L’île est vilaine...
"Livres de chevet, livres fondateurs, livres vers lesquels la main et l’âme sans cesse reviennent, livres que ni les années, ni les lectures n’épuisent, livres d’une vie."
Chaque mois, un lecteur se dévoile et découvre un nouveau roman, ce mois-ci : "Inhumaines" de Philippe Claudel
La Revue de Presse littéraire de juin
En ouvrant cet ouvrage à la couverture assez mystérieuse et énigmatique, je ne m'attendais pas à découvrir un roman aussi sombre que captivant.
Alors que dans cette bourgade reculée de l'Empire le temps semble s'être arrêté depuis l'arrivée de l'hiver, le corps du curé est retrouvé sans vie dans une des rues du village... C'est alors que Nourio, un policier venu il y peu de la capitale va y voir l'occasion de briller en résolvant cette enquête. Pourtant, l'agent de police était loin de se douter que le meurtre de l'homme d'église serait une mèche qui mettrait en feu et en sang toute la communauté...
J'ai vraiment adoré la plume incisive mais tellement réaliste de Philippe Claudel que je découvre au travers de "Crépuscule". D'une enquête policière, nous nous plongeons finalement dans un formidable roman social à l'ambiance pesante que j'ai trouvé très intéressant.
Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cette histoire car celle-ci reste d'actualité alors que plus de deux siècles ont passé et qu'elle montre sans filtre la noirceur des hommes... Merci les Editions Stock et Netgalley France pour ce bon moment de lecture...
J’ai eu un peu de mal avec le Policier, atteint de priapisme, dont la femme subit les assauts nuits et jours.
J’ai aimé l’Adjoint, qui vit seul avec ses deux chiens, Mes Beaux, qui aime fendre du bois et compose de courts poèmes dont il ne se souvient pas.
J’ai aimé l’Imam qui tente d’apaiser les tensions et de rassurer sa communauté.
J’ai eu de la peine pour Lémia, la fille su Sabotier, que le Policier convoite. J’ai eu peur pour elle jusqu’à ce qu’elle rencontre l’Adjoint qu’elle surnomme le Bon Géant.
J’ai souri jaune à l’apparition dans le récit des jumeaux Kouechi, dont le nom, à une voyelle près, rappelle de mauvais souvenirs.
Un roman qui parle de notre société sur le déclin sous couvert de fiction.
Toutefois, j’ai fini le roman en diagonale à partir de la scène de chasse car le récit ne me passionnait plus. Mais j’ai aimé la fin du Policier.
L’image que je retiendrai :
Celle de la neige sur laquelle glisse les traineaux et des samovars pas toujours chauds.
https://alexmotamots.fr/crepuscule-philippe-claudel/
Dans un pays imaginaire quelque part en Europe centrale, dont on ne saura pas grand-chose, sinon qu’il y a un croissant sur sa bannière et qu’on appelle l’Empire à cent têtes et sent corps, un crime vient d’être commis : deux jeunes enfants ont retrouvé le curé du village assassiné, une blessure à la tête par une pierre à côté de son église.
Sont affectés à l’enquête (c’est très relatif) Nourio alias le Policier qui brille par son arrivisme et son adjoint Baraj, homme simple mais au grand cœur, sous la surveillance du Maire et d’autres édiles préoccupés essentiellement par leur statut social.
Evidemment, il faut trouver un coupable et qui est le suspect le plus plausible : l’Imam et la petite communauté musulmane…
Ce fut une lecture laborieuse, proche du pensum, car le roman dégouline de scènes, de fantasmes érotiques émanant du Policier : obsédé sexuel qui ne pense qu’à copuler, même si sa femme, enceinte régulièrement grâce à ses œuvres, ne semble pas consentante mais on atteint le paroxysme du dégoût avec la description de ses fantasmes pédophiles à l’égard de Lémia la petite fille qui a découvert le corps avec son frère. On a même droit aux détails anatomiques !
Sinon, on retrouve l’univers froid, les tempêtes, la neige, les habits un peu folkloriques parfois, les « âmes grises » comme les aime l’auteur… L’écriture est belle, il y a des réflexions intéressantes…
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Stock qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteur
#Crépuscule #NetGalleyFrance !
https://leslivresdeve.wordpress.com/2023/04/14/crepuscule-de-philippe-claudel/
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2023/03/crepuscule-de-philippe-claudel.html
COUP DE COEUR
Aux marches de l'Empire, "monstre à cent têtes et cent corps", dans une province perdue d'un grand pays du froid, vit une communauté constituée "d'êtres d'habitudes, d'ordinaire et de coutumes" à la Frontière "d'un pays dont la bannière se frappait d'un croissant d’or".
Un jour, le Curé est retrouvé mort, le crâne fracassé par une pierre. C'est une adolescente de treize ans, Lemia, et son jeune frère qui ont fait cette macabre découverte. Qui pouvait bien en vouloir au Curé dans ce lieu où chrétiens et musulmans vivent en bonne entente depuis toujours, même si les musulmans sont très minoritaires par rapport aux chrétiens, même si la petite communauté musulmane est très active alors que l'église est de plus en plus déserte ? Quelques jours après le meurtre la mosquée est profanée et des souillures sont peintes sur les maisons musulmanes...
Nourio, le Policier, et son Adjoint vont mener l'enquête. Nourio est ravi de cette affaire qui va le sortir de sa routine, il est décidé à " ne pas avancer trop vite", c'est un homme "empoisonné par ses élans sexuels", orgueilleux, vaniteux et surtout très carriériste, au point de préférer le concept de "vérité efficiente" à celle de "vérité effective". Il a l'idée d'accuser la communauté musulmane de la ville du meurtre du Curé, une "vérité" qui arrange tout le monde.
Ce nouveau roman de Philippe Claudel est un polar historique, un roman très noir, une sorte de conte. Il situe son intrigue dans un lieu et une époque indéterminés, même si on devine rapidement que l'histoire se déroule au début du 20ème siècle dans l'Europe de l'Est.
C'est l'histoire de la fabrication d'un mensonge derrière lequel une communauté va se ranger, soudée contre un ennemi commun, un bouc émissaire, l'histoire de l'instrumentalisation d'un meurtre pour que des communautés s'affrontent et que la communauté musulmane de plus en plus active disparaisse, l'histoire d'un engrenage mais c'est aussi l'histoire de la noirceur et de la bestialité tapies au fond de pratiquement chaque être humain de ce roman. Les personnages masculins sont tous dépeints comme des êtres plus affreux les uns que les autres, seuls sont épargnés les femmes, les enfants, l'Iman et l'Adjoint, un homme simple, doux et gentil. Avec les animaux, ces quelques personnages lumineux apportent un peu d'espoir dans ce roman très sombre.
Tout est réussi dans ce roman, la restitution du lieu, de l'atmosphère, du froid de l'hiver, l'incarnation des personnages dont les portraits physiques et psychologiques sont saisissants de réalisme. Le suspense est très bien entretenu, les éléments de la tragédie qui va se dérouler sous nos yeux sont habilement mis en place et les rôles sont clairement distribués. La narration très fluide rend la lecture complètement addictive.
Roman miroir de notre époque rempli de métaphores, ce roman politique dénonce la négation de certains crimes de masse et suscite de multiples questionnements. De la grande littérature avec une écriture très visuelle de toute beauté. Du grand art de la part d'un auteur qui reste au panthéon de mes auteurs préférés.
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