un large public, étonnent au milieu des draperies du grand style ; elles ne sont pas les moins proches de nous.
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