On les a tous lus , et on s’en souvient. Ou alors on ne les a pas lus, ces livres fondateurs de l’inconscient collectif des trentenaires et quarantenaires, mais ça nous dit quelque chose quand même.
On les a tous lus , et on s’en souvient. Ou alors on ne les a pas lus, ces livres fondateurs de l’inconscient collectif des trentenaires et quarantenaires, mais ça nous dit quelque chose quand même.
Ouragans, tsunamis, inondations, éruptions : les éléments déchaînés inspirent les auteurs français. Sans remonter jusqu’aux grands classiques (« L’Inondation », nouvelle de Zola ou « La Peste » de Camus), chaque rentrée littéraire, ou presque, livre « son roman de catastrophe ».
L’aveu est difficile : comment un écrivain peut-il avouer n’avoir pas aimé lire ? Agnès Desarthe décide de dévoiler son secret d’enfance, dans une longue promenade à travers la lecture quand elle nous permet de savoir mieux qui l’on est. Ceux que les mystères de l’écriture et l’univers des écrivains fascinent ont trouvé leur Graal.
Quand tant de plumes habiles s’abîment parfois dans les affres de l’autofiction, Salim Bachi aime plutôt se glisser dans la peau de ses personnages, ou plutôt des personnalités, réelles ou fictives, qu’il met en scène dans ses ouvrages. Déjà, dans « Le Chien d’Ulysse », paru en 2001 et qui lui valut le Goncourt du premier roman, l’écrivain né à Alger en 1971 imaginait l’odyssée impossible d’un Ulysse oranais dans une Algérie fantasmée...
Bien sur, on est tenté de comparer ce que Camus décrit avec la situation actuelle.
Mais au-delà de l'histoire d'une épidémie et de ses ravages, Albert Camus nous fait réfléchir sur des thèmes universels. Que deviennent les hommes lorsqu'ils ont peur ? De quoi sont-ils capables lorsqu'ils sont en danger ? De quelles haines ou de quels élans généreux ?
La Peste, c'est l'Humanité mise à nue par un écrivain extraordinaire.
J'ai étudié ce livre lorsque j'étais en Première (pour le BAC L) et il m'a totalement bouleversé. Je suis actuellement en Khâgne Littéraire, et il fait toujours partie de ces ouvrages qui nous prennent aux tripes et qui nous marquent.
Je me rappelle évidement de cet incipit célèbrissime « Aujourd'hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » mais surtout du procès du narrateur, Meursault, où le juge lui balance sans humanité « j'accuse cet homme d'avoir enterré sa mère avec un cœur de criminel » alors que ce n'est pas le sujet du procès, et qui plus est, est totalement partial.
Le style d'écriture un peu froid de prime abord, le narrateur parfois sordide, qui tue « à cause du soleil », qui agit comme si la mort de sa mère lui passait presque au-dessus, et qui nous décontenance... Ce livre est tout bonnement un classique, un chef d’œuvre qui se lit plus que rapidement. Qui se lit, et se relit !
C’était évidemment LE livre à lire ou relire en cette année 2020.
Mais au-delà de l’opportunisme de circonstance, ce classique réserve au lecteur deux excellentes surprises.
En premier lieu, la redécouverte d’une écriture résolument moderne qui n’a pas pris une ride depuis 1947.
Le ton neutre et un détachement critique font de ce récit une chronique presque journalistique des événements d’Oran (Camus s’est inspiré de petites épidémies de peste qui ont eu effectivement lieu à Oran et Alger dans les années 40).
Et puis, il y a bien sûr le sujet.
L’auteur lui-même ne s’est pas caché d’une certaine analogie avec la peste brune apportée par les nazis, même s’il entend bien dépasser cette allégorie pour dépeindre la condition humaine face à l’épidémie qui met chaque homme devant responsabilités à l’heure des choix.
Mais aujourd’hui, le récit entre en résonance parfaite avec le confinement que nous vivons.
Et cela d’autant plus si l’on veut bien se rappeler quelques dérives de l’Histoire : les délations pour dénoncer son voisin, les laissez-passer et les couvre-feu, les patrouilles, ...
Même si les causes de la peste brune (d’origine bien humaine celle-là) et celles de la pandémie actuelle sont fondamentalement différentes.
[...] Pendant quelques jours on compta une dizaine de morts seulement. Puis tout d’un coup, elle remonta en flèche. Le jour où le chiffre des morts atteignit de nouveau la trentaine, Bernard Rieux regardait la dépêche officielle que le préfet lui avait tendue en disant : « Ils ont eu peur. » La dépêche portait : « Déclarez l’état de peste. Fermez la ville. »
[...] Les journaux publièrent des décrets qui renouvelaient l’interdiction de sortir et menaçaient de peines de prison les contrevenants. Des patrouilles parcoururent la ville.
