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La nuit de Zelemta

Couverture du livre « La nuit de Zelemta » de René-Victor Pilhes aux éditions Albin Michel
Résumé:

A la fin de l'été 1953, Jean-Michel Leutier quitte l'Algérie pour continuer ses études dans un lycée toulousain. Lors d'un week-end à Albi, il fait une rencontre qui va changer sa vie : Abane Ramdane, le plus célèbre prisonnier politique de France, l'un des fondateurs du FLN.
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A la fin de l'été 1953, Jean-Michel Leutier quitte l'Algérie pour continuer ses études dans un lycée toulousain. Lors d'un week-end à Albi, il fait une rencontre qui va changer sa vie : Abane Ramdane, le plus célèbre prisonnier politique de France, l'un des fondateurs du FLN.
Quatre ans plus tard, devenu officier français patrouillant dans la région de Zelemta, il le retrouve sur sa route, fuyant vers le Maroc.
Ce face-à-face passionnant entre un mythe de la Révolution algérienne et un jeune pied-noir aussi brillant que naïf contient en soi toute la complexité des rapports entre Algériens et Français, les enjeux de la guerre nationale comme les paradoxes de l'histoire coloniale. René-Victor Pilhes, prix Médicis pour La Rhubarbe, prix Femina pour L'Imprécateur, a toujours exploré, dans une oeuvre au style alerte tour à tour féroce, baroque et lyrique, les heures sombres de l'Histoire, en dénonçant les clichés et en éclairant les points aveugles.

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Avis (4)

  • Profondément marqué par ses deux années passées sous l’uniforme en Algérie (1955 – 1957), René-Victor Pilhes, écrivain reconnu, a livré à 82 ans, un roman poignant qui sort de l’oubli Abane Ramdane, « l’oublié, voire l’évacué de la révolution algérienne… Pourtant son rôle a été déterminant et...
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    Profondément marqué par ses deux années passées sous l’uniforme en Algérie (1955 – 1957), René-Victor Pilhes, écrivain reconnu, a livré à 82 ans, un roman poignant qui sort de l’oubli Abane Ramdane, « l’oublié, voire l’évacué de la révolution algérienne… Pourtant son rôle a été déterminant et capital. »

    Pour faire revivre cet homme liquidé par les siens, au Maroc, le 27 décembre 1957, alors qu’il était le numéro 1 de la lutte pour l’indépendance de son pays, l’auteur donne la parole à un vieux curé qui a recueilli les confidences de Jean-Michel Leutier, jeune lieutenant en train de mourir de ses blessures.
    Construisant bien son récit, l’auteur nous ramène quelques années en arrière, à Toulouse, où Leutier est élève en classe de philo car ses parents l’ont envoyé étudier en métropole. Son père est sous-officier de gendarmerie et sa mère, infirmière. Ils vivent à Aïn-Témouchent, en Oranie.
    Ébloui par Rolande Jouli, sœur de son meilleur ami, il se fait inviter chez eux, à Albi. Or, Mme Jouli assure un soutien aux personnes emprisonnées, avec sa fille. Jean-Michel, pour gagner leurs faveurs, les accompagne et tombe sur Abane Ramdane avec qui il va parler de l’Algérie…
    C’est l’occasion, pour l’auteur, de rappeler ce que furent ces huit années, de 1954 à 1962, avec 1 350 000 conscrits mobilisés pour deux ans, 13 000 morts, 70 000 blessés et des milliers de traumatisés, « sale guerre, honteuse, inavouable, vécue comme quasi déshonorante et perdue. » La torture est pratiquée par les services spéciaux et les unités de choc des paras.
    Les colons sont environ 40 000 pour 3 millions d’indigènes mais le drame de Sétif, le 8 mai 1945 annonce ce qui va suivre. L’assassinat du couple Monnerot, deux instituteurs, montre que « les Algériens ne voulaient plus qu’on les éduque mais, désormais, aspiraient à s’éduquer eux-mêmes. »
    Avec Abane Ramdane, Leutier parle de l’Algérie : « le comble, c’est qu’il éveillait ma compassion alors qu’il aurait dû me terrifier. » Plus loin, il ajoute : « Cet Abane m’avait flanqué brutalement à la figure ma famille, mon pays natal, mon enfance, mon adolescence, avec une agressivité étrange. » Loin d’Aïn-Trémouchent et de la grande plage de Béni-Saf, il aurait aimé avoir son père près de lui mais le doute instillé par ce cadre politique qui lit Marx, Mao, Lénine, fera son chemin dans la tête du jeune homme…
    Lorsqu’il retourne à Aïn-Trémouchent, il constate que ses copains arabes ont changé, que le « syndrome d’Abane » fait son chemin alors que les « pieds-noirs » restent « joyeux et insouciants. »
    Au lieu de se consacrer à une carrière d’avocat, Leutier résilie son sursis et devient Aspirant dans le 2ème Peloton du 6ème Chasseurs dans le grand Oranais. Il se bat, prend des risques excessifs mais n’y croit plus jusqu’à cette fameuse nuit où il patrouille dans le massif de Zelemta…

