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D’abord, un très bel objet éditorial, illustré d’images vectorielles, relié en cahiers, fait pour durer, comme son texte, et pourtant, il y a de cela quelques années, je dois avouer que nous avions essayé de l’aborder dans une version en prose, et que nous avions renoncé.
Cette fois, la forme poétique adoptée, comme dans la version originale, restitue toute sa force à l’ouvrage et en rend l’accès plus aisé.
Dans l’Evangile de Jean, il est écrit : et Dieu créa la parole. La parole précède l’écrit, et la poésie est avant tout art de l’oralité, comme le suggèrent les métriques, et lorsqu’ on lit la Bhagavad-Gita, on ne peut qu’être frappé par l’analogie qui existe entre ces textes et les psaumes de la Bible, textes également à vocation orale, les mots ayant depuis la nuit des temps une portée magique, le mot magique devant être pris au sens de pouvoir comme dans magush le mot persan d’origine.
Le texte en vers impressionne par sa fluidité, sa simplicité et sa beauté. Les redites qu’on y trouve ne sont que les différentes voies d’accès à la sagesse que Krishna souhaite proposer à ses fidèles, car, dans son esprit compassionnel, même les plus modestes doivent pouvoir comprendre son enseignement. Livre sacré de l’hindouisme, la Bhagavad-Gita présente d’autres analogies avec la Bible. Ainsi le dieu suprême Krishna, qui est un avatar de Vishnou, est aussi, à l’instar de Jésus, un médiateur avec le divin, puisqu’il a participé aux côtés de son interlocuteur Arjuna à la grande bataille de Kurukshetra. Mais au-delà de ces ressemblances, la Bhagavad s’inscrit profondément dans la culture indienne. Gandhi, qui s’en est inspiré toute sa vie, l’explique très bien dans la postface. Krishna par exemple, appartient au clan Rishi, et il est dit dans le texte que toute personne renaîtra dans sa communauté, ce qui explique sans doute la puissance encore actuelle des castes.
Livre de sagesse donc et de tolérance. Une fois encore, en tant qu’occidental, la croyance en la métempsychose - c’est-à-dire en la migration des âmes après la mort- nous étonne et nous fascine. Ne devrait-on pas dans ces conditions se souvenir de toutes nos vies antérieures ?
Ce serait tellement extraordinaire et pratique pour réécrire l’Histoire !
Mais Krishna en a décidé autrement, car, en tant qu’être suprême, il a le privilège d’être le seul à se souvenir de toutes ses vies depuis l’aube des temps…
L’amour et la poésie célébrés en ces temps lointains et guerriers par une femme libre. Voilà Sapphô. Nous ne prenons pas aujourd’hui la mesure de son défi. Les écrits de Sapphô ont été traqués, comme ont été martelés les noms d’Akhenaton et d’Hatchepsout. Trop sulfureux, trop inconvenants, trop décalés, trop doux en ces temps pré chrétiens où les Dieux eux-mêmes étaient dans le camp des hommes. Lorsque l’on ouvre le merveilleux petit recueil que nous proposent une fois de plus les éditions Synchronique, soucieuses de faire revivre des textes essentiels, ne trouve-t-on pas derrière les mots épars, sauvés d’une impitoyable censure, des sentiments, des émotions d’aujourd’hui ? Et lorsque nous regardons le portrait de Sapphô retrouvé à Pompéï, si belle, si fine, son calame à la main, ne pourrait-on pas aisément tomber amoureux d’elle, vingt-six siècles plus tard ?
Les vers isolés de notre poétesse, retrouvés parfois récemment au fil des découvertes archéologiques sur des papyrus, sont comme les pierres des temples oubliés dans le sable. A nous d’imaginer leur grandeur perdue. Peut-être un jour, dans les rouleaux brûlés d’Herculanum, découvrirons-nous par miracle les œuvres complètes de Sapphô ? Ce serait une victoire sur tous ceux qui ont voulu nous la faire oublier.
Le grand helléniste Jacques Lacarrière, lorsqu’il était étudiant, avait accroché dans sa chambre cette citation de Sapphô :
« Pour certains, la plus belle des choses, c’est une troupe de cavaliers ; pour d’autres un défilé de fantassins ; pour d’autres enfin, une escadre en mer. Mais pour moi, c’est de voir quelqu’un se mettre à aimer quelqu’un. »
Sapphô n’ignorait pas qu’elle dérangeait. Mais elle savait aussi que son talent anachronique franchirait le temps et qu’elle vivrait encore longtemps à travers cette tendresse si nécessaire pour nous tous qui l’avons suivi au fil du temps.
« Oui, je sais que plus tard, quelqu'un se souviendra de moi. »
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