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Un bon musulman

Couverture du livre « Un bon musulman » de Tahmima Anam aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782330002305
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Un bon musulman s'ouvre sur une évocation de la fin de la guerre de 1971 et la libération du Bangladesh. Une fois la fièvre de la révolution retombée, tous les habitants de ce pays qui vient de naître sont confrontés aux défis de la paix.
Comme celui de bien d'autres, le destin de la famille de... Voir plus

Un bon musulman s'ouvre sur une évocation de la fin de la guerre de 1971 et la libération du Bangladesh. Une fois la fièvre de la révolution retombée, tous les habitants de ce pays qui vient de naître sont confrontés aux défis de la paix.
Comme celui de bien d'autres, le destin de la famille de Rehana Haque va se trouver radicalement modifié. On le découvre à travers le parcours de Maya et Sohail Haque, les deux enfants de Rehana.
Tandis que Maya, jeune médecin, très engagée auprès des femmes, s'emploie à les aider à conquérir leur liberté, son frère Sohail, profondément affecté par le souvenir de la guerre et par des événements traumatisants sur lesquels le voile n'est levé qu'à la fin du roman, se réfugie progressivement dans la religion musulmane dont il adopte les positions les plus intolérantes et les plus sectaires, au point de se détourner progressivement de sa soeur comme de sa mère - et, plus tard, de son propre fils.
Très perturbée par la transformation de son frère auquel elle était très liée avant la guerre, Maya décide de s'exiler et quitte la maison de son enfance. Elle parcourt le pays et s'installe à Rajshahi, où elle ouvre un dispensaire après avoir travaillé dans divers hôpitaux universitaires.
Loin de s'ouvrir davantage au monde après son mariage avec Silvi - avec laquelle il aura un fils -, Sohail se retranche toujours plus dans la religion jusqu'à adhérer bientôt, avec sa femme, à la secte islamique Tabligui Jamaat - la congrégation de l'islam -, décision qui signe la rupture avec sa mère. De son côté, Silvi, l'épouse de Sohail, organise régulièrement des réunions de femmes afin de leur enseigner les différentes conditions à remplir pour être une bonne Musulmane et entretenir le rapport qui convient à Dieu, à la moralité, au monde masculin et au sexe, au voile, ainsi que la vie du prophète et de ses femmes, et la manière d'élever les enfants. Quant à Sohail, c'est à la mosquée qu'il dispense ses enseignements auprès de son propre groupe d'adeptes, qui, devenus prosélytes, y entraînent leurs fils et leurs connaissances afin qu'ils puissent bénéficier des leçons de celui qui est désormais considéré comme un saint homme.
C'est en apprenant le décès de Silvi, qui succombe à la maladie qui l'a frappée, que Maya, après sept ans d'absence, prend la décision de rentrer chez elle. Très vite, elle s'attache au petit Zaid, le fils de Sohail, découvre qu'il n'est pas scolarisé et s'efforce de lui apprendre l'alphabet. Hélas, toutes ses tentatives pour faire inscrire Zaid à l'école resteront sans effet. Sohail fait le choix d'envoyer Zaid dans une madrasa, sur une île lointaine. Bouleversée, Maya se sent obligée d'agir : après avoir réussi à identifier la madrasa où son neveu a été envoyé, elle entreprend le voyage pour tenter de le récupérer.
Maya et Sohail incarnent ici deux conceptions du monde : à la modernité émancipatrice de la jeune femme s'oppose l'obscurantisme militant de Sohail et de ses adeptes. Mais tout l'art de Tahmima Anam réside dans la manière dont, par petites touches impressionnistes, elle parvient à rendre sensible cette confrontation en la nourrissant de ce qui fait la vie de toute famille dans ses contradictions, ses affects passionnés ou ses non-dits fondateurs.

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  • La guerre de libération bangladaise s’achève fin 1971, transformant le Pakistan oriental en un nouvel état indépendant, le Bangladesh, au prix du massacre de millions de civils, de centaines de milliers de viols et du déplacement d’une foule de réfugiés. Tandis que Maya Hague s’investit avec...
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    La guerre de libération bangladaise s’achève fin 1971, transformant le Pakistan oriental en un nouvel état indépendant, le Bangladesh, au prix du massacre de millions de civils, de centaines de milliers de viols et du déplacement d’une foule de réfugiés. Tandis que Maya Hague s’investit avec énergie dans son métier de médecin au service des femmes, son frère Sohail tente d’oublier son trauma dans la religion, adoptant une pratique de plus en plus intransigeante et sectaire de l’islam qui le fait se détourner de sa famille et négliger son jeune fils. Lorsque l’enfant se retrouve en danger, Maya se décide à intervenir, précipitant une tragédie depuis longtemps annoncée...

    Dans cet après-guerre aux décombres encore fumants, où chacun compte ses morts et mesure le poids de ses traumatismes - en particulier toutes ces femmes violées, et désormais ostracisées, dont personne ne veut les bébés de la honte –, la population hagarde voit, avec une déception amère, se mettre en place un régime dictatorial prêt à pactiser avec les collaborateurs et les criminels de guerre. Si Maya poursuit le combat à sa manière, luttant pour les droits et la liberté des femmes, militant ardemment pour la justice et la sauvegarde de ses idéaux, Sohail se retire peu à peu du monde réel. De plus en plus barricadé dans un refuge de principes rigides et mortifères qui finissent par l’exonérer de tout sentiment et le dépouiller de la moindre parcelle d’humanité, il se métamorphose bientôt en fondamentaliste intolérant, prêt à tout sacrifier à sa doctrine, y compris sa famille.

    A travers Sohail et Maya se dessinent tous les possibles de ce nouveau pays tiraillé entre avenir et tradition, à une période charnière et fragile où tout peut basculer au gré d’un coup d’état et de la prise de pouvoir d’un nouveau dirigeant. Dans les campagnes en particulier, l’ignorance et la superstition y conduisent à des situations dramatiques et choquantes, où toujours les femmes se retrouvent en droite ligne d’une vindicte violente et meurtrière, tant elles demeurent le réceptacle de toutes les craintes et de toutes les hontes. Si Maya représente l’espoir et le progrès, Sohail rappelle la menace, ô combien d’actualité, de l’obscurantisme et de l’intégrisme religieux qui, dans un insidieux mais imparable processus, peuvent s’emparer d’une société meurtrie, en perte de repères.

    Combat entre ombre et lumière, entre progrès et obscurantisme, ce récit foisonnant et traversé d’un puissant souffle romanesque est aussi une plongée dépaysante et passionnante dans un pan de l’histoire bangladaise, peu explorée en littérature.

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