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  • Jean-Michel Leutier, jeune pied-noir quitte son oranais natal pour continuer des études brillantes à Toulouse. Voulant séduire la sœur d’un copain, via la mère experte en bonnes œuvres, il devient visiteur de prison. Le sort le met en présence d’Abane Ramdane, l’un des fondateurs du FLN,...
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    Jean-Michel Leutier, jeune pied-noir quitte son oranais natal pour continuer des études brillantes à Toulouse. Voulant séduire la sœur d’un copain, via la mère experte en bonnes œuvres, il devient visiteur de prison. Le sort le met en présence d’Abane Ramdane, l’un des fondateurs du FLN, emprisonné à Albi, qui, plus tard, sera lâchement assassiné par ses pairs en 1957.
    Ses études philosophiques, ses conversations avec Ramdane emplissent son esprit et sa conscience sur l’avenir de l’Algérie. Un avenir où les colons ne sont plus les maîtres de l’Algérie, mais des habitants lambda, où les paysans algériens ne sont plus ravalés au rang de presque serf par les gros propriétaires. C’est avec un regard neuf, décillé que Jean-Michel, lors de ses vacances au pays, mesure le fossé entre les graines que le prisonnier a semé dans son esprit et la vie de ses parents, des habitants de l’Oranais. Cette confrontation entre deux idées de l’Algérie et de la colonisation jette le trouble chez le jeune homme « Jusqu’alors, défricher, bâtir, semer, planter, instruire, enseigner, avait servi de bonne conscience au colonisateur. ». Cette impossibilité pour les colons de comprendre, de voir que tout change autour d’eux « Ce que voyaient ces « Français d’Algérie », c’est qu’il était trop tard. Mais était-ce si évident ? ». Lorsque la guerre, on dit alors, les Evènements, éclate, il suspend son sursis et part défendre ce qu’il considère, avec justesse, son pays.
    Blessés plusieurs fois, il se meurt et la visite quotidienne du « petit curé » lui permet de raconter sa courte vie, sa rencontre avec Ramdane et ce qui en découla, la guerre dont la fameuse nuit de Zelemta qui jettera l’opprobre sur ce jeune officier multi médaillé.

    Un livre superbement construit qui raconte, expose la guerre d’Algérie sans trémolos, avec rigueur et calme la situation des deux côtés.
    Les français de France de l’époque, d’avant la déclaration de guerre, ne se sentaient pas concernés : « L’Algérie, oui, c’était une partie rose sur la carte de l’outre-mer ; mais ce n’était que ça. Non, décidément, ce n’était pas l’Alsace et la Lorraine. »
    Je me souviens, pour avoir établi des dossiers, de certains pieds noirs, propriétaires terriens, arrogants avec les subalternes que nous étions. J’avais, à l’opposé, deux collègues fraîchement rapatriés, ceux qu’on appelait « petits blancs » qui pleuraient leur pays. C’était dur à comprendre pour la jeune fille que j’étais, tout en faisant un parfait résumé.
    Abane Ramdane a réellement existé. Il fut l’un des créateurs et chefs du FLN, écarté puis tué pour des raisons de pouvoir. « Tour à tour présenté comme un Robespierre ou le Jean Moulin et même le Mao Tsé-toung africain, s’il avait survécu à la guerre, Abane Ramdane reste peu ou mal connu. Cela n’est pas fortuit. Une véritable conjuration du silence en a fait l’oublié, voire « l’évacué » de la révolution algérienne. »
    Ramdane vivant, lui qui comparait leur lutte à celle des Irlandais, aurait-il eu le pouvoir et la volonté de faire ce qu’il expliquait à Jean-Michel ? Si le statut Blum-Viollette qui voulait donner la nationalité française aux étudiants « Les étudiants musulmans, tout en restant musulmans deviennent français et qu’aussi imbus de préjugés religieux et racistes qu’ils soient les colons ne puissent leur décrier la fraternité française. » (C’était en 1936) avait été ratifié….

    Et la « nuit de Zelemta » me direz-vous ? Je vous laisse découvrir cet épisode humain et très fort.
    Un livre, entre fiction et réalité, dans un style très construit ; une belle écriture classique comme je les aime. J’ai trouvé, chez René-Victor Pilhes, beaucoup d’estime pour ces « petits blancs » qui étaient présents en Algérie depuis plusieurs générations ou ceux qui sont venus chercher un avenir meilleurs et, pour les enseignants, un grand désir d’apporter leurs connaissances aux « Arabes », ainsi que pour Ramdane.
    Une belle découverte de cette période, guerre qui se cache derrière ces « Evènements » dont on ne parle que très, trop, peu. Un très bon livre.

