Aujourd'hui, les explorateurs de la BD reviennent !
Aujourd'hui, les explorateurs de la BD reviennent !
Un formidable roman graphique, historique et poignant, qui restitue l’atmosphère et les enjeux du procès de Bobigny en 1972 ; Gisèle HALIMI y assure la défense d’une toute jeune fille, Marie-Claire CHEVALLIER, ayant avorté à la suite d’un viol avec la complicité de sa mère elle aussi accusée.
Une plongée vertigineuse dans une époque pas si lointaine ou avorter signifiait se mettre hors la loi et donc être passible de poursuites pénales.
Le texte est clair, pas un mot de trop, pas de simplification non plus, il est centré sur le procès lui-même avec des retours en arrière qui viennent éclairer les propos et témoignages. Défilent des anonymes ou des femmes célèbres qui assument haut et fort le fait d’avoir avorté.
Gisèle HALIMI fait aussi le procès de l’injustice sociale. En effet, le Manifeste des 343, pétition signée par des célébrités en avril 1971 n’a abouti à aucune mise en examen. Sur le banc des accusés ne sont mises en cause que des femmes de milieu modeste ayant recouru à un avortement clandestin des plus risqués !
J’ai été très admirative du graphisme qui est superbe : la noirceur de la salle d’audience, la silhouette diaphane de Claire au tribunal et après le viol, le vertige du Président du Tribunal face à sa conscience. Une vraie réussite, palette de couleurs, de visages tour à tour anéantis, en colère puis déterminés.
Ce procès historique aboutira le 26 novembre 1974 à la légalisation de l’avortement.
Je terminerai par les mots de Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
C’est la raison pour laquelle le droit à l’avortement a été récemment inscrit dans la constitution en France, le 4 mars 2024, pour ne permettre aucun retour en arrière.
Janvier 1972, à la suite d’une course poursuite nocturne avec une voiture de police, Daniel est arrêté. Accusé de vol de voiture et de refus d’obtempérer, celui qui est encore mineur propose aux forces de l’ordre de négocier. Il connaît une jeune fille qui...
Six mois plus tôt, Marie-Claire est invitée par un copain de lycée à venir chez lui pour une soirée entre amis. C’est en arrivant chez lui, et constatant qu’ils sont seuls, que le piège se referme sur Marie-Claire. Elle est violée par Daniel. La jeune fille de 15 ans ne dit rien en rentrant chez elle.
Trois semaines plus tard, Marie Claire réalise qu’elle est enceinte. Sa décision est prise, elle veut avorter. Michèle sa maman va donc faire son possible pour l’aider. Il va sans dire que Madame Chevalier élevant seule ses trois filles, l’avortement se fera de façon clandestine. Les deux femmes n’ont pas la possibilité de se rendre dans une clinique en Suisse, comme font certaines femmes issues de classes sociales plus favorisées.
Ce tragique évènement dans la vie de cette jeune femme aurait dû rester secret si un violeur ne l’avait pas dénoncée pour obtenir une réduction de peine. En 1972 en France, un avortement est puni d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de 1 800 à 100 000 F.
C’est ainsi que Marie-Claire Chevalier, sa mère Michèle ainsi que deux autres femmes vont se retrouver, sur le banc des accusées pour avoir subi, aidé à ou provoqué une interruption volontaire de grossesse. Lors de ce Procès de Bobigny, ces quatre femmes, défendues par Me Gisèle Halimi, seront également soutenues par l’association Choisir qui milite pour abroger l’article 317 du code pénal, pour promouvoir la contraception et l’éducation sexuelle et enfin pour laisser aux femmes le choix de faire ce qu’elles veulent de leur corps.
Actuellement, alors que dans certains pays, les droits des femmes sont remis en cause, cet album Bobigny 1972 est là pour nous rappeler qu’il ne faut, à aucun moment, cesser d’être vigilantes.
Cet album fort et instructif, signé Carole Maurel et Marie Bardiaux-Vaïente, est édité chez Glénat.
Qui se souvient de Michèle Chevalier, réveillée à 6h du matin par la police en ce mois de janvier 1972 ? Qui se souvient de sa fille, Marie-Claire, 17 ans, séparée de sa mère au commissariat de police, accusée d'avoir avorté ? Te rappeles-tu du procès de Bobigny qui débuta en octobre 1972 et qui sera décisif dans la future législation pour le droit à l'avortement ?
Dans "Bobigny 1972" Marie Bardiaux-Vaïente relate ces évènements. En partant de Mme Chevalier et de sa fille, elle déroule le fil de l'injustice. On y croise les figures de ces moments historiques: Gisèle Halimi, Delphine Seyrig, Simone de Beauvoir... et on comprend mieux qu'au-delà du souvenir, c'est aussi du présent et du futur que parle cet album. De ce qu'il faut préserver, défendre, de la vigilance qu'il faut maintenir....
C'est facile à dire une fois que c'est fait mais Carole Maurel était la personne idoine pour accompagner graphiquement ce récit. J'ai déjà dit tout le bien que je pense de son travail. L'humanité de ses personnages, les émotions, les ambiances collent parfaitement au contexte des années 70 et à la puissance des évènements relatés. Bravo, encore une fois !
Cet album est un nouveau coup de cœur de cette rentrée d'hiver. Il véhicule une mémoire indispensable, il est un lien avec les nouvelles générations tout en dégageant une force graphique à la hauteur de l'enjeu. Merci Mesdames !
Beaucoup parlent d'amour fou, mais j'ai plus ressenti de la folie enamourée... L'album est très beau, le récit parfait, mais j'ai été perturbé tout du long par cette folie, et surtout révolté par la conclusion au regard du petit bout de chou.
Ayant vu le film auparavant, c'est vraiment l'histoire qui est en cause et n'a pas pris avec moi. Je n'ai aucune envie de lire le roman, sans dénigrer ses probables qualités.
Il y a parfois des rencontres qui ne s'opèrent pas.
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