Partie de sa niche éco-géographique africaine, l'espèce Homo sapiens a étendu son emprise sur l'ensemble de la planète au cours de son expansion, entraînant une perte de la biodiversité et la disparition d'autres espèces humaines, comme les Néandertaliens, avec lesquelles elle a parfois coexisté.
Comment notre espèce s'est-elle ainsi imposée ? Était-elle réellement plus avancée que les autres formes d'humanité qui ont évolué parallèlement à elle ? Cette leçon inaugurale tente de définir Homo sapiens, de l'évolution de ses traits morphologiques et physiques à ses capacités cognitives, en passant par la maîtrise de certaines technologies.
Jean-Jacques Hublin est paléoanthropologue, auteur de nombreux travaux sur l'évolution des Néandertaliens et sur les origines africaines des hommes modernes. Il a créé et dirigé le département Évolution de l'Homme à l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionnaire de Leipzig (Allemagne). Professeur invité sur la chaire internationale du Collège de France de 2014 à 2021, il y est désormais titulaire de la chaire Paléoanthropologie.
Leçon inaugurale (N° 307) au Collège de France prononcée le jeudi 13 janvier 2022
Un condensé passionnant très lisible (audible pour une conférence) apportant de multiples éclairages sur :
• Les « interactions inextricables entre le biologique et le culturel » dans l’évolution des Hominines en général et de façon « encore plus spectaculaire encore lorsqu’il s’agit de notre propre espèce, Homo Sapiens, qui est une espèce éminemment culturelle pp 9-10 ; Sapiens qui est la seule espèce humaine actuelle (p 11), avec un « succès reproductif sans précédent » => espèce invasive s’il en est (cf. les présentations des volumes de bio masse p 11) !
• les datations : avec le « grand remplacement » d’il « y a environ 50 000 ans (qui) a mis un terme à la diversification des Hominines et abouti à la prépondérance d’une espèce sur toutes les autres. » p 14 – et peu de trace génétique qui soit aujourd'hui détectable par des populations d'homo sapiens présente hors d'Afrique avant la période 55 000 et 47 000 pp 42-43
• l’origine et le berceau africain avec un focus sur les recherches menées notamment par Hublin sur le site de Jebel Ihoud au Maroc qui a mis en lumière une antériorité de 300 000 ans et donc que « l’émergence de notre espèce apparait donc comme un phénomène panafricain plutôt que localisée dans une région limitée du continent. » p 26
• durée du processus de remplacement : au moins 6000 ans entre la première arrivée des hommes modernes à Bacho Kiro et l’extinction des derniers néandertaliens dans l’Ouest de l’Europe p 47
• la présence limitée d’ADN néanderthalien : … « Les hommes de Bach Kiro portent entre 3 et 3,8% d'adn néandertalien. Cependant malgré un contact génétique très récent, leurs commandes hommes présentent déjà certains dès « désert d'adn néandertalien » qui caractérise notre génome.
• les capacités techniques à exploiter de nouveaux environnements et aussi les « les aptitudes sociales des formes récentes de notre espèce qui expliquent son succès démographique … Porté à tisser des liens sociaux de plus en plus complexes à différentes échelles Homo Sapiens a formé des groupes d’une grande cohésion et, … a établi des réseaux de solidarité de plus en plus étendus. C’est bien ce qu’exprime la richesse de l’art paléolithique, qui explose quelques millénaires seulement après l’arrivée de nos ancêtres africains en Europe. » pp 52-53
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