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  • Après l’avis enthousiaste de Zazymut, et après sa proposition de me prêter son ouvrage, je dois avouer que je ressors quelque peu déçue de ma lecture.

    Le style d’abord : de longues phrases, comme un récit parlé. Sauf que le vocabulaire utilisé ne peut pas être celui d’un homme qui parle....
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    Après l’avis enthousiaste de Zazymut, et après sa proposition de me prêter son ouvrage, je dois avouer que je ressors quelque peu déçue de ma lecture.

    Le style d’abord : de longues phrases, comme un récit parlé. Sauf que le vocabulaire utilisé ne peut pas être celui d’un homme qui parle. Certains mots de vocabulaire inusités viennent hacher le discours.

    Ensuite la narration, faite de présent de la narration et d’aller-retours passé-futur.

    Enfin, une nuit bien vite expédiée à la fin du récit, qui se termine sur une note peu optimiste.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de deux hommes dans une maison de repos – le petit curé et le narrateur – discutant au bord de la mer.

    http://alexmotamots.fr/?p=1499

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  • Trois personnages sont présents dans ce roman : Jean-Michel Leutier, élève au lycée Pierre-de-Fremat à Toulouse durant l'année 1953. Il est pensionnaire, originaire d’Algérie, de Aïn-Témouchent en Oranie, localité située entre Sidi Bel Abbès et Béni-Saf, d’où sa mère est native .Son père l’a...
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    Trois personnages sont présents dans ce roman : Jean-Michel Leutier, élève au lycée Pierre-de-Fremat à Toulouse durant l'année 1953. Il est pensionnaire, originaire d’Algérie, de Aïn-Témouchent en Oranie, localité située entre Sidi Bel Abbès et Béni-Saf, d’où sa mère est native .Son père l’a envoyé en France où il retrouve à Albi une de ses sœurs, institutrice .Il tombe amoureux d’une jeune Albigeoise, Rolande Jouli, sœur de Jaques, son meilleur ami de lycée.
    Le deuxième est Abane Ramdane, l’un des chefs historiques du FLN, qui a participé au déclenchement de l’insurrection de 1954, et a été emprisonné à plusieurs reprises dans différentes prisons en Algérie et en France, puis transféré à Albi en 1953.
    Le troisième personnage est le « petit curé », sobriquet donné par Jean-Michel Leutier à l’aumônier de son régiment où il accomplit son service militaire, comme officier, en 1957 dans la région de Zelemta .

    Tout le roman est articulé autour des récits respectifs de ces derniers, avec retours en arrière, mises en perspective et en abyme .Le grand intérêt du roman est d’illustrer le rôle de l’histoire dans la vie des individus , de présenter de nouvelles visions sur la représentation que les Français d’Algérie avaient des mouvements algériens de libération ; ce roman met aussi en évidence le manque d’intérêt des Français de métropole pour les départements français d’Algérie, terre lointaine : « L’Algérie, oui, c’était une partie rose sur la carte de l’outre-mer ;mais ce n’était que ça .Non, décidément, ce n’était pas l’Alsace et la Lorraine. »

    Ce qui est aussi mis en évidence, c’est l’ébranlement occasionné dans la conscience de ce jeune lycéen, dont la mère de sa fiancée accomplit des visites en prison .Il l’accompagne et y rencontre Abane Ramdane .Suit une série d’échanges et de conversations décisives sur les motivations d’Abane Ramdane, l’avenir des européens en Algérie, la force de conviction de ce dernier, immense .Après ces entretiens avec Abane, notre jeune lycéen en vient à douter : et si les copains arabes qui jouent au foot avec lui n’étaient plus loyaux ,mais complices des terroristes du FLN ? « Et voici que, pour la première fois, il se posait une question : pourquoi appeler le « Douar »cette cité Moulay Sidi Said ? Pourquoi n’avait-on pas baptisé leur équipe de foot les « Moulay »par exemple ? Les «Moulay » contre les « Château d’eau ? »Tous ces échanges contribuent à former chez Jean-Michel Leutier le syndrome d’Abane, que l’on peut faire équivaloir à un doute terrible sur le bien-fondé de ses propres prises de position sur l’Algérie, et sur le statut de ce pays.
    Il y a aussi dans ce roman la description des pouvoirs de la conscience de ce jeune officier en Algérie, en pleine guerre, qu’est devenu Jean-Michel Leutier , qui retrouve en 1957 Abane, en train de fuir vers le Maroc, et le laisse partir car il estime que sa capture n’inverserait pas le cours de l'histoire …

    Le petit curé qui récite l’absoute aux obsèques de Jean-Michel Leutier tué le 8 janvier 1961 au combat, se souvient des lectures du lieutenant, parmi lesquelles une citation du Mythe de Sysiphe d’Albert Camus : « L’instant du désespoir est unique, pur, sûr de lui-même, sans pitié dans les conséquences, son pouvoir est sans merci. »

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