[...] La plupart étaient surtout sensibles à ce qui dérangeait leurs habitudes ou atteignait leurs intérêts. Ils en étaient agacés ou irrités et ce ne sont pas là des sentiments qu’on puisse opposer à la peste. Leur première réaction, par exemple, fut d’incriminer l’administration.
Autant de bonnes raisons de relire ce classique malheureusement pas démodé.
Pour celles et ceux qui aiment les grands classiques.
Un roman mais finalement une autobiographie d'Albert Camus qui, en se cachant sous le nom de Jacques Cormery, revient sur ses souvenirs d'enfance, de sa naissance à ses années de lycée en revenant sur les traces de son père, sur sa famille, avec un passage où il rend visite à sa mère et dans les lieux où il a vécu enfant afin d'en savoir un peu plus sur ce père qu'il n'a jamais connu puisqu'il est décédé un an après sa naissance, dès le début de la première guerre mondiale.
C'est un récit inachevé, publié par sa fille, Catherine (prénom de la mère d'Albert Camus) en 1994, une ébauche, le brouillon d'une trilogie inspirée par son parcours et que l'on pourrait presque prendre pour une sorte de testament quand on sait qu'il a été retrouvé sur les lieux de l'accident. C'est un document très intéressant sur le travail de l'écrivain pour revenir sur son passé, sur ce qui l'a construit pour comprendre l' homme qu'il est devenu. Il va se rendre sur la tombe de son père à Saint-Brieuc, espérant ressentir, grâce à cette proximité, un lien comme un fantôme, puis chercher auprès de sa mère malentendante, sans culture et effacée quelques informations sur ce père inconnu, dont on ne parlait pas quand il était enfant. Alors il revient sur ses jeunes années, dans le petit appartement où il vivait sous la coupe de sa grand-mère maternelle qui est l'autorité dans le foyer constitué de sa mère, son frère aîné et son oncle.
Albert Camus se cherche, veut comprendre comment on devient homme à travers l'enfant que l'on a été, élevé dans un milieu très pauvre, sans image masculine autre que celles de son oncle et l'influence décisive que son instituteur, Monsieur Germain, a eu sur lui et dont la lettre qu'Albert Camus lui adresse, au lendemain du Prix Nobel de Littérature qu'il a reçu, ainsi que la réponse de celui-ci.
L'auteure fouille dans sa mémoire, cherche tous les détails, corrige, rajoute, explique et l'ensemble donne parfois un sentiment de répétitions, de longueurs mais il faut garder en mémoire qu'il s'agit d'un premier jet, comportant déjà des annotations de rajouts ou de développements et de construction du récit.
J'ai particulièrement aimé ce travail de l'auteur sur l'élaboration de son récit, sur la nostalgie d'un pays (l'Algérie), de la tendresse omniprésente qu'il porte à sa mère, fragile, courageuse, silencieuse, le respect (et parfois la crainte) ressenti face à une grand-mère despotique et surtout comment grâce à ses études il a pu devenir un homme :
"Seule l'école donnait à Jacques et Pierre ces joies. Et sans doute ce qu'ils aimaient si passionnément en elle (l'école) c'est ce qu'ils ne trouvaient pas chez eux, où la pauvreté et l'ignorance rendaient la vie plus dure, plus morne, comme refermée sur elle-même ; la misère est une forteresse sans pont-levis. (p163)"
"On retrouve les questionnements de l'homme, sur son identité, mais aussi sur l'Algérie, les rapports entre français et algériens, leur cohabitation et sur la guerre qui l'a privé de son père
Et plus rien ne restait, ni en elle ni dans cette maison, de cet homme dévoré par un feu universel et dont il ne restait qu'un souvenir impalpable comme les cendres d'une aile de papillon brûlée dans un incendie de forêt. (p85)"
mais aussi sur ce qui fut ses grands thèmes : la paix, la violence, l'ignorance, l'humanisme :
"Et il connut ainsi que la guerre n'est pas bonne, puisque vaincre un homme est aussi amer que d'en être vaincu. (p173)"
Alors, même si je n'ai pas eu le même ressenti et engouement que pour La peste lu il y a très longtemps (à l'époque je n'avais pas encore de blog) ou L'Etranger, deux romans forts et puissants, on retrouve ici ce qui a été les fondements du philosophe humaniste qu'il est devenu et j'ai ressenti parfois les idées jetées sur le papier, la recherche du mot juste, précis mais aussi de très longues phrases, la façon dont il creuse en lui pour retrouver les sensations du gamin qu'il était, ne rien oublié de l'enfant passionné de foot mais aussi très tôt avide de lectures et de savoir.
J'ai lu il y a deux ans une adaptation en bande dessinée de Jacques Fernandez que j'avais beaucoup aimée et qui m'avais poussée à me procurer l'œuvre originale et je ne le regrette pas surtout quand, comme moi, on s'intéresse à l'élaboration d'un roman et du parcours suivi par un enfant pour devenir l'écrivain(e) qu'il (elle) est devenu(e) et de ce qui a nourri sa plume.
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