La Revue de Presse littéraire de juin
La Revue de Presse littéraire de juin
Chaque année révèle ses surprises et bien heureusement les pépites foisonnent !Un bon cru que celle-ci où les auteurs confirmés nous ont surpris, d'autres ont acquis leur notoriété en recevant de nombreux prix, certains sont carrément époustouflants par leur talent ou leur œuvre colossale. Prenez le temps de les lire, vous ne serez pas déçus !
C'est un livre paru depuis assez longtemps, d'un auteur français, Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014, pour qui je possède de nombreux ouvrages, et parmi eux, pour commencer « La Place de l'étoile », récompensé par le prix Roger Nimier et le prix Fénéon.
Une quatrième de couverture bien courte que je peux donc citer : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : "Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ?" le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. » C'est également l'épigraphe de mon ouvrage dans la collection Folio. Il comporte, en plus, après cette citation, que c'est une « Histoire juive. »
Quelques lignes qui en disent long.
Un auteur, Patrick Modiano, dont je vais rassembler tous les ouvrages que j'ai afin de pouvoir publier des critiques.
M. Patrick Modiano nous raconte dans « Une jeunesse » la rencontre de Louis et d’Odile, et les souvenirs de leur vingt ans, les hasards et les coïncidences qui ont mené à ce qu’ils sont devenus, un couple heureux avec deux enfants, qui vivent dans un chalet sur les pentes du Foraz.
Comme toujours chez M. Modiano, le livre est rempli d’énigmes, et chaque personnage possède un passé mystérieux qu’un voile recouvre, et qu’on va avec peine essayer de soulever, se demandant à chaque page tournée si cela en vaut la peine. Louis, après son service militaire, rencontre Brossier, et va le suivre à Paris, où il le mettra en relation avec Roland de Bejardy, qui lui procurera un emploi dans son garage, où il sera gardien puis coursier, toujours en charge de noter d’étranges messages. Odile, elle, essaye de devenir chanteuse, aidé par Georges Bellune, qui travaille pour une compagnie de disques. Ils finiront par se croiser, et vivront ensemble les évènements que l’auteur nous dévoile par petites touches, d’une écriture précise qui rend si bien la brume qui fatalement recouvre les souvenirs de nos plus jeunes années, ou d’un passé dont on ne veut pas toujours se souvenir.
Peut-être n’est-ce pas le premier ouvrage de M. Modiano que je recommande, mais il est intéressant dans la mesure où les démêlés d’Odile avec un certain Vietti aborde de front l’abject contrat qu’il lui impose, la payant contre des rapports sexuels. Il est rare que l’auteur soit aussi explicite, et l’on est heureux de voir qu’au final les deux amoureux parviennent à échapper à leur entourage peu recommandable, partant finalement pour Nice pour enfin commencer à vivre loin de leurs malheureuses fréquentations.
M. Patrick Modiano nous propose avec « Dora Bruder » une enquête, une investigation sur une disparition.
« PARIS. On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris. » Le livre s’ouvre sur cette petite annonce, et rapidement l’auteur nous invite à sa suite sur les traces de la jeune fugueuse, recomposant à sa manière le tragique destin de la jeune Dora Bruder. Car après les Tourelles, Drancy, ce sera finalement, le 18 septembre 1942, la déportation vers Auschwitz. Au-delà de ce poignant récit, l’intérêt du livre est aussi dans le parallèle qu’effectue l’auteur avec sa propre destinée. Toujours nous retrouvons dans les strates des époques qui se mêlent des semblants d’indices et de rencontres hasardeuses, qui lient mystérieusement M. Modiano à la jeune Dora. Et que dire de la peinture de Paris, à nouveau parfaitement réussie, par l’effet de superpositions des temps, où le Paris du père de l’auteur, celui de 41-42, à l’époque de Dora Bruder, se retrouve dans celui de la jeunesse de l’écrivain, et dont les échos piégés dans une brume nostalgique subsiste jusqu’à l’époque de la rédaction du livre.
Recomposition magistrale où l’imagination de l’auteur tente de combler les lacunes de ces rapports qu’on a fait disparaître, pour éviter l’oubli. Et où l’on croise de multiples personnages marquants, qui passent fugacement, comme Friedo Lampe, un écrivain allemand, dont Modiano se rappelle l’impression qu’avait provoqué en lui la découverte de son ouvrage « Au bord de la nuit ». Avant même de le lire, il avait déjà senti le ton et l’atmosphère, comme « des fenêtres éclairées dont vous ne pouvez pas détacher le regard ». La petite musique modianesque est bien là, mais plus que jamais dans ce livre plane l’ombre de la grande Histoire, qui rend cette quête inachevée inoubliable.
Portrait magnétique et kaléidoscopique d’une dénommée Jacqueline Delanque, une jeune femme un peu paumée, à la dérive, fugueuse depuis l’enfance. A la recherche d’un sens à la vie, elle est dans une fuite perpétuelle.
« Je n’étais vraiment moi-même qu’à l’instant où je m’enfuyais. »
Elle trouve refuge au Condé, un café où se retrouvent des habitués au style bohême du quartier latin des années 60. Ils l’ont surnommé Louki.
Sur ses traces, à la poursuite des souvenirs, 3 d’entre eux (un étudiant, un enquêteur et un amant) seront narrateurs et Louki sera narratrice de sa propre vie, soit 4 voix pour ce roman en ligne de fuite vers un horizon perdu dans les rues parisiennes en pente sur lesquelles les vies glissent sans toutefois pouvoir les remonter jusqu’à la chute.
Patrick Modiano excelle ici à faire resurgir ses propres fantômes qui sont, in fine, aussi les nôtres, accrochés à quelques points de repère du passé, quelques bribes confuses sur une échelle du temps où on ne situe plus nettement les dates ou les saisons mais juste des températures, une couleur du ciel à ce moment-là du souvenir.
J’ai beaucoup aimé me promener dans la mémoire brisée de cette génération perdue dans un Paris disparu